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1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 00:01

La Galerie des Galeries Lafayette est un endroit atypique. Espace d'art contemporain à l'étage du prêt-à-porter de luxe, juste à côté de Vuitton, et en face du corner Céline, on peut, pense-t-on, faire une halte non commerciale au pays de l'art contemporain, oubliant un instant que celui-ci devient- est- un marché comme un autre. Chaque année, Guillaume Houzé, heureux petit fils de Ginette Moulin, principale actionnaire des Galeries Lafayette, et collectionneur qu'on dit passionné, y expose ses acquisitions dans le cadre de "Antidote". Le reste du temps, deux ou trois fois par an, une exposition temporaire s'installe à la Galerie des Galeries.

wenzel.jpgVoici donc "Into the woods", commissarié par Daria de Beauvais, par ailleurs curatrice au Palais de Tokyo, invite, promenade sylvestre censément mystérieuse et envoûtante.

Repérées, la toile de Iris van Dongen, jeune artiste néerlandaise vivant à Berlin, à l'ambiance 19ème très préraphaélite, et surtout l'oeuvre de Anne Wenzel (photo), artiste allemande vivant à Rotterdam, dont j'aurai rêvé d'avoir une oeuvre pour ma future expo "seules les pierres sont innocentes"...et dont le travail de céramique m'a interpelée voici déjà un petit moment...

 

"Into the woods"- Galerie des Galeries Lafayette - Bld Haussmann - Jusqu'au 17 mars 2012

 

Chaque semaine, dans Paris, des dizaines de vernissages, d'artistes qui exposent dans des galeries du Marais ou de Saint Germain, essayant de capter pour un temps vers eux la lumière -des médias, des critiques, des amateurs qui bloguent, etc...-. Il faut bien avouer que dans cette offre pléthorique et exponentielle, beaucoup d'expositions, dans laquelle les artistes se seront indéniablement investis, s'ouvriront et se fermeront dans l'anonymat.

Black-20Coke-20in-20Fall-20bd-e809782b.jpgArnaud Cohen, qui présente actuellement "Ruins of now, une archéologie du contemporain" à la toute récente Galerie Laure Roynette, aura su triompher de cette indifférence, et les papiers sur le Net s'enchaînent...Il le mérite, car, au-delà de la bonne communication de type "viral" autour de son exposition, le travail ne manque pas d'intérêt et se développe en rhizomes sémantiques vers la transhistoricité, celle de l'Histoire mais aussi celle de l'Histoire de l'Art, les questions de la fiction, des "structures permanentes" du mythe, comme dirait Levi-Strauss, et des mythologies contemporaines et postmodernes, qui doivent toujours beaucoup, comme aux temps les plus anciens, aux effrois eschatologiques et aux espoirs de régénération. Avec par dessus, une bonne dose d'humour acide.

 

"Ruins of now, une archélogie du contemporain" - Arnaud Cohen - Galerie Laure Roynette - 20 rue de Thorigny, Paris 3ème - Jusqu'au 17 février 2012 - www.laureroynette.com

 

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J'ai déjà dit ici tout le bien que je pense de Chiharu Shiota, que j'ai pour ma part découvert en 2004 quand elle fit son installation à l'église désacralisée Sainte Marie Madeleine de Lille.

Après son exposition très remarquée à la Maison Rouge, elle investit le second espace de la Galerie Daniel Templon pour "Infinity". ici encore, le savant réseau architectural de fils de laine noire habitant l'espace comme autant de traces chorégraphiques, enserrant en son corps de pâles lumières ouvre aux visions poétiques et mémorielles les plus émouvantes.

"Infinity", environnement moins immersif que ce qui avait été présenté à la Maison Rouge m'a paru cependant moins abouti que "After the dream", et j'en ai presque préféré, par exemple, la "State of being" box, petite robe d'enfant momifiée, phagocytée mais persistante au milieu de l'enchevêtrement de fils.

Mais le travail de Chiharu Shiota reste indéniablement d'une grande beauté.

 

"Infinity"- Chiharu Shiota - Galerie Templon - 30 rue Beaubourg - Paris 3ème - Jusqu'au 18 février 2012

 

mauger-grimont.jpgBertrand Grimont s'est associé le commissariat de Tristan Van der Stegen pour présenter "Sans commune mesure" , exposition collective en sa galerie, abordant un thème, celui de la mesure, donc, sur lequel jai moi-même travaillé pour un projet d'exposition qui n'a hélas pas encore pu voir le jour...

Auprès de Jean-Baptiste Couronne, Rodolphe Delaunay, Jean-François Leroy et Marina Pagès, j'ai particulièrement apprécié la pièce à quatre main de Guillaume Constanttin et Raphael Zarka, au rez-de-chaussée, "Mystery Board", grande pièce découpée en liège, isolant phonique tout à fait visuel!, inspirée des figures acoustiques de Chladni.

En bas, il ne faut pas manquer "Gravity is dead", la sublime pièce de Vincent Mauger (photo) -dont je pense pouvoir le dire, nous exposerons une pièce en Mai dans les "Métamorphoses" des jardins de Thiais-, digne des rêveries léonardiennes.

 

"Sans commune mesure" - Galerie Bertrand Grimont- Rue de Montmorency - Paris 3ème - Jusqu'au 25 février 2012

 

J'ai déjà noté, dans un précédent article, la présence de Majida Khattari et de Mouna Karray, deux artistes avec lesquelles j'ai collaboré, dans l'exposition "Dégagements", la Tunisie un an après, à l'Institut du Monde Arabe. je ne sais si c'est la foule se pressant le soir du vernissage, et les tensions attisées par la présence, que certains ont jugé inopportune, de notre ministre de la Culture, mais j'ai eu du mal à me concentrer sur les oeuvres et ai trouvé l'ensemble plutôt hétérogène. En même temps, cette expo se veut sans doute une sorte d'instantané de la création contemporaine, un an après la "Révolution de Jasmin".

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Mon attention s'est cependant posée sur les photographies de Hichem Driss, qui libèrent les corps en même temps que la parole et incarne le lieu de la révolution, ainsi que sur celles de Halim Karabibene, qui brosse avec humour le portrait d'une armée dérisoire, "Comité Populaire" en lutte pour que l'art contemporain ait une visibilté en Tunisie (photo)- travail cependant assez différent de son travail de peinture -.

 

"Dégagements" - Institut du monde Arabe" - 1 rue des Fossés St Bernard - Paris 5ème - Jusqu'au 1er avril 2012

 

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25 janvier 2012 3 25 /01 /janvier /2012 00:34

Une petite sélection des oeuvres à découvrir dans les salons de l'Hôtel de Ville de Montrouge à partir du 4 février!

 

Kaoru Nakano-Energy to be reborn again

 

Kaoru Nakano - "energy to be reborn again"

 

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 Gabriela Crisci - Sans titre

 

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Inge Weidema - "Quiet eruption"

 

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Aya Takada - "Dear dear"

 

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Giuseppe Bigliardi

 

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Yukako Sorai - "Mirabila"

 

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 22:29

knifeMD.jpgA la Galerie Olivier Robert, première exposition personnelle en France d'un jeune et prometteur artiste de Philadelphie, Alex Da Corte. Avec "Night Chat", Alex Da Corte rend un hommage personnel et inspiré au personnage et à l'ambiance du "Halloween" de John Carpenter (1978), éludant avec soin ce que le film d'horreur aurait pu inspirer de grand-guignolesque et cherchant plutôt à révéler la réelle et inquiétante étrangeté des images, et la dimension souvent critique, du cinéma -injustement méprisé par les cinéphiles d'aujourd'hui- de John Carpenter. (Je suis une grande fan d"'Invasion Los Angeles" et je suis surprise qu'à part Shepard Fairey, graffeur américain surtout connu pour ses images soutenant Obama, peu d'artistes ont eu l'idée de s'en inspirer, et de manière moins littérale)

D'oeuvre en oeuvre, la présence de cette incarnation du mal dans l'exposition se devine ou se précise. Dans le même temps, Alex Da Corte dit y voir "une Odyssée, l'errance d'un héros à la recherche d'une raison de vivre, en quête d'amour et prêt à lutter pour survivre".

 

 

 

"Night Chat" - Alex da Corte - Galerie Olivier Robert- 5 rue des Haudriettes- Paris 3ème - jusqu'au 11 février 2012

 

Le YIA, pour Young Internationals Artists, investit un nouvel espace éphémère dans le Marais et invite pour l'inaugurer l'artiste Regis-R, devenu au fil des ans roi de la récupération, du détournement, du recyclage et de l'assemblage, dans des oeuvres parfois monumentales qui flirtent autant avec la "récup" duchampienne qu'avec un Pop critique - un regard lucide et actif sur le folie de l'obsolescence de la société de consommation contemporaine- les "combines" de Rauschenberg, les accumulations de déchets des Nouveaux Réalistes, les "Dirty Trash" de Tim Noble et Sue Webster, voire certaines des "illusions" de Vik Muniz...

Bref, d'une certaine manière, l'usage de déchets dans la production artistique n'est guère nouvelle, et nous savons, avec Roland Barthes, combien le déchet prend sa noblesse en se contextualisant en oeuvre d'art.

Non ce qui est intéressant chez Regis-R, c'est la manière dont il réinjecte de la forme et du contenu à ses assemblages hétéroclites, une certaine forme d'évidence à ce qui le parait peu pour le moins, comment il recompose une réalité nouvelle et plutôt ludique incluant ce qui devait être exclu -ordures, rebus, déchets- cet aspect low tech anachronique comme une poche de résistance somme toute très contemporaine. 

regis-r.jpgA voir en tout cas, la pièce "Equilibre précaire", réalisée in situ à partir d'objets et de détritus collectés dans les rues du Marais, et montés sur le scooter personnel de Regis-R. Oeuvre qui se veut clin d'oeil à Vincent Ganivet, ce qui peut surprendre au premier regard car il semble y avoir peu de connivence visuelle entre les univers des deux artistes. Mais au final, outre que Romain Tichit, l'hôte des lieux, me dit que ces deux-là sont amis, se partage entre eux un goût pour l'équilibre précaire et l'assemblage, pour les matériaux du quotidien aussi...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"Transit"- Regis-R - YIA - 11 rue Chapon - PAris 3ème - jusqu'au 23 janvier 2012

 

 

 

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On en avait pas mal parlé pendant la FIAC et c'est donc avec un certain intérêt acquis d'avance que l'on entre chez Eric Dupont pour découvrir la dernière exposition de l'artiste palestinien Taysir Batniji, au titre fort bien trouvé "Le monde n'est pas arrivé".

On y retrouve, de manière plus complète la série des "Gaza Houses". La superposition des niveaux de lecture, entre la forme aseptisée façon agence immobilière, la désolation des images d'habitations ruinées par les bombardements auquel s'oppose, laconique et glaçant, le descriptif du lieu , donne à l'ensemble une force singulière, tranquillement et implaquablement critique. La force de l'évidence.

Evidence aussi de ces "détails" que semble affectionner l'artiste, d'où l'inscription "minede rien" sur le mur de la galerie, et une atmosphère presque Arte Povera, que son "Socle du monde" hommage à Manzoni ne contredit pas, et qui rendrait le travail de Batniji presque plus existentiel qu'univoquement politique.

 

"Le monde n'est pas arrivé" - Taysir Batniji - Galerie Eric Dupont - 138 rue du Temple- Paris 3ème - Jusqu'au 21 janvier 2012

 

 

 

Il reste quelques jours pour découvrir à la Galerie Charlotte Norberg les oeuvres complexes et fluides de Benoît Carpentier et admirer le résultat d'un travail précis, minutieux, et d'une grande élégance.

 

Benoit Carpentier- Galerie Charlotte Norberg - 74 rue Charlot- Paris 3ème - jusqu'au 14 janvier 2012

 

claire-20tabouret-20n.jpgJ'avoue, j'ai parfois un peu de mal avec la peinture contemporaine...Mais c'est une belle confirmation (je ne dirai pas "surprise" car je connaissais un peu son travail, notamment au travers du petit catalogue réalisé à l'issue de son passage chez Shakers! à Montluçon) que l'exposition de Claire Tabouret à la Galerie Isabelle Gounod. Sans doute aussi parce que cette nouvelle série rencontre mon goût pour la mer et les hommes qui l'affrontent ou en vivent -et parfois y meurent- (que n'ai-je passé trois heures à regarder l'arrivée de Loïc Peyron en rade de Brest...). J'ai aimé sa maîtrise, sa touche et son sens de la composition, ses choix chromatiques rendant des atmosphères "entre chien et loup", la tension dramatique qu'elle a su instiller en même temps qu'une sorte de lenteur, de solitude, de sérénité fatale. A voir, c'est certain.

 

"L'Ile" - Claire Tabouret - Galerie Isabelle Gounod - 13 rue Chapon- Paris 3ème - jusqu'au 18 fevrier 2012

 

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La représentation animale (moultement symbolique) fait l'objet d'un engouement assez extraordinaire chez les artistes contemporains, et on ne compte plus ceux qui font appel aux animaux naturalisés (taxidermiste: un métier en pleine expansion). Delphine Gigoux-Martin en est un brillant exemple, qui sait, avec poésie, humour et cruauté, les mettre en scène avec un sens du télescopage des espaces et des temps, un "rythme" inédit dans ce genre de travaux. Chacune de ses installations, superposant souvent animal naturalisé et dessin tracé au fusain ou vidéo-projection animée,  glisse du présent au passé, du mort au vivant, du rire à l'effroi...

Mention spéciale pour "la Rôtisserie de la reine Péquaude" (2007): descendre au sous-sol de la Galerie Métropolis se révèle un étrange voyage.

 

"Rien n'a d'importance" - Delphine Gigoux-Martin - Galerie Métropolis - 13 rue de Montmorency -Paris 3ème - Jusqu'au 22 janvier 2012

 

Photos: Alex Da corte- Courtesy Galerie Olivier Robert / Regis-R - Courtesy YIA / Taysir Batniji- courtesy Galerie Eric Dupont / Claire Tabouret - copyright R. Fanuele / Delphine Gigoux-Martin - Courtesy Galerie Métropolis

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2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 23:00

En me rendant au vernissage de l'exposition de ZEVS et Anne-Flore Cabanis dans le cadre de "L'Explosition" à la "Première Galerie" du Musée en Herbe, j'ai donc jeté un oeil à l'exposition Keith Haring qui y est proposée.

Une belle exposition, joliment conçue pour les enfants, avec les tableaux accrochés à la hauteur de leurs yeux, ce qui me fit penser à l'exposition que Warhol avait conçu pour les enfants en 1983 chez son galeriste zurichois Bruno Bischofberger, mais qui a la qualité d'une "vraie" exposition avec pas moins d'une soixantaine d'oeuvres originales du petit prince de NY, dont certaines étonnantes, comme cette voiture de course peinte avec François Boisrond à l'occasion des 24h du Mans en 1984, et qui fut la première performance en France de l'artiste, ou la rencontre du petit Benjamin Sabatier signant à 10 ans des dessins à quatre mains avec Haring, et bien sûr devenu artiste depuis!

 

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"Les hiéroglyphes de Keith Haring" - Jusqu'au 1er mars 2012 - 21 rue Hérold- Paris 1er

 

J'en profite pour signaler l'initiative conjointe des artistes invités pour l'Explosition, du Musée en Herbe et du Musée de la Poste, "Paint B.A.L", 25 boites aux lettres customisés par les street-artistes afin de rénover la fresque réalisée par Keith Haring à l'Hopital Necker.

 

Jeudi 1er mars 2012 à 19h30 : vente aux enchères organisée par Artcurial - Briest-Poulain - F. Tajan.

Les fonds recueillis seront consacrés d’une part à la restauration de la fresque de Keith Haring

à l’hôpital Necker-enfants malades et, d’autre part, au Musée en Herbe pour lui permettre d’initier

à l’art les enfants handicapés et les familles défavorisées, une des missions de la Fondation Keith Haring.

Les informations sur www.musee-en-herbe.com

 

 

A Boulogne-Billancourt, 3 lieux pour 4 galeries autour de la rue du Château et de la rue de l'Est s'associe pour créer "Carré sur Seine", afin de promouvoir leur travail et l'art contemporain dans la ville. Fête de lancement le 1er décembre à partir de 19h, et plus d'information sur www.carresurseine.com

A la galerie Mondapart, les artistes plasticiens-photographes Laurent Allory et Pilar du Breuil se partagent l'affiche dans deux approches contrastées. J'ai été assez sensible à l'univers surréaliste et un tant soit peu magrittien du travail de Pilar du Breuil.

pilar.jpg

A partir du 9 décembre, première exposition de Juliette Lowinger, jeune dessinatrice pleine d'humour, en duo avec Karin Jeanne

Galerie Mondapart - 80 rue du Château- 92100 Boulogne-Billancourt

 

Comme j'en avais déjà parlé dans mes "Envies de rentrée" ici même, on a plutôt envie d'adhérer au travail et à la démarche de Cyprien Gaillard, lauréat, faut-il le rappeler, du Prix Marcel Duchamp 2010 et donc heureux invité de l'Espace 315 du Centre Pompidou. Las! j'ai trouvé la scénographie sinon paresseuse au moins soutenant peu l'intérêt que l'on peut trouver à ses compositions de polaroids. Cela étant, si l'idée était de nous plonger dans le subtil ennui que distillent les centres d'archives et autres lieux de récolement, c'est plutôt réussi.

 

Cyprien Gaillard - Jusqu'au 9 janvier 2012 - Centre Pompidou - Paris 4ème

 

yayoi_kusama_superfuture.jpgJuste à côté, l'exposition rétrospective de Yayoi Kusama, la grande dame aux petits pois, est tout à fait instructive, tant sur le plan de son cheminement personnel que sur quelques décennies de l'histoire de l'art. on y voit comment Kusama s'inscrit pleinement, en précurseur parfois, de manière toujours décalée, dans les mouvements des époques qu'elle traverse, abstraction, pop, psychédélique, jusqu'au body art et autre art performance typique de l'Amérique agitée de la seconde moitié des années 60. Partout on sent une urgence à faire, à se jeter dans la création comme pour se dissoudre (elle parle de "self-obliteration", obliteration de soi qui n'est pas sans faire penser au concept bouddhiste de dissolution de l'ego). Le langage visuel qu'on lui connait -des pois, des pois et encore des pois, de la prolifération et de la couleur - se dessine clairement à son retour au Japon, au début des années 70, qui est aussi l'époque de son internement volontaire. De là nait aussi la légende de l'obsessionnelle dots star...On ne peut qu'être séduit et envouté par les expériences d'immersion sensorielle de ses "environnements", et on ne boudera pas la magie de la"Infinity Mirror Room (Filled with the Brillance of Life)". J'ai été évidemment intéressée par l'usage qu'elle fait du textile dans ses sculptures molles, qui peuvent aussi évoquer Eva Hesse, Louise Bourgeois ou Annette Messager (un truc féminin, non?) mais moins par ses peintures récentes qui m'évoquent hélas une sorte de "Outsider art" peu à propos...

 

Yayoi Kusama - Jusqu'au 9 janvier 2012 - Centre Pompidou- Paris 4ème

 

Munch avait-il l'oeil moderne? oui, sans aucun doute. L'exposition du Centre Pompidou nous donne à découvrir photos et films réalisés par l'artiste, nous montre avec force témoignages visuels d'époque combien Munch était bien de son temps, en décalage avec l'image "dix-neuvièmiste"  qui lui colle à la palette. L'approche est certes nouvelle, mais cela ne change pas mon ressenti, tout personnel, sur cet artiste dont je préfère toujours le travail de gravure et de dessin à la peinture, que je trouve d'intensité inégale. Bien sûr, je suis intéressée par cette sorte d'"esthétique de la lamentation", sensible à ses déchirements intérieurs et à ses tourments "Van Goghiens", parfois au bord de l'hallucinatoire mais...quelque chose résiste, je ne suis pas émue...

 

Edvard Munch, L'oeil moderne - Jusqu'au 9 janvier 2012 - Centre Pompidou - Paris 4ème

 

En revanche, si on peut dire, je ne peux que recommander très très chaudement, à condition d'avoir au bas mot trois ou quatre heures devant soi, l'exposition "Danser sa vie, art et danse de 1900 à nos jours", une vraie mine d'or, un enchantement, surtout pour l'importante partie consacrée à la première partie du 20ème siècle.

"L'après-midi d'un faune" Nijinsky/Debussy, dansé par Nicolas Le Riche, c'est juste sublime...

 

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Impossible, non plus, de ne pas s'arrêter devant le Jan Fabre...

Pour faire la fine bouche, s'il s'agissait bien de "danser la vie", on pourra regretter l'absence de regard sur la comédie musicale américaine, quand même, quid de Gene Kelly, de Fred Astaire ou de Cyd Charisse, mais aussi de Jerome Robbins ou de Balanchine, par exemple? Ok, il y a une référence à Travolta mais bon...Rien non plus de sérieux sur le hip-hop, un comble...les pièces sur la danse pop sont un peu faibles et c'est dommage...

 

Danser sa vie - Jusqu'au 2 avril 2012 - Centre Pompidou - Paris 4ème

 

Rasa-Todosijevic-Gott-liebt-die-Serben-2002.jpgEn face du Centre Pompidou, en haut du parvis et juste à côté du Centre Wallonie-bruxelles, le Centre Culturel de Serbie demande à être connu davantage...On peut y voir actuellement une petite -trop petite- exposition de Rasa Todosijevic, artiste représentant la Serbie à la Biennale de Venise qui vient de s'achever. Je connais bien peu cet artiste, qui s'est illustré par des performances choc dans les années 70 et donc le modus operandi, si j'ai bien compris, est l'aggressivité, et dont on nous dit qu'il est "l'un des protagonistes du mouvement des artistes conceptuels de Belgrade et a été avec Marina Abramovic et braco Dimitrijevic un des piliers de l'avant-garde yougoslave des années 70."

Son "Grand piano", visible depuis l'extérieur, me faisait penser à...jusqu'à ce que Brankica Zilovic, artiste serbe que j'ai récemment exposé dans "Sutures" me dise (en riant): "C'est notre Beuys à nous!"

 

Rasa Todosijevic - "Aimez la France comme elle a aimé Van Gogh 1886!" - Jusqu'au 5 janvier 2012 - Centre Culturel de Serbie- 123 rue St Martin - Paris 4ème

 

 

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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 22:29

Dans le deuxième espace de la Galerie Perrotin, impasse St Claude, "Homage to Yves Klein" se présente comme une confrontation entre l'univers de Takashi Murakami et celui d'Yves Klein. La profusion des motifs colorés, la répétition et le multiple de Murakami fonctionnent parfaitement bien avec les monochromes profonds, l'indivision de Klein, et pour les deux, par des chemins différents, une semblable quête de l'infini.

Une rencontre à mon sens plus heureuse que celle que fit en 2010 Murakami avec les ors de Versailles.

 

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"Homage to Yves Klein" - Takashi Murakami - Jusqu'au 7 janvier 2012 - Galerie Emmanuel Perrotin - 76 rue de Turenne- Paris 3ème

 

A l'Institut Suédois, dans le Marais, la première exposition en France de l'oeuvre photographique de Nathalia Edenmont, suédoise d'adoption. Des photographies aux mises en scène très sophistiquées, oscillant entre violence et beauté, peurs enfantines et quête de liberté. Le texte de Hasse Persson, commissaire de l'exposition, évoque un certain nombre de controverses qu'aurait suscité le travail de Edenmont en Suède, notamment avec un groupuscule néo-nazi qui aurait vandalisé ses oeuvres mais aussi dans le traitement qu'elle fait des animaux: cet aspect de son oeuvre, qui n'est pas délibérément mis en avant ici, demanderait à être creusé...

 

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"Existence" - Nathalia Edenmont- Jusqu'au 22 janvier 2012 - Institut Suédois - Hötel de Marle - 11 rue Payenne - Paris 3ème

 

J'aime quand le petit monde de l'art contemporain parisien s'extasie de "découvrir" un artiste qui travaille depuis plus de 40 ans et est fort reconnu sitôt que l'on passe la gare de Mouscron. Merci donc à monsieur Jean de Loisy de faire découvrir au grand public l'artiste le plus médiocre de l'Histoire de l'art, un dénommé Jacques Lizène. Au passage de Retz, grande "rétrospective" de l'artiste liégeois autoproclamé "petit maître" de la médiocrité et heureux inventeur de l'art nul, de l'absence de talent érigé en attitude, du ratage comme liberté, de l'idiotie comme subversion et de l'absurde comme dernier terrain vague. Houellebecq , on ne s'en étonnera pas, à écrit sur lui il y a quelques années...Bref, camarade de la pataphysique, de Rops, de Magritte, de Marïen, de Filliou...Jacques Lizène est un punk qui se fiche d'afficher tout esprit de sérieux que la position d'artiste post-post-moderne pourrait supposer et se moque des postures et des mythologies de l'art contemporain.  Un vrai désastre!

 

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"Désastre jubilatoire" - Jacques Lizène- Jusqu'au 30 novembre - Passage de Retz - 9 rue Charlot - Paris 3è-

 

La galerie Taïss s'associe avec Barbara Polla et sa galerie suisse Analix Forever pour une exposition intitulée "Art is Fashion" et se propose de présenter des oeuvres qui mettent en lumière non seulement les liens de l'art à la mode, et inversement mais encore comment l'art "est" la mode...j'aurai plutôt envie de dire que l'art est "à la mode", ce qui ne le rend ni meilleur ni plus intéressant...

J'y ai remarqué principalement le travail de Marie Hendriks, jeune artiste néerlandaise, dont l'installation et la vidéo, très belle,  relève à mon sens davantage de la perte de l'enfance et de la construction de la féminité, au travers de ses atours, que de la mode en tant que telle.

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Sur ce sujet, j'aurai tendance à m'intéresser à des proposition plus critiques et radicales, face à ce que représente, en terme économique et surtout idéologique, l'industrie de la mode, qu'on ne peut aujourd'hui censément réduire à une innocente quête de beauté. Des artistes comme Majida Khattari, Zevs ou Lilianna Guderska, dont je parlerai ici bientôt, l'ont compris avec acuité. Seules les oeuvres de mounir fatmi, "objets désirés", confrontant la 1ère et la 4ème de couverture de magazines effleurent le sujet...mais sans doute cela n'est-il pas le propos de cette exposition, quelque part dans la superficie d'un monde évanescent et, j'en suis bien d'accord, au moins aussi séduisant que celui de l'art contemporain.

 

"Art is Fashion- Galerie Taïss - Jusqu'au 14 janvier 2012 - 14 rue Debelleyme- Paris 3ème-

 

 

Photo 1 - Takashi MURAKAMI- «MCRST, 1962->2011»  - 2011- Acrylique sur toile montée sur bois - 36 1/4 x 28 1/2 inches - ©2011 Takashi Murakami/Kaikai Kiki Co., Ltd. All Rights Reserved. - Courtesy Galerie Perrotin, Paris

Photo 2: "Behind the scenes", 2009 - Nathalia Edenmont-

Photo 3: Jacques Lizène 

photo 4: photogramme de "Et si les rêves flamands rapetissaient...?" - Marie Hendriks

 

 

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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 22:43

 

Mon interêt pour les artistes qui travaillent le textile, le fil et la couture n'est plus à démontrer - cf. "Sutures"- et je découvre chaque jour des artistes qui se passionnent pour les possibilités formelles et sensibles de ces matériaux. A la Maison du Danemark, sur les Champs-Elysées, une petite exposition bien sympathique présentait "Mailles", ou l'art contemporain se pique de tricot, de crochet et d'aiguilles...

Bien vu, le "sous les pavés la plage" de la danoise Hanne G., son sens de l'humour et du décalage avec ses armes en crochet, j'avais vu ailleurs ses masques à gaz tout en douce laine crocheté...

 

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Pas forcément originales mais belles pièces, les trophées de chasse du duo Art Orienté Objet, dont on reconnait ici l'intérêt pour le vivant et l'animalité, mais dont on connait aussi un travail plus "remuant" et radical, mais là sans doute, n'était pas le propos de cette exposition.

Tous les parisiens ont un jour ou l'autre rencontré dans la rue une des interventions du Collectif France Tricot qui, plutôt que le graffiti, a choisi d'essaimer ses petits bouts de tricot sur les réverbères ou les barrières de protection de la ville. Un street art on ne peut plus alternatif et surprenant! Je ne connaissais pas ce travail de vues aériennes façon Google Earth ou "La France vu d'en haut", petits tableaux au point mousse de paysages aimés très poétiques.

 

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"Mailles"- Maison du Danemark- 142, Avenue des Champs-Elysées - Paris 8ème - Jusqu'au 19 novembre

 

On connait Gilbert et Georges, Pierre et Gilles, Chiachio et Giannone...il pourrait aussi y avoir Blank, duo formé par José Cardoso et Alain K, qui jouent depuis vingt ans avec sérieux et dérision aux peintres du dimanche et aux performeurs à l'occasion. Si les effets picturaux ne me semblent pas l'essentiel, leur manière de mettre l'histoire de l'art en abîme et les vidéos qu'ils réalisent sur leurs sessions à l'atelier ou leurs tentatives de jouer aux peintres de plein air sont assez réjouissantes.

 

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"Un peu sauvage ou pas "- Blank- Galerie FOG- 146 Bld de Charonne - Paris 20ème - Jusqu'au 20 décembre 2011

 

J'avais gardé une excellente impression de l'exposition de Stéphanie Nava que j'avais vu l'année dernière à la Box, espace d'exposition de l'ENSA de Bourges. Impression confirmée par l'exposition personnelle de cette artiste qui se tient actuellement à la galerie White Project(s), avec un ensemble très cohérent et pensé de dessins et d'installations autour de l'architecture et l'"habiter", au propre comme au figuré.

 

nava

 

"Lieux sans recours- Stéphanie Nava- Galerie White Project(s)- 24 rue St Claude - Paris 3ème- Jusqu'au 26 novembre

 

Quoi de plus parisien qu'un live de Massive Attack au vernissage de JR chez Perrotin? ben, pas grand chose, mais le trip-hop, ma bonne dame, c'est plus ce que c'était ... bref.

J'ai lu ici ou là des critiques assez acerbes à l'encontre de JR et, que l'on aime ou pas son travail ou sa manière de le montrer, force est de lui reconnaitre sa puissance d'action et un certain engagement humaniste dont toute tentative, pourvu qu'elle soit sincère, est toujours plus louable que la sécheresse.

 

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"Encrages"- JR- Galerie Perrotin - 76 rue de Turenne - Paris 3ème - jusqu'au 7 janvier 2012 

 

Photo 1: Hanne G. - Photo 2: Collectif France Tricot - Photo 3: Blank - Photo 4 : Stéphanie Nava - Photo 5: JR

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6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 23:38

Passage en revue de quelques expos et artistes vus récemment...

 

Suite à mon avis sur son prix Chic Art Fair, ici même (article sur les foires), Benjamin Renoux m'a invitée à venir découvrir son travail de manière plus approfondie dans le cadre de sa première exposition personnelle, "L'instant T", aux Salaisons, lieu d'art contemporain atypique à Romainville. Il a bien fait, je découvre un travail de photographie retravaillée sous-tendu d'un hommage à l'histoire de l'art et de la peinture plutôt bien senti, entre maîtrise technique et émotion, pour un jeune artiste.

Un beau petit catalogue a été édité pour l'occasion.

SOCLE_COUV.jpg

A voir, à découvrir, aux Salaisons jusqu'au 13 novembre, puis , à partir de décembre, à la galerie Quai Est à Ivry-sur-Seine.

 

Il y a 3 ans, j'avais emprunté quelques très belles pièces de l'artiste canadienne Lucie Duval à la galerie Isabelle Gounod, pour l'exposition "Seconde peau, seconde vie".

duval.jpgC'est donc avec grand plaisir que je suis allée découvrir le nouveau travail de Lucie Duval, travail sur la photographie et sur les mots, une autre de ses préoccupations, un ensemble d'oeuvres que j'ai trouvé à la fois ironique et poétique, atmosphérique.

"Langage ment" - Lucie Duval- Galerie Isabelle Gounod, 13 rue Chapon, Paris 3è- Jusqu'au 22 décembre 2011

 

On m'en avait parlé , j'ai fini par y aller, l'exposition sur l'art contemporain arabe à la Ville Emerige, organisée par Art Absolument. Je n'ai pas été absolument convaincue, par le lieu à l'atmosphère bourgeoise, et par certains choix du commissaire Pascal Amel. Assez décontenancée par le travail de Zoulikah Bouabdellah dont j'appréciai particulièrement les vidéos, et ici beaucoup moins les pièces en plexi présentées, moins intéressée par les photos façon Becher de Taysir Batniji que par ce que j'avais vu à la Fiac...

ayman-baalbaki-al-mulatham-300x200cm2011.gif

Je retiendrais plutôt la peinture d'Ayman Baalki, artiste libanais (photo ci-dessus), le geste pictural de Najia Mehadji, l'installation et la vidéo de  Ninar Esber, simples et efficaces, et les oeuvres de Yazid Oulab, dont j'apprécie le travail depuis longtemps.

"Paris et l'art contemporain arabe"- Villa Emerige- 7 rue Turquan- Paris 16è- Jusqu'au 12 novembre 2011-

 

 

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30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 18:40

Avec "ne faire qu'un", la Galerie Thessa Herold expose pour la 4ème fois depuis 2003 photographies, vidéos et installations de l'artiste polonaise Gabriela Morawetz.

 

Un univers puissant et poétique, évocateur et mystérieux, dans lequel les mouvements du corps et des objets dessinent des chorégraphies à la fois émotionnelles et fictionnelles. A voir absolument.

 

Ainsi-a-l-infini.jpg

 

"Ne faire qu'un" - Gabriela Morawetz - Galerie Thessa Herold - 7 rue de Thorigny, Paris 3ème - Du 5 novembre au 23 décembre 2011 -

 

A l'occasion de l'exposition, une très belle monographie consacrée au travail de Gabriela Morawetz depuis 1995 sera publié par les Editions Area Descartes & Cie.

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30 août 2011 2 30 /08 /août /2011 23:00

La grande affaire de la rentrée, dans l'art contemporain, après la Biennale de Venise et avant les foires d'Octobre, Fiac, Chic, Slick et autres..., c'est la Biennale de Lyon. Cette année, pour la 11ème édition, Thierry Raspail aura concocté, avec la commissaire invitée, l'argentine Victoria Noorthoorn, un programme au titre qui en laisse espérer long: "Une terrible beauté est née"...Mon premier réflexe est de me dire que le thème de la beauté sublime et maléfique est un thème cent fois rebattu, dont les implications morales et esthtiques parcourent la littérature, l'art et la philosophie depuis belle lurette - on parlait la dernière fois d'Oscar Wilde...- mais j'imagine bien que le commissariat aura su construire un propos audacieux et choisir des artistes qui auront quelque chose de particulier à en dire.

 

Il semblerait en fait qu'il s'agisse là d'une manière de parler politique et rébellion et révolte, thèmes éminemment actuels comme chacun sait.

On nous dit : "Le titre de la prochaine Biennale de Lyon, Une terrible beauté est née, est extrait du poème Easter 1916 de W.B. Yeats. Composé en septembre de cette année-là, il porte sur l’insurrection de centaines de rebelles revendiquant la libération de l’Irlande par l’occupant britannique. (...)Ainsi, le titre de la Biennale est davantage un outil méthodologique qu’une thématique. Il interroge la force du paradoxe, la contradiction, la tension et l’ambivalence, et questionne l’état d’urgence actuel du monde et des arts. Organisée autour de plusieurs parcours, l’exposition engage à réfléchir sur la densité du présent, sur le pouvoir de l’imaginaire, du visionnaire et de l’hallucinatoire."

 

La 11ème Biennale de Lyon accueillera donc une soixantaine d’artistes sur les 14 000 m2 que comptent ses quatre lieux d’exposition : la Sucrière, la Fondation Bullukian, le Musée de l’art contemporain de Lyon, et l’usine T.A.S.E.  

 

  giacometti

 

Retour à Paris, avec l'exposition "Giacometti et les Etrusques", à la Pinacothèque. D'abord parce que la qualité des présentations de la Pinacothèque a bien évolué d'expo en expo, et il n'est pas rare d'y être agréablement surpris, ensuite parce que Giacometti fait partie de ces amours de jeunesse, de ces premières découvertes de ce qu'est l'art, qui fait que je tente de conserver intacte mon envie de revoir des oeuvres que j'ai vu souvent et depuis longtemps, l'épaisseur du souvenir s'ajoutant au plaisir de la contemplation. Ici, l'oeuvre de Giacometti sera mise en regard d'objets issus de la civilisation étrusque, et notamment du "chef d'oeuvre de la sculpture étrusque", "L'ombre du soir", cherchant à montrer les croisements esthétiques, et la manière dont Giacometti, fasciné par la sculpture étrusque, s'en inspira pour parvenir à ces oeuvres longilignes que nous connaissons tous.

 

C'est un lieu que je fréquente peu, mais je me demande si je n'aurais pas la curiosité d'aller découvrir l'exposition intitulée "Hey!, Modern Art et Pop Culture" à la Halle Saint-Pierre, au pied du Sacré-Coeur. Organisée conjointement par le musée et la revue Hey!, l'exposition offrira un panorama de pratiques artistiques croisant la scène culturelle dite "alternative", certains courants de la pop culture contemporaine et "les formes populaires de l’art moderne et contemporain que sont l’art brut et l’art singulier", termes recouvrant ce courant graphique et pictural, très présent mais un peu en marge des circuits traditionnels de l'art contemporain...bien que, à mon sens, ce terme de "art brut" ne convienne pas, car se référant à un espace-lieu-temps-conditions de création artistique bien particulier.

Plus de 60 artistes, des références, de Erro à Clovis Trouille, de Molinier à Blanquet, Di Rosa et Le Dernier Cri, Jonone et Gouery...et puis mention spéciale à Nuvish, dont j'ai découvert le remarquable travail lors de ma collaboration avec l'Arsenicgalerie (texte dans ces pages)

 

  nuv.jpg

 

Irais-je voir ce qu'aura concoté le jeune et bouillonnant lauréat du Prix Marcel Duchamp, Cyprien Gaillard, au Centre Pompidou? Oui, sans aucun doute. Sa réflexion sur le déclin nécessaire des civilisations au travers de son architecture et de ses ruines, réelles ou potentielles, me semble tout à fait digne d'intérêt.

 

Pompei_-_musee_Maillol.jpgPas si éloigné que ça du travail de Cyprien Gaillard - puisqu'on y parle aussi de ruines-, dans le spectre de ce que Paris peut proposer en terme d'expositions, je ne résisterai pas à aller voir ce que le Musée Maillol propose pour nous conter Pompéi. Je me souviens d'un livre sur ce lieu extraodinaire, qui, enfant,  m'avait fascinée. "Pompéi, un art de vivre" présentera la reconstitution d'une "domus pompeiana" et plus de 200 objets venant de Pompéi et d'autres sites vésuviens. Quand on sait l'état de délabrement dans lequel se trouve le site aujourd'hui, je donnerai avec joie les 12,50 euros de l'entrée pour peu qu'une partie de cet argent serve à préserver Pompéi, à défaut de l'Etat italien...

 

"Une terrible beauté est née"- 11ème Biennale de Lyon - Du 15 septembre au 31 décembre 2011

"Giacometti et les Etrusques"- Pinacothèque de Paris- Place de la Madeleine- Paris 8ème - Du 16 septembre 2011 au 8 janvier 2012

"Hey! Modern Art et Pop Culture" - Halle Saint-Pierre - Rue Ronsard- Paris 18e- Du 15 septembre 2011 au 4 mars 2012

Cyprien Gaillard - Centre Pompidou- Du 21 septembre 2011 au 9 janvier 2012

"Pompéi, un art de vivre"- Musée Maillol - 59/61 rue de Grenelle - Paris 7ème- Du 21 septembre 2011 au 12 février 2012

 

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24 août 2011 3 24 /08 /août /2011 17:55

Ce n'est pas que je sois ravie que l'été soit déjà presque un souvenir, il fut si court, et quand on ne va plus à l'école, la notion de rentrée est plus symbolique qu'autre chose. Longtemps je fis la rentrée, bien au-delà de l''âge raisonnable pour la fréquenter. Mais c'est heureusement du passé, et la "rentrée", aujourd'hui, fleure juste bon les projets à venir et les expos nouvelles.

 

Qu'y aura-t-il à voir à cet automne?

 

 

Au musée Guggenheim de New-York

 

Tracy rit tandis que Yale entre dans la salle des photographies.
Yale (en ricanant) : Comment ça va ? (à Tracy) Salut !

Ike : Oh ça va très bien. Ca alors, c’est drôle…On parlait de toi, figure-toi.On avait tous envie d’aller voir shakespeare à central park samedi ou dimanche. Vois si c’est possible de ton côté, d’accord ?

Yale : Ah oui, très bonne idée. (Mary Wilke entre par la porte et se tient à côté de Yale) Je suis partant, moi. (se tournant vers Mary) Mary Wilke, Isaac Davis et Tracy.

Mary : (serrant la main de Ike) Bonsoir.

Ike : Bonsoir. Enchanté. Comment allez-vous ?

Mary : Ravie de vous rencontrer.

Ike : Moi de même. Moi de même.

Tracy : Salut !

Ike : (en riant nerveusement) on vient juste de la galerie Castelli, en bas, on a vu l’exposition de photos. Incroyable, absolument incroyable.

Tracy : Ah oui, c’est excellent.

Mary : Vraiment, vous avez aimé ?

Tale soupire, ne participant pas à la conversation.

Ike : Il y a certaines photos en bas…

Mary : Oui, en bas…

Ike : (l’interrompant)…à la galerie qui sont fabuleuses, absolument fabuleuses. (faisant une pause) Vous les avez vues ?

Mary : Oui, je vous avoue que j’ai trouvé ça très influencé.Ca m’a paru sortir en droite ligne de Diane Arbus, mais sans en avoir l’humour. Voyez-vous, c’était…

Ike : (l’interrompant) Ah bon ? Bien sûr, ça ne m’a pas emballé autant que la sculpture en plexiglas, ça il faut bien admettre que moi, ça n’a…

Mary : (l’interrompant) Ah bon ? Vous avez aimé le Plexiglas, tiens !

Ike : Le Plexiglas non plus vous n’avez pas aimé ?

Mary : (en soupirant) Oh intéressant. (haussant les épaules) Non…je…

Ike : Je…avouez que c’est vachement supérieur à ce…à leur cube d’acier. Vous l’avez vu, ce cube ?

Tracy : (l’interrompant) Ah oui, vraiment n’importe quoi !

Ike rit nerveusement.

Mary : Ah non, moi j’ai trouvé ça génial. Absolument génial.

Ike : Génial, le cube, c’est bien ça ?

Mary : Oui. A mes yeux, c’est….ça m’est apparu très texturel. Je ne sais pas si vous me suivez. C’était parfaitement intégré et ça dégageait, également, une…une…une merveilleuse forme de négativité potentielle. Le reste de leur expo c’était de la merde !

 

Extrait du scénario de « Manhattan » -  1979 - Woody Allen & Marshal Brickman – Traduction George Dutter pour les Editions La Petite Bibliothèque des Cahiers du Cinéma

 

Cette scène, davantage encore maintenant que je suis dans le "milieu de l'art", me fait hurler de rire, elle est si juste!

Et puis, quand j'ai découvert ce film, je devais avoir 14 ans, je me suis demandée qui pouvait bien être cette Diane Arbus...eh bien depuis je n'ai pas eu beaucoup l'occasion de voir du Diane Arbus. Ce sera donc avec un grand plaisir et beaucoup de curiosité que je courrais au Jeu de Paume pour y découvrir la première rétrospective en France qui lui est consacrée, à partir du 18 octobre. 

 

Dans le genre cinématographique, ce sera avec émotion que j'irai voir l'exposition consacrée à Romy Schneider au Musée des Années 30 à Boulogne-Billancourt.

 

 

Un de mes films préférés du grand Claude Sautet

 

Des envies de rentrée très éclectiques, puisque c'est aussi au Musée des Arts décoratifs que j'irai voir l'exposition consacrée au travail du créateur chypriote-turc qu'on dit visionnaire, Hussein Chalayan, dont les créations rigoureuses, à la frontière de la mode, de l'art contemporain, de la science et de l'architecture, offrent une vision plus politique qu'éthérée, souvent plus intellectuelle que glamour du vêtement et du monde dans lequel on les porte.

 

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J'avais vu l'expo Munch à la Pinacothèque l'année dernière, qui, je crois, avait été assez décriée. Pour ma part, si les peintures m'avaient laissée dubitative, j'avais particulièrement aimé les gravures. Au Centre Pompidou, grosse rétrospective cette fois, qui se propose de montrer à quel point Munch fut intéressé et ancré dans la modernité, soulignant son intérêt pour les formes modernes de la représentation, notamment la photographie et le cinéma. L’exposition réunira cinquante-neuf peintures, quarante-neuf photographies d’époque, vingt-quatre oeuvres sur papier, quatre films et l’une des rares sculptures d’Edvard Munch. On nous promet des oeuvres majeures.

 

L'homme de mes 15 ans, finalement, c'était lui

 

 

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Et je ne remercierai jamais assez ma prof de français de 1ère de nous avoir demandé de lire le "Portrait de Dorian Gray" dont je tomba assurément amoureuse au point de m'habiller comme un dandy victorien durant plusieurs mois...C'est donc avec l'envie de se voir raviver cette passion adolescente que j'irai voir au Musée d'Orsay l'exposition "Beauté, morale et volupté dans l'Angleterre d'Oscar Wilde", qui devrait faire revivre une de mes périodes préférées, un "âge d'or" à la manière de ce qu'en dit Woody Allen dans son dernier film.

 

 

Diane Arbus- Jeu de Paume - Place de la Concorde- Paris 1er - du 18 octobre 2011 au 3 février 2012

Romy Schneider - Musée des Années 30 - 28 avenue André Morizet - 92100 Boulogne Billancourt - Du 26 septembre 2011 au 31 janvier 2012  

Hussein Chalayan - Musée des Arts Décoratifs - 107 rue de Rivoli - Paris 1er -  jusqu'au 13 novembre 2011

Edvard Munch, l'oeil moderne 1900-1944 - Centre Pompidou - Paris 3ème - du 21 septembre 2011 au 9 janvier 2012

Beauté, morale et volupté dans l'Angleterre d'Oscar Wilde- Musée d'Orsay-  du 13 septembre 2011 au 15 janvier 2012

 

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