Mona HATOUM – « Live action with Doctor Martens boots, performed for « Roadworks », Brixton Art Gallery, London – Vidéo, 6'45'', 1985
Mona HATOUM – « Live action with Doctor Martens boots, performed for « Roadworks », Brixton Art Gallery, London – Vidéo, 6'45'', 1985 – Avec l'aimable autorisation de l'artiste et de White Cube, Londres (GB)
Cette captation vidéo a été réalisée dans le cadre d'une série de performances menées par Mona Hatoum, en 1985, dans les rues de Brixton, un quartier ouvrier à prédominance noire, situé dans la banlieue de Londres. Il s'agit ici d'une des deux performances liées à une action organisée par un autre artiste, Stefan Szczelkun, et à l'invitation de la Brixton Art Gallery, intitulée «Roadworks», dont le but était l'intervention artistique face à un public qui n'est pas celui des musées et des galeries, mais celui de la rue. Ici, elle marche pieds nus sur le trottoir, à travers le marché et les arcades de Brixton, durant une heure. Les lacets de chaussures Doc Martens, à l'époque portées par la police, mais aussi les skinheads et les punks, attachés à ses chevilles, entravent sa marche, qui se fait lente et pénible. En exposant ainsi la fragilité de ses pieds nus contre la rudesse de la rue et les lourdes bottes qu'elle traîne méticuleusement derrière elle, comme un fardeau, elle pointe la violence de l'ordre social ( le quartier de Brixton était à l'époque le théâtre de violences et d'émeutes durement réprimées) mais aussi, peut-être, la difficulté en même temps que la pression à se soumettre à toute forme d' « intégration », les questions d'enracinement et de déracinement ( En 1975, Mona Hatoum vient à Londres pour un bref séjour et ne pourra pas rentrer chez elle, où la guerre vient d'éclater. Cet exil forcé et la séparation brutale avec sa famille restée à Beyrouth deviendront les thèmes de ses vidéos et de ses œuvres, au travers desquelles elle tentera de « restituer », ou plutôt de « reconstruire », un passé qui semble la hanter.)
Mona Hatoum est une artiste d'origine palestinienne, née à Beyrouth, au Liban, en 1952. En 1975, elle est contrainte à l'exil à Londres. Elle étudit à la Byam Shaw School of Art et la Slade School of Art. Marquée par les événements qui ont conduit le peuple palestinien à l'exil et à la lutte pour l'affirmation d'une identité nationale, Mona Hatoum oriente très tôt son oeuvre vers un engagement politique. Les performances qu'elle réalise au cours des années 80 sont empreintes d'un caractère contestataire et d'un esprit de résistance. Elle se tourne ensuite vers la vidéo, l'installation et la photographie. Elle aborde des problématiques liées au corps, à la construction du langage et aux conditions de l’exil. Son travail traite de l'expérience du déplacement, de la désorientation, de la reconstruction de l'identité.À partir du début des années 1990, son oeuvre évolue vers des installations de vastes dimensions. Les plus grands musées ou centres d’art du monde lui consacrent des expositions individuelles : Centre Pompidou, Paris (1994 et 2015), Museum of Contemporary Art, Chicago (1997), New Museum of Contemporary Art, New York (1998), Castello di Rivoli, Turin (1999), Tate Britain, Londres (2000), Hamburger Kunsthalle, Hambourg, Kunstmuseum, Bonn, Magasin 3, Stockholm (2004), Museum of Contemporary Art, Sydney (2005). L’artiste participe également à de nombreuses manifestations collectives : prix Turner, Londres (1995), Biennale de Venise (1995 et 2005), Documenta 11, Cassel (2002) et Biennale de Sydney (2006).
En 2004, Mona Hatoum reçoit le prestigieux prix Sonning pour sa contribution majeure à la culture européenne, ainsi que le prix Roswitha Haftmann. En 2008, elle reçoit le Prix Schock, récompense de la Royal Swedish Academy of Fine Arts ainsi que le Ismail Shammout Prize de la Qattan Foundation de Ramallah. La fondation Querini Stampalia lui consacre une exposition personnelle, dans le cadre de la Biennale de Venise de 2009, et en 2011, elle obtient le Prix international d'art contemporain Joan Miro.
Un remerciement particulier et toute ma gratitude à Mona Hatoum et à son studio pour nous avoir offert la possibilité d'utiliser une magnifique image de "Roadworks" pour tous les outils de communication de l'exposition.