Je suis particulièrement ravie et très honorée de pouvoir annoncer l'ouverture, le 7 juillet 2019, de l'exposition personnelle de Sadek Rahim au Musée National d'Art Moderne et Contemporain d'Oran (MAMO), en Algérie, dont je suis commissaire.
Une grande et belle rencontre, avec un artiste, et un pays, une aventure, commencée il y a 2 ans, et qui, je l'espère, va se poursuivre!
Si vous passez en Algérie cet été, l'exposition sera ouverte jusqu'à fin Août!
L'exposition solo de Sadek Rahim, intitulée Gravity³, constitue la première exposition d'art contemporain monographique d'envergure présentée au Musée d'Art Moderne et Contemporain d'Oran, ouvert en 2017. Sur près de 4000 m2 carrés, au coeur de la ville et dans les anciens grands magasins (ex Galeries de France, datant de 1922), «Gravity³» déploie tout l'univers de Sadek Rahim, artiste natif et vivant à Oran, que la carrière a mené de Londres à Dubaï, de Buenos Aires à Saint-Louis du Sénégal.
Installations, sculptures, photographies, dessins, vidéo...Près d'une trentaine d'oeuvres de tous médias, toutes produites spécifiquement pour l'exposition, auscultent l'Histoire de l'Algérie, ses richesses et ses renoncements, ses illusions et ses drames et aujourd'hui, plus que jamais, ses espoirs, des espoirs nouveaux, non plus d'hypothétiques Eldorados, mais d'«ici et maintenant».
Première exposition d'art contemporain d'une nouvelle ère, celle d'après Bouteflika, Gravity³ développe une sémantique métaphorique critique à partir de matériaux et de formes iconographiques liés à la culture algérienne se constituant en éléments formels signifiants, dans un processus de confrontation, un dialogue permanent dégageant forces et tensions.
Le béton : c'est d'abord ces cubes que l'on voit le long des ports, sur lesquels les jeunes s'assoient pour observer -et rêver à – l'horizon, et qui souvent ont inspiré Sadek Rahim comme élément symbolique de la force d'inertie frappant la jeunesse algérienne. C'est aussi la matière
de l'architecture et de la construction. Il renvoie alors autant à des projets urbains en déshérence, qu'à l'idée d'un autre monde à édifier.
Le tapis : Depuis plusieurs années, l’immigration clandestine des jeunes algériens vers l’Europe, le déracinement, le désir d'exil, et l'illusion de l'eldorado ont été au coeur du travail de Sadek Rahim. Elément domestique commun à tous les intérieurs algériens, le tapis cristallise, matérialise, l'idée du départ au travers du mythe de la lévitation qui lui est attaché: le tapis « volant » est l'objet qui permet, littéralement, de s'arracher à la pesanteur, de voler vers une destination meilleure.
Chez Sadek Rahim, l'utilisation du tapis comme moyen plastique est une manière de « mettre en échec le mythe du tapis volant comme métaphore de l'échec du mythe de l'eldorado ». Dans Gravity³, le tapis est déconstruit, mis en pièce, disséminé en particules volatiles, réduit en cendres...mais dans le même temps réhabilité en création plastique, comme un nouveau départ.
Le moteur, la pompe et autres mécaniques : Nouvellement venus dans le vocabulaire de Sadek Rahim, les éléments mécaniques font écho au regard critique que pose l'artiste sur la politique économique menée dans le pays depuis plusieurs décennies : ce qui est cassé, obsolète, à l'abandon, au rebut, ce qui a été perdu, gâché, ce qui ne fonctionne plus...Au travers de ces objets de rebut, symbole pour l'artiste d'une Algérie en panne, la sémantique, au propre comme au figuré du « moteur » et de la force motrice est ici convoquée.
C'est ainsi tout l'univers quotidien de l'Algérie dans laquelle vit l'artiste, réapproprié, repensé, avec poésie et acuité, et un regard à la fois critique et confiant.
Enfin, parce que le mouvement est précisément ce qui défie la gravité, Sadek Rahim nous fait entrer dans la danse. Alors, avec la complicité de Melissa Ziad, la très jeune égérie et désormais symbole du « Mouvement » ( le «Hirak», initié le 22 février 2019), de la jeunesse et du renouveau, et la collaboration du chorégraphe Angelin Preljocaj, dont la captation de l'oeuvre « Gravité » sera présentée en exclusivité au coeur de l'exposition, Gravity³ donne, dans son foisonnement d'oeuvres et de sens, matières à voir et à penser les outils critiques, politiques et esthétiques, de la contestation et de l'espoir. En ce moment historique pour l'Algérie, l'exposition de Sadek Rahim rappelle à quel point l'art et la création infusent le sens de l'Histoire, l'exprime, la comprend, et ouvre des voies.
SADEK RAHIM
GRAVITY³
MAMO
Musée d'Art Moderne et Contemporain
d'Oran
Oran, Algérie
Du 07 juillet au 31 août 2019
Exposition réalisée avec le concours de:
l'Institut français d'Oran
l'Institut Cervantès
Ville d'Oran
Musée National Zabana, Oran
Ministère de la Culture algérien
Association SDH
Association Civ'Oeil
ainsi que
La Société Générale
Belux
Papillon Communication
Royal Hôtel Oran (MGallery)
Nos remerciements particuliers à : la Direction du Musée Zabana et du MAMO d'Oran, Lahouari Mesri, Angelin Preljocaj et tous ceux qui soutiennent l'exposition.
Après Chateaugiron, et pour le première fois, Mai Tabakian montre une pièce en extérieur, dans le cadre de la manifestation Arts Ephémères, à Marseille. A partir du 29 mai, on pourra découvrir "Focus and flow", une installation dans la lignée des "gardiens" vus à Chateaugiron.
"En psychologie positive, le flow (flux en français) est l’état mental atteint par une personne lorsqu'elle est complètement plongée dans une activité et qu'elle se trouve dans un état maximal de concentration, de plein engagement et de satisfaction dans son accomplissement.
Fondamentalement, le flow se par l'absorption totale d'une personne par son occupation.
Pour représenter cet « état de grâce », Mai Tabakian a choisi de créer un collier à 4 rangs de 4 « perles ». Ces perles sont en fait des yeux, plus précisément, des iris très colorés, comme traversés par un flot d’énergie, avec leurs pupilles bien noires.
Ces 16 yeux sont à la fois le spectacle et le spectateur, une métaphore de la confusion entre sujet et objet caractéristique de l’état de flow. Il s’agit alors pour les visiteurs de se laisser porter par la contemplation : Focus and flow…"
A découvrir du 29 mai au 10 juin 2019 dans le Parc de la Maison Blanche, 11ème édition des Arts Ephémères, sur le thème "Flux"
Avec également:
Dominique ANGEL Axel BRUN Benedetto BUFALINO Dominique CASTELL Jennifer CAUBET Jean-Baptiste GAUBERT François GENOT Jonas HOHNKE Pierre LUU Mia MARFURT Carlos MARTIEL Rita PARKER LES PAS PERDUS Abdul RAHMAN KATANANI ROBERT ET OMER Mai TABAKIAN Yves SCHEMOUL Marcos AVILA FORERO Joana ZIMMERMANN
Tools Holder - 2019, black leather tool belt, construction tools and books, 114 x 130 cm. Exhibition view from The White Matter, Ceysson & Bénétière, 2019, Paris Courtesy of the artist and Ceysson & Bénétière, Paris.
A voir jusqu'au 22 juin, le solo show de mounir fatmi à la Galerie Ceysson et Benétière, une belle occasion de (re) découvrir le travail de mounir et notamment la magnifique vidéo "The beautiful language", inspirée de " L'enfant sauvage" de Truffaut
Informations Pratiques
Ceysson & Bénétière
23 rue du Renard 75004 Paris
Horaires:
Mardi – Samedi
11h – 19h
T: + 33 1 42 77 08 22
Un beau reportage sur l'évènement Femmes à Bourg en Bresse, l'exposition "Sorcières!", et avec Laetitia Carneiro-Gauthier en plateau!
(à 10 mn environ)
Le Conseil départemental du Puy-de-Dôme alerte ses habitants sur la recrudescence du démarchage téléphonique abusif ces derniers mois. Les publics les plus visés sont les personnes vulnérabl...
https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/emissions/jt-1213-rhone-alpes
Après la mémorable performance autour du "Personnage à réactiver, la sorcière" de Pierre Joseph, par Pascale Paugham, de la Compagnie Dumemnom, l'exposition Sorcières! sera ponctuée de rencontres, lectures et animations diverses: il y en aura pour tout le monde!
le 9 mai, à 12h15, on ouvre, à l'heure du déjeuner, avec une lecture du texte "Les Sorcières de Rossillon", par l'équipe du Théâtre de la Chrysalide qui revisite un fait historique survenu à Rossillon dans l'Ain en 1467, lorsque six femmes et un homme furent condamnée au bûcher par les tribunaux de l'Inquisition.
Le 18 mai, c'est la Nuit des musées et, après avoir vu le Suspiria de 77 de Dario Argento, on pourra visiter l'exposition dans le noir, à la lueur de la lampe torche!
Le 23 mai, à 18h30: Rencontre avec Hélène Barrier et son désormais célèbre Minotaure!
Le 13 juin: Rencontre avec Alexa Brunet, photographe et auteur de l'Abrégé des Secrets, accompagnées de Chantal Portillo, romancière, qui a contribué à l'écriture de ce grimoire contemporain.
Le 15 juin: C'est à mon tour de faire une visite commentée de l'exposition, à 14h30!
Le 28 juin: Une visite axée "patrimoine", avec un regard porté sur les oeuvres de Gustave Doré et les ouvages anciens, dont un magnifique Malleus Maleficarum du début du 17ème siècle..avec la complicité du Monastère royal de Brou!
Avec aussi des visites commentées régulières, des ateliers pour les enfants, des visites adaptées handicaps, un mix dj le 22 mai, un atelier cosmétique le 25 mai, un apéro-concert le 14 juin et même Escape Game le 12 juillet!
Renseignez vous!
L'exposition fermera ses portes le 28 juillet!
H2M, Bourg en Bresse
Merci à toute l'équipe de La fabrique de la Culture, et à Elodie Gadiollet pour l'interview à propos de Sorcières! ouverture de l'exposition le 8 mai, avec rencontre avec les artistes et le commissaire en début d'après-midi (et vernissage le 7 mai)
Ecouter l'émission:
Affiche de l'exposition avec un visuel sur une photographie de Pierre Joseph, personnage à réactiver: la sorcière, courtesy FRAC PACA
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Vue de l'exposition "Faux Semblants" au Musée de Cholet - A gauche, oeuvre "Intériorité 6" de Florence Baudin
Publication dans le catalogue de l'exposition "Faux Semblants", Musée du textile et de la Mode, Cholet
Intériorité 6
Pour "Faux-semblants", Florence Baudin présente "Intériorité 6", une œuvre sculpturale textile, dont la laine, traitée dans sa naturalité, constitue le matériau principal.
Ici, le "Faux-semblants" réside probablement dans le fait que l'œuvre, bien que rentrant dans la catégorie de l'œuvre textile, comme la plupart des créations de Florence Baudin, ne fait appel à aucune technique textile usuelle, en artisanat comme en art : ici, ni couture, ni broderie, ni travail du fil mais seulement le matériau dans ce qu'il a de plus brut, naturel et simple, dans une approche libérée des attendus de l'art textile.
Le travail de Florence Baudin dissèque avec force et raffinement les relations entre le "dedans" et le "dehors", l'invisible sous le visible, l'organicité et la forme du corps, essentiellement féminin. Le corps de la femme se voit ainsi défini comme territoire et espace : espace émotionnel d'une mémoire, d'une histoire, mettant à nu le secret organique, de l'ombre à la lumière.
L'œuvre "Intériorité 6" issue d'une série que l'artiste poursuit depuis 2014 et dans laquelle elle expérimente, de manière chaque fois différente, l'expression de cette poussée de l'intérieur du corps hors de lui-même, cette manière d'affleurer l'organe à la limite de son enveloppe, avant l'irrémissible dispersion, est à ce titre exemplaire. D'un buste, au sens presque classique du terme, si ce n'était cette chevelure laineuse et exubérante masquant le visage, les épaules et la poitrine comme sculptée dans la matière laineuse, comme moulée sur un corps tel une seconde peau, s'échappent des écheveaux de laine en magma viscéral. Dans cette sorte d'arrachement à la vie, l'image pourrait apparaître assez violente mais, sans doute parce que l'œuvre de Florence Baudin relève moins d'une fascination pour l'anatomie splanchnologique que d'une vive expression émotionnelle, il se dégage pourtant de l'œuvre une certaine douceur, dans laquelle on pourrait se lover comme dans un vêtement protecteur, ou encore un espace ouvert de métamorphose, un cocon qui exprime la force de la vie et la possibilité d'un devenir autre.
"Faux-semblants"
Musée du Textile et de la Mode, Cholet (Maine et Loire)
du 16 mars au 22 septembre 2019.