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16 octobre 2009 5 16 /10 /octobre /2009 11:47

C'est reparti pour de nouvelles éditions des Foires d'Art Contemporain de Paris , dans une ambiance que l'on sent plus détendue, et on l'espère, moins compassée, que l'année dernière.

Entre autres choses, on pourra retrouver:

- A la FIAC, Cour Carrée du Louvre: mounir fatmi est à la Galerie Hussenot  ET chez Lombard Freid Projects, juste en face...
- A Slick, qui retrouve le 104: La Galerie Charlotte Norberg devrait exposer le "Tu m'amuses ma muse", de Luna, qui a largement eu les honneurs de la presse, des céramiques très "Alice in Wonderland" de Laurent Esquerré, du Sylvain Polony, du Juliette Jouannais, du François Fries... II La Galerie UNA menée par Maribel Nadal Jove sera laà aussi, avec sans doute quelques belles pièces de Miguel Angel Molina et Daniel Chust Peters...II On pourra voir du Vanessa Fanuele à la Galerie Van Der Stegen et des dessins de Emmanuel Régent au
Cabinet/ Espace à Vendre
-Chez Show OFF, qui a eu la bonne idée de déménager des locaux exigus de l'Espace Pierre Cardin pour se reloger plus majestueusement au pied du Pont Alexandre III, on aura le plaisir de retrouver les artistes de la SchoolGallery: Nadia Benbouta, Naji Kamouche, Michaela Spiegel, entre autres...
- La Galerie Patricia Dorfmann essuie les plâtres de la petite dernière CUTLOG, sise dans la Bourse du commerce: on y verra peut-être une pièce ou deux de ZEVS...

FIAC: Grand Palais et Cour Carrée du Louvre
Slick: au 104
Show off: Port des Champs Elysées
Cutlog: Bourse du Commerce


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16 octobre 2009 5 16 /10 /octobre /2009 00:51

Les paysages urbains de Gérard Charruau semblent d’emblée s’inscrire dans une forme d’héritage, celui de l’histoire de l’art comme de l’architecture et de l’urbanisme, qui, depuis le 19e siècle, « au seuil de notre modernité », pour reprendre l’expression de Michel Foucault, a appris à porter le regard au-delà de l’esthétique naturaliste. Si, en inventant ce genre nouveau de paysage, l’artiste moderne témoigne de l’évolution des codes esthétiques, il donne surtout à voir une image de la ville comme un « espace de significations et d’émotions »*, dans une sensibilité nouvelle, et éminemment subjective, à cette forme de beauté, aujourd’hui plus que jamais mutante.

 

Le travail pictural de Charruau, bien que prenant racine dans ses nombreux voyages autour du monde, n’est donc nullement documentaire, pas davantage que d’ambition encyclopédique. Il ne s’agit pas non plus d’un travail photographique qu’il aurait tout de go transposé en termes picturaux.

Gérard Charruau « fabrique » son paysage, sa vision, dans un geste esthétique de recouvrement subtil, de mise à distance, que constitue ce filtre de papier végétal qu’il maroufle sur ses toiles.  Ce papier que l’artiste se procure en Asie, à l’usage initialement trivial, devient ici le comble du raffinement, créant un trouble comme une brume autour de la vision. Alors cet écran diaphane contribue à suggérer la sensation d’un souvenir, l’impression d’un vécu, une image mémorielle. Ou encore la délicatesse de ces visions estompées active notre imaginaire, cette puissante « fonction de l’irréel », et engendre des rencontres émotionnelles, avec le peintre autant qu’avec le paysage qui se révèle sous nos yeux.

Cette vision se déploie d’abord essentiellement dans le choix d’un judicieux déplacement du point de vue, délaissant celui que nous pourrions avoir lorsque nous nous promenons dans les rues, au ras du trottoir, au mieux le nez en l’air. En optant pour un point de vue panoramique, celui qui embrasse la ville, il rend possible la respiration, la circulation dans la toile tout en suggérant la densité du tissu urbain, laissant la cité se déployer dans ses méandres, ses secrets. Son œil ne se réduit jamais à celui du touriste. Ici, point trop de vue pittoresque (s’il faut rappeler qu’à l’origine, ce terme signifiait précisément « qui mérite d’être peint ») ni d’exotisme, mais la vision d’une ville polymorphe avec ses sédimentations architecturales, ses mutations, son hybridation, ses chaos. Le regard de l’artiste reste un regard énigmatique, à la fois étranger et immergé, qui ne livre rien autre chose que des émotions, le fruit d’une expérience irréductible aux clichés qu’est celle du voyageur, les résidus de ces voyages dont on ne revient jamais tout à fait soi-même.

 

Artiste et nomade, Gérard Charruau est plus contemporain qu’il ne le croit, dans sa manière presque romantique de nous inviter avec lui à  « se perdre dans la ville », dans la déambulation, l’itinérance, l’étrangeté, la suspension du temps et l’absence d’attente...

Et Le Caire, ce « microcosme du monde », comme la décrivait déjà au 17e siècle l’explorateur William Lithgow, est sans doute la ville idéale pour exprimer à la fois la complexité des mégapoles contemporaines autant que les paradoxes qui sous-tendent et nourrissent le travail de l’artiste.

L’absence de présence humaine visible constitue une première ambiguïté irriguant ces portraits de ville, qui semble comme vidée de ses habitants. Pourtant, quoi de plus « anthropisé » qu’une ville, matérialisation par excellence du travail, du labeur, de l’activité humaine et de l’ultime transformation du réel à notre image ? Ici, dans ces vues denses et fluides du Caire, l’homme est partout implicite, réalité architecturale évidente, d’abord, réalité invisible, ensuite, mais que l’on devine fourmillante, comme une vibration parcourant la toile.

Puis, quelle ville plus folle, plus énergique, plus babélienne et proliférante, quel maelström plus impressionnant que la plus grande capitale du monde arabe et de l’Afrique? Chantier permanent, Le Caire, dans son immensité tentaculaire, offre son horizon sans fin hérissé de minarets, de paraboles et de constructions précaires comme une ville parallèle débordant de ses toits terrasses jusqu’au-delà des portes du désert. Et pourtant, il se dégage de ces portraits du Caire, comme de toutes les villes dépeintes par Charruau, une sensation de calme et de sérénité, induite, peut-être, par la double distance du papier d’Asie et de la hauteur du point de vue. De là où nous sommes, au-dessus ou au-delà, en surplomb ou en apesanteur,  la cacophonie de la ville semble se faire murmure, lointaine rumeur.

Dans son interprétation picturale, Gérard Charruau introduit une forme d’ordre dans l’apparent désordre du dédale de la ville, tentant d’une certaine manière d’en conjuguer les esthétiques.

 

Pour l’artiste, Le Caire fait partie de ces îlots d’étrangeté qui survivent, résistent au rétrécissement du monde, à son homogénéisation. C’est l’étrangeté sans exotisme, la distance dans l’immersion, l’âpreté et « une certaine violence », dit-il, entre cosmopolitisme et rapport à l’ailleurs et au lointain.

Les paysages urbains de Gérard Charruau parviennent, comme l’écrit avec justesse Georg Simmel**, à « soustraire au flux chaotique et infini du monde » un morceau de ce monde, pour lui donner en lui-même son sens propre, à en « couper les fils le reliant à l’univers pour mieux les nouer à soi », métamorphosant ainsi le paysage objectif de la ville en un paysage intime.

 

 

* Alain Corbin, L’homme dans le paysage – Ed. Textuel- Paris, 2001

**Georg Simmel, « Philosophie du paysage », 1913 -  in La tragédie de la culture – Ed. Rivages, Paris,1988

Préface du catalogue de l'exposition de Gérard Charruau à la Sibman Gallery - 28, Place des Vosges - www.sibmangallery.com

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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 13:12
L'actualité de Luna:

Un article dans le numéro d'Octobre de Parcours des arts présente le travail de Luna et annonce une série d'exposition à Périgueux:

"Who's who?": Luna confronte son travail à une oeuvre de Gina Pane -
Au musée d'Art et d'archéologie du Périgord - 22 cours de Tourny - 24000 Périgueux, du 22 octobre au 7 janvier 2009

On pourra aussi voir le travail de Luna au Centre Culturel La Visitation, rue Littré, à Périgueux, du 22 octobre au 19 décembre 2009, ainsi qu'à la Galerie l'Appart, 10 rue Arago, du 16 au 28 novembre;

Et "tu m'amuses ma muse" a été choisi par le supplément du Monde pour annoncer la très prochaine foire Slick

Photo: série "KPital"- François Pinault (courtesy Luna)


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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 12:23
Avant que l'heure des foires d'art contemporain n'ait sonné sur Paris, c'est le moment des vernissages "de rentrée"...
Avec, entre autres:

Anne Guillotel à la Galerie Charlotte Norberg du 13 octobre au 14 novembre 2009 - 74 rue Charlot Paris 3ème
www.galeriecharlottenorberg.com

Juliette Clovis, avec l' artiste danois Henrik JT Densen à la toute nouvelle 770 Gallery, à partir du 15 octobre 2009- 18 rue Dauphine Paris 6ème
voir sur youtube: http://www.youtube.com/watch?v=E2tpOTXppuc

La SCHOOLGALLERY présente, en partenariat avec SFR et l'Agence Art Actuel EVENT l'exposition des Lauréats SFR Jeunes Talents, parmi lesquels Yuri Toroptsov (photo), Nicola Lo Calzo et Marc Montmeat - Vernissage le 15 octobre 2009
www.schoolgallery.fr



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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 21:27

Créée en 2007 par le musée du quai Branly et consacrée à la photographie non occidentale, Photoquai, la biennale des images du monde, se déroule sur le quai Branly, en face du musée.

"Salué dès sa première édition pour sa qualité, son originalité, son ambition et sa pertinence, Photoquai poursuit en 2009 sa mission fondamentale : mettre en valeur et faire connaître des artistes dont l’œuvre reste inédite ou peu connue en Europe, susciter des échanges, des croisements de regards sur le monde.

La direction artistique de la deuxième biennale Photoquai est confiée à Anahita Ghabaian Etehadieh, galeriste iranienne et fondatrice de la Silk Road Gallery, lieu unique, dans son pays, dédié spécifiquement à la photographie.

Pour sa deuxième édition, Photoquai présente les œuvres de 50 photographes contemporains du monde entier, talents photographiques inconnus ou peu connus en Europe et provenant des grandes zones géographiques représentées au sein des collections du musée du quai Branly : Amérique du Sud et Amérique Latine, Amérique du Nord, Asie, Océanie, Afrique, Proche et Moyen-Orient.

50 photographes de tous horizons confrontent leur point de vue du monde à travers 200 images, présentées le long de la Seine, sur le quai Branly. Le projet scénographique, signé Patrick Jouin, tend à réunir cette richesse et cette diversité photographique sur la promenade qui surplombe les berges."
(Source: photoquai.fr)

Parmi les 50 photographes sélectionnés, on aura le plaisir de (re)découvrir le travail de l'artiste tunisienne Mouna Karray, qui présente des diptyques tirés de la série "Au risque de l'identité",  que j'avais montré lors de l'exposition "Seconde peau, seconde vie" en avril dernier à Guyancourt(Yvelines) -voir dans ces pages, rubrique "commissariat"-
Dans le catalogue de l'exposition, j'écrivais à propos de ce travail de Mouna Karray:

"

La série de Mouna Karray, « Au risque de l’identité », met en jeu la question de la posture et du mystère de l’autre, au travers de ses attributs visibles. Dans ce travail expérimentant l’énigme de la dualité, de l’altérité et de la différence, elle photographie des femmes d’horizons géographiques et sociaux différents, auxquelles elle se substitue. « Au risque de l’identité… consiste à rencontrer une femme, observer son univers, l’y photographier, puis se substituer à elle en revêtant ses vêtements, en adoptant sa posture et ses gestes et enfin à se photographier. Si la ressemblance semble recherchée, notamment pendant la séance de prise de vue, c’est finalement la dissemblance qui est révélée.

Suffit-il de se glisser dans les vêtements, les parures, la posture et la maison de l’autre pour « devenir » l’autre ? Mouna Karray ouvre alors la question de l’altérité, de l’identification et de l’individuation. Finalement, l’œil de la photographe se fait sensible à la faille davantage qu’à l’identification, laissant s’imposer une part d’indéterminé au cœur de ce projet perpétuellement ouvert.

 

Mouna Karray s’intéresse à la dimension autobiographique du travail artistique, réinitiant, au travers de différentes séries, une réflexion récurrente autour des frontières, des limites, physiques ou non, des passages, des dualités et des altérités. Aujourd’hui, Mouna Karray vit et travaille entre Paris et la Tunisie."


PHOTOQUAI
QUAI BRANLY
du 22/09/09 au 22/11/09
Entrée libre

www.photoquai.fr
www.mounakarray.com

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12 septembre 2009 6 12 /09 /septembre /2009 22:38

Il y a trois ou quatre ans, l'Hotel de Ville de Paris avait organisé une exposition des photographies parisiennes de Willy Ronis. En hommage à ce grand photographe humaniste, décédé aujourd'hui à la veille d'être centenaire, je réédite le petit article que j'avais rédigé à ce propos pour le site www.vision-photographique.com


"A l'occasion de son 95e anniversaire, Paris rend hommage au plus énamouré de ses photographes, le bel humaniste Willy Ronis.
Humaniste, comme le furent Robert Doisneau ou Edouard Boubat, dans cette manière si singulière, de photographier le " paysage vivant " de la capitale, scènes du quotidien, enfants, lieux avec une sorte de tendresse dépassant du cadre, une complicité indicible, en un mot une empathie pour son sujet telle que tout devient sous son objectif nostalgique et beau. On regarde aujourd'hui ces clichés pas si vieux au fond avec la joie et la tristesse mêlées de contempler un doux monde perdu, même lorsqu'il nous amène aux portes de la modernité, comme au bord du Canal Saint-Martin d'aujourd'hui, où fleure encore une atmosphère désuète…bien que Jouvet et Arletty soient loin et que l'Hôtel du Nord soit devenu un resto branché…
Humaniste aussi parce que sous son objectif se livrèrent des moments de l'histoire en train de se faire et qu'il sut capter avec justesse : le Front Populaire, les défilés du 14 juillet, les grèves chez Citroën, l'insouciance de l'Après-guerre, la fête de l'Huma, le fameux portrait du mineur silicosé…
Humaniste donc par cet amour de la vie et des gens : " Je fonctionne à la vie ", dit-il, " J'aime les gens, j'aime les quartiers où l'on déambule. "

Fils de photographe, Ronis fuit le studio paternel qu'il juge ennuyeux, aspire à la liberté de la lumière du jour et des espaces publics. Arpentant les rues de la ville de tous les possibles, il traque, patient, le moment où les rues se feront tableaux vivants, qu'il immortalisera dans leur mouvement et leur vitalité. Dès les années 30, la Seine rive droite rive gauche, les cafés, les gosses dans les rues, les parisiens au travail, la rue de la Huchette et le jardin du Luxembourg, le quartier Belleville-Ménilmontant -sujet d'un livre devenu culte dans les années 50-, c'est un Paris populaire, un Paris laborieux , celui des gens modestes, des gens de peu, du petit peuple et des petits métiers, comme on disait à une époque, mais sans jamais verser dans le misérabilisme, que nous montre Ronis, comme si la vie en ces temps là était quoiqu'il en soit plus douce…
Mais au-delà de la dimension sociale, les photographies de Ronis révèlent un sens de la composition, une manière de sublimer la beauté et le bonheur diffus de l'instant sans autre artifice que ses somptueux noir et blanc.

Apparemment peu préoccupé de la valeur financière de son œuvre, lui, le fils d'immigrés juifs ukrainien et lituanien, rescapés des pogroms, il choisit de lèguer de son vivant, en 1983, la totalité de son œuvre ! Il ne sera pas dit qu'une oeuvre de Ronis, comme le fameux " Baiser de l'hôtel de ville " de Doisneau se retrouvera au coeur d'une tourmente financière en ternissant l' image…Et bien qu'il ait collaboré à des revues aussi prestigieuses que Life ou Time Magazine, que ses œuvres soient exposées dans les plus importants musées du monde, il restera toujours cet ouvrier modeste de la photographie, aussi humble que le plus humble de ses sujets.
Ce sera un plaisir de l'écouter, tout au long du parcours de l'exposition, raconter ses histoires simples, de suivre avec lui l'histoire d'une vie passionnante, du portrait que son père fit de lui, bébé de huit mois, jusqu'à ce cliché d'un Ronis octogénaire s'initiant au parachutisme !

Pour peu que vous ayez choisi le bon moment pour vous laisser aller à rêver à ce Paris d'antan, le retour à la réalité n'en sera que plus rude : la rue de Rivoli et ses enseignes hurlantes vous donneront envie de fuir ce monde désenchanté . Filez droit vers la Seine et les quais retrouver un peu de ce Paris rêvé comme une histoire d'amour que rien ne pourrait démentir."

 


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12 septembre 2009 6 12 /09 /septembre /2009 22:12

Michel Delacroix, directeur artistique du projet Chez Robert, dont j'ai déjà parlé dans ces pages -voir rubrique "Projets"- m'y a invitée en tant que commissaire. J'ai donc choisi de présenter dans ces murs le travail d'Emmanuel Régent. Une expérience exigeante et enrichissante!

Dans une approche contextuelle fidèle à sa démarche, Emmanuel Régent investit tout l’espace de Chez Robert, pour y révéler un pan de monde énigmatique, entre visible et invisible. Esse est percipi affirmait Berkeley* : les choses n’existent que par et dans la perception que l’on en a. Partant de ce postulat, Emmanuel Régent construit une proposition dans laquelle le fil tient lieu de fil d’Ariane. Compression, extension, prolifération, se donnent à voir, existent donc, dans la singularité et la puissance illusoire de notre perception. Ici, Chez Robert, plus que nulle part ailleurs, le monde de la matière est un monde d’apparitions. Les volumes, les rapports d’échelle, les lumières, les textures : il n’y a de spectacle que pour un regard.

Un écheveau de fil translucide comme un all-over sculptural. Une masse mystérieuse comme une astéroïde, volumineuse et dense. Une file d’attente en wall-drawing, qui s’étire sans fin le long des murs de la galerie. Trois phénomènes, au sens le plus pur, trois manifestations, trois (non-?) évènements qui, produisant des tensions entre les différents plans de cette proposition, -tensions dans lesquelles se mêlent le virtuel, le réel, le contingent et l’absurde-, nous enjoignent de laisser se dévoiler à nous un monde, ce monde dont on n’avait pas idée.

 

 

* George Berkeley- Philosophe irlandais (1685-1753) – in Principes de la connaissance humaine (1710)



Pour découvrir l'exposition, il faut aller Chez Robert: www.chez-robert.com, et prendre le temps de bien cliquer où il faut sur les images.

"Une partie d'un monde auquel, dit-il, je ne croyais pas"
Emmanuel Régent
du 12 septembre au 13 novembre 2009
www.chez-robert.com

Le projet Chez Robert reçoit le soutien de la DRAC Franche-Comté


Les autres actualités d'Emmanuel Régent:

6 ARTISTES SE LIVRE(NT)
Une proposition d' Adrien Pasternak

Gayle Chong Kwan, Marie Denis, François de Gourcez, Rossy de Palma, Michelangelo Penso, Emmanuel Régent

Exposition du 15 septembre au 31 octobre 2009,
Galerie Kernot
14 rue Saint-Claude75003 Paris

Showroom de la galerie Le Cabinet
dans le cadre de l'exposition

"PARSLEY, SAGE, ROSEMARY AND THYME"
de Jean-Joseph Renucci avec Damien Berthier dans la pièce (sous sol).
Du 12 septembre au 10 octobre 2009
Le cabinet- 62, rue Saint Sabin 75011 Paris

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11 septembre 2009 5 11 /09 /septembre /2009 22:15

 A l'occasion de l'ouverture de l'exposition d'Emmanuel Régent Chez Robert (www.chez-robert.com) demain, dont je suis commissaire invitée, je réédite ici le texte que j'avais écrit en 2006 sur le travail qu'il avait présenté à la Fondation Suisse de la Cité Universitaire

La Fondation Suisse de la Cité Internationale Universitaire, bâtiment classé signé Le Corbusier, reçoit, dans le cadre de ses « Cartes Blanches », les sculptures, peintures et dessins du plasticien Emmanuel Régent. Une rencontre forte et subtile.

 

Une visite architecturale

 

Choisir d’aller découvrir le travail contextuel d’Emmanuel Régent, c’est d’abord prendre le temps, en ce printemps tardif, d’une promenade étonnante au cœur d’un ensemble architectural unique à Paris, la Cité Internationale Universitaire. Ici sont érigées, dans un écrin de verdure de plus de trente hectares, trente-sept maisons et résidences universitaires comme beaucoup d’étudiants en rêveraient. Construites entre 1925 et 1969 dans l’esprit d’un rapport d’échanges pacifiés des nations, chacune offre une architecture originale, comme la maison suédoise, réplique d’une demeure bourgeoise typique, celle du Japon, comme une pagode, et parfois impressionnante, à l’image du bâtiment de la fondation belge, la Fondation Biermans Lapôtre. Une véritable ville dans la ville, et un kaléidoscope passionnant des architectures du Xxème siècle.

 

Parmi elles, la Fondation Suisse, comme d’ailleurs la Maison du Brésil (fruit d’une collaboration avec Lucio Costa), est l’œuvre du suisse Le Corbusier. De taille modeste, et réalisée dans les années 30, on y trouve pourtant déjà tout le vocabulaire de l’homme des Cités Radieuses : simplicité géométrique et courbes organiques, béton brut, pilotis, toits terrasses, plans libres, baies vitrées. Un chef d’œuvre architectural dans lequel sont toujours hébergés, au milieu de pièces de mobilier signés Charlotte Perriand, de chanceux étudiants helvètes, conservant ainsi sa vocation de « machine à habiter ».

 

C’est donc ici, dans le cadre d’un programme régulier d’évènements culturels parrainés par la Fondation, qu’Emmanuel Régent, jeune artiste plasticien vivant entre Paris et Villefranche-sur-Mer, est venu tenter un dialogue in situ avec l’œuvre forte et « affirmative » du Corbusier.

 

Une présence discrète

 

Le travail d’Emmanuel Régent s’inscrit de manière récurrente dans une réflexion poétique sur le visible et l’invisible, l’apparition et la disparition en même temps que sur l’aléatoire et l’indéterminé. Son travail, pouvant convoquer tous les supports, avec une prédilection pour le dessin et la peinture, est souvent contextuel et participatif et toujours sur le fil ténu de la transparence.

Ainsi, en 1999, il réalise « Buées » : des carrés de plexiglas montés sur de fines tiges d’acier. Le spectateur, en soufflant sur le plexiglas (idée qui ne lui vient que par analogie, intuition ou vaguement guidé par l’inscription technique « souffle sur plexiglas ») fait apparaître, plus ou moins visiblement selon les conditions de lumière et de température, forcément contingentes, du moment, des formes géométriques. Révélées par le souffle et s’évanouissant avec lui, carrés, étoiles ou triangles ne se mettaient à exister fugitivement que sous les auspices conjugués de la météo et de l’intervention du visiteur. Et beaucoup, dit l’artiste, passaient à côté de « Buées » sans y voir autre chose que la transparence, non-évènements à la George Brecht.

Ici, au Pavillon Suisse, la discrétion des installation d’Emmanuel Régent, entre art minimal et arte povera, répond en douce à la puissance tutélaire du Corbu. Et c’est d’abord à un jeu de piste que nous convie l’artiste, à la recherche de ces presque-rien qui signent sa présence.

 

Sur les pilotis extérieurs du bâtiment, trois dessins à la craie blanche sur le béton gris, comme ces croquis d’architectes tracés rapidement « sur le mur de béton brut d’un chantier », s’offrent au regard attentif. Les passants pressés ne les remarqueront peut-être pas, intégrés qu’ils sont au paysage urbain, où les murs, entre tags, graffitis et pochoirs, sont devenus un terrain familier d’expression spontanée. Le promeneur y verra l’œuvre d’un habile dessinateur et l’initié, quelques discrètes références à l’œuvre de l’architecte, comme l’os du chien du troisième pilotis, rappel de la forme organique de ce dernier, si l’on sait que les ossements conservés dans son cabanon de Roquebrune avaient inspirés Le Corbusier pour certains éléments architecturaux. Bientôt, dans quelques jours, quelques semaines tout au plus, les intempéries auront fait leur œuvre et les dessins disparaîtront, absorbés par les éléments.

Dans l’entrée du bâtiment, près des escaliers, deux peintures apparemment monochromes semblent avoir toujours été là. Pourtant, en s’approchant, au gré de la lumière rasante, on devine les traits d’un visage :  il s’agit en fait de portraits, presque imperceptibles sous la dernière couche de couleur en aplat. Ni cartels, ni explications. Cette absence de repères est volontaire : pour l’artiste, l’attention, le questionnement du spectateur, sa patience face au « temps de l’œuvre » importent autant que sa participation à l’émergence de l’œuvre. Seul l’intéressé se reconnaîtra, peut-être : les portraits sont ceux de Thomas Rebutato, artisan niçois reconverti en patron de « l’Etoile de Mer », guinguette contre laquelle s’appuyait le Cabanon, à Roquebrune, et qui se lia d’amitié avec son client Le Corbusier, au début des années 50, à la faveur de son grand projet d’ « Unités de vacances » sur le Littoral méditerranéen. Un hommage très…discret.

Puis, dans le salon courbe, auquel la fresque murale peinte par Le Corbusier en 48, en remplacement du mural photographique détruit pendant la guerre, et le mobilier, signé Le Corbusier et Perriand donnent une atmosphère unique, plusieurs installations s’intègrent presque naturellement dans l’espace. « L’autre jour », sculpture-éventail composée d’un support rotatif de 50 dessins sur un socle en bois, présente des images simples, parfois inachevées, réalisés à partir de photos, d’images captées sur Internet, de croquis nés du quotidien de l’artiste. Parfois, deux dessins en transparence en créent un troisième, ici ou là, se font les liens entre les images, l’architecture, le monde technique et industriel ou le principe de rotation. Une seconde installation du même type, mais sur un support de bois plan, et un hommage à l’architecte et à sa fin tragique – que je laisse au visiteur le soin de découvrir- complètent le dispositif.

Enfin, à l’étage, la « chambre témoin », dont le mobilier d’origine de Charlotte Perriand a (hélas ?) vraisemblablement inspiré des milliers de chambres d’étudiants de part le monde, devient le théâtre de petites apparitions. Ici encore, le parti pris d’intégration maximale de l’artiste au lieu rendent ses interventions anti-spectaculaires. Un caillou recouvert d’aluminium posé sur une étagère réfracte la lumière, chère au maître, pénétrant par la baie vitrée. Une série de peintures-sculptures, plaques de bois laquées de bleus s’empilent sur un élément mural comme des livres d’étudiants. Associées ou dissociées, ces œuvres révèlent ou dispersent leur secret…

 

Un art « économique », comme aurait dit Corbu, qui, loin des machineries spectaculaires et des images tonitruantes, impose sa présence en douce jusqu’à l’effacement, jusqu’à l’évidence.

 

Emmanuel Régent au Pavillon Suisse

Jusqu’au 28 mai 2006

Cité International Universitaire

7k, Boulevard Jourdan 75014 Paris

www.fondationsuisse.fr

Exposition organisée par Maribel Nadal Jové


Texte publié sur www.lafactory.com  en 2006

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10 septembre 2009 4 10 /09 /septembre /2009 23:03

From the sidewalks of the cities to the walls of art galleries, Zevs reacts to the city signs and to the codes of consumerism. His work deals with the public area as well as with what art represents and the relation between art and the consumer society. Zevs was only twelve years old when he started making graffiti on the walls of his neighbourhood.

He first sprayed his name on the walls, as if he was marking his territory. Then there was a reaction to the advertising saturation, perceived as coercive.. All this finally opened to a reflection about what living in cities nowadays is like. Little by little, he sketched out a really original graphic, plastic and semantic language. Today, Zevs is widely contributing to the recognition of street art as an essential form of contemporary art. Even though just a little bit older then 30, he was able to find his place in European galleries, but he still goes on working in the street. The street, as Daniel Buren said in the 60s, remains his real studio. 

 

Zevs, like many French graffiti artists, inherited the hip-hop and graffiti culture from when it emerged in New York during the 70’s, until it was exported to the European capitals in the 80’s. But there is no doubt that he has been part of this New Wave of artists who have come from the graffiti universe, who knew how to  synthesize differents genres. At the crossroads of  street art and underground art, his work also deals with the pop culture, the cinema, anti-authority culture, painting and Art History. 

He is also a part of  the interest that the French had for graffiti as a ephemeral form of art brut, long before the first writers in the New Yorker subway. In 1960, Brassaï, a French photographer of Hungarian descent, published a book called “Graffiti”, in which Picasso took part. And when at the end of the 90s, Zevs ironically wrote in “Proper Graffiti” – a technique he forged, consisting in using a high pressure water blast that removes the grime on the wall for writing clean- “I mustn’t dirty the walls of my town”, this is evocative of  the militant graffitis that appeared  in  May 1968, on the walls of Paris, such as “It’s forbidden to forbid”. Seen as an “an urban guerilla artisan ”, Zevs, through his interventions, preaches a critical, structured and tough activism.

 

The first thing that gets our attention in Zevs’s work is of course the way he plays with the street art codes to appropriate the city walls, it's vocabularies, its logos, it's architecture and it's street fittings. He perpetuate them, reveals their flaws and finally leaves his trace. But Zevs’s statement is transversal. It unfolds between several subjects and several territories: those of communication and advertisement in itself, that he turns inside out and perverts the codes, such as in the “Visual Attacks”, in 2000 or in the “Liquidated Logos”, now; those of the theater, the happenings and the performances; those of the art video at the edge of the documentary film; and finally those of the cinema, between blockbusters and experimental movies.

 

It all began like a teen movie. An alternative teen movie. From the window of his bedroom, the teenager saw some graffiti artists writing on the fences of a wasteland. At twelve years old, the kid, who wasn’t  Zevs yet, was making graffitis on his way to school, on the walls of his neighborhood. When he was arrested for the first time, the Parisian police treated him like a real little criminal, keeping him a few hours in the police station. He still remembers that. Subsequently he was arrested a dozen times, until he decides not to get caught again. But, all these misadventures gave him the taste for  a kind of cat and mouse game with the police, but an aesthetic one. The police aesthetics, the thriller or film noir codes, with their crimes and their serial killers, became something like a gimmick and this started to be a sign of his presence.

Zevs-the-outlaw commits artistic offences, and the street becomes the wider scene of the crime.

 

The crime scene: a street, at night.

The weapons of the crime: some white road paint, a brush.

The crime: At nightfall, Zevs went hunting in the city. At the end of the 90s, Paris was “overpainted” with graffiti. Zevs tried to find other surfaces than walls to leave his trace. He embarked on a quest to find another place in town. Finally he chose the most unnoticed place in the city. He started capturing the shadows of the town, by outlining the ghostly presence of the Parisian architecture and of the street fittings under the street lights. These “Electric Shadows” (1998-2001) perpetuated what already existed: the traffic lights, the monuments, the bridges and even sometimes the passers-by. These bright white lines on the asphalt show their potential unseen presence to people's eyes. When he revealed this invisible mirror image of the street, Zevs, the so-called “Shadow Flasher”, opened up some new territories and captured a slice of the evanescence of the city. In the daylight, these white shapes meant nothing. It was a kind of graphic and furtive poetic. Sometimes, his Shadows were political ways to talk about the contemporary urban reality. One night in New York, he caught the shadow of a sleeping homeless person, a shadow among the shadows. At other times, a kind of impressionism, a cinematographic way to catch the night time urban atmosphere which could recall unsorted images of films from Cassavetes, Scorsese, Jarmusch or from French thrillers.

When he was working on his Shadows, Zevs used to close the area with a plastic tape like the police : “Crime Scene- Do not cross” becoming an “Art Crime Scene – Do not cross”. As strange it may seem, few people, nor even the police, found this unusual.

When Zevs finished his work by taking photos of it, it was of course to keep traces before the clean-up crews would get rid of it. But he also thought about Weegee the Famous, this photographer who was shooting  bloody crime scenes....Art crime is his business...

 

Zevs likes to play with the cinematographic codes, and there is nothing more photogenic and more cinematographic than a city at night. For him, the city is not only a support, a playground, but also a full character, a protagonist in the story that he is writing.

Like in a film noir, the city at night is an atmospheric backdrop, which is a recurrent preoccupation for the artist. Zevs’s work constantly deals with shade and the light, the day and the night, the visible and the invisible. As a criminal would leave some clues in his flight, he leaves behind him in his night wanderings more or less discernible traces, which are revealed.

Night disclosure in the black light for his « Invisible Graffiti »- For three years, Zevs has tried out this special kind of graffiti made with fluorescent paint that can only be seen under black light, artificial or UV-filtered light. He outlines the cracks and the rifts on the building walls, uncovers the scars of the town, and streaks the architecture with electric lightenings. He performs large-scaled “Invisible Graffiti”, such as on the façade of the Glyptotek Museum in Copenhagen.

 

But there were some times when the clues were bloodier. One night in 2001, Zevs changed into a serial killer, a serial ad-killer. He started to shoot methodically and equally men and women, provided that they were handsome, unlined and dehumanized by the magic Photoshop. A red splash sprayed right between the eyes of the models on the commercials, with dribbles of blood-red paint dripping on their faces. The sabotage is efficient. The “Visual Attacks” are frontal attacks against the omnipresence of advertising in the urban landscape as well as a manner to mark off its huge power of suggestion. Doing this, he disrupts the trade reading of the image and obstructs the identification of the passer-by with the bloody model. So Zevs hijacks the power of the image to his advantage.

Street by street, he left in his course the bodies of top models, executed in the cause of  rejecting of all conventional lifestyles. As a signature, he left on the poster a photo of himself masked, just to taunt the police. In 2008, he reoffended with the “Visual Rapes”. This time the attacks were aimed at the icons of our world where everything becomes Pop: Marilyn Monroe or Mona Lisa, Che Guevara or Albert Einstein, Columbo or Superman. The photographs were stolen from the Internet. Their faces were obliterated with a flash-effect in Photoshop, but we know them so well that we still recognized them. However they were no longer images, but blurred depictions, shades, shapes.

Zevs is a dangerous mass culture killer. He knows the meaning of what Roszak called “Counter-culture”.

 

His artistic expression is an opposing force based upon the power itself. “ As in Aikido, I reverse the power to change the flow to my advantage”, he often says.
One of his most significant works about this reversed power is the “Visual Kidnapping”, written like a thriller.

The « Visual Kidnapping » was a lengthy performance that began in Berlin, in 2002 and finished at the Palais de Tokyo, in Paris, in 2005. A fifteen by fifteen meter poster on the Alexanderplatz. An eight-meter girl, muse of the coffee brand Lavazza. Later, Zevs will tell to the French newspaper Libération: “Armed with my scalpel, I climbed the front of the hotel where the Lavazza poster was boarded. An hour and a half later, the hostage was mine and I left the place, leaving behind me a hole in the poster and a sentence: VISUAL KIDNAPPING- PAY NOW!”. A paper chase began between the brand and the artist. He demanded a ransom of 500 000 Euros, which equalled the cost of a marketing campaign. The German subsidiary company filed a complained against X. On the Alexanderplatz, people were coming to look at...the hole in the poster. A few days later, he showed the Lavazza girl at the Rebell Minds Gallery, a few meters close from the kidnapping scene. The day after, the police turned up but Zevs had already left Berlin, with the hostage folded in a suitcase. For months, he sometimes showed, sometimes hid the hostage. Finally, he sent to the company CEO, an anonymous letter of ransom. On a Website and at the Patricia Dorfmann’s gallery, in 2004, people could vote whether or not the hostage was to be executed. In 2005, after numerous negotiations, an agreement was found between Zevs and Lavazza, who would give to the artist a fake check. In the form of a happening, this conclusion was justifiably seen as a hijacking of an anti-ad subversive strategy turned into a huge media event for this brand that proclaimed “Express Yourself”! In Germany, the “Visual Kidnapping” inspired others activists , who kidnapped many others ads.

 

Zevs learned from this experience. He started to distanced himself  from the brands. Since then has attacked the logos, to “liquidate” them, many luxury labels have contacted him, but he has always turned down their proposals. He maintains that position  when he liquidates, in his gallery in Zurich, the logo of Vuitton re-designed by Murakami. The “Liquidated logos” began in Berlin, in 2005, with a Nike swoosh, then with the logos of Coca-Cola and Mac Donald’s. Now he works on the logos of the luxury trademarks, that he duplicates in order to liquidate them in the galleries. Making them liquid, Zevs visually attacks their symbolic function. He develops his critique by further  examining the power and the promotion of the advertising signs. A keynote of a brand identity, the logo durably interferes in the people’s emotional landscape. It’s an extremely efficient “silent buyer”. When he liquidates the well-known logos of Chanel or Vuitton, Zevs attacks a network of signs (of identification), of  (social) codes, of meanings and of emotions. A logo digests a world. By a suggestive opposing force, its metamorphosis by being liquidated brings to mind over consumption, the tyranny of advertising, apparences and the vulgarity of ostentation. At the same time, Zevs clearly keeps the ambivalences when he appropriates the logo to produce his work and when he gives to it a new aesthetic. By doing this, he confirms the logo is an aesthetic object.

 

The liquidation performed in Honk Hong in 2008 is probably one of the most interesting ones. On a stage, the artist starts by tattooing the logo of Chanel on the naked back of a woman. The image of this very famous acronym, so exciting for so many women, the letters bleeding on her waist, is extremely striking and efficient. It reminds us of Man Ray’s violin. It recalls an Ingres’s bathing beauty that would make us think that voluptuousness would be no more to nudity than the brand that clothes her. It’s also the violence and the sensuality from Peter Greenaway’s “Pillow Book”.

 

According to Zevs, every artistic space – both literally and figuratively- is a possible space for a performance, a story, a scenario. Most of his projects, the films he makes from them are always meticulously written and cut. For example, the film that relates the story of the “Visual Kidnapping” is written like a thriller, and even the documentary film talking about his exhibition at the Glyptotek Museum in Copenhagen keeps us in suspense. One of his last photographic series, called “Cold Traces”, shows some strange foot steps in the snow. Zevs says: “I was walking alone in the mountain with a red spray can in my bag. So I was wondering what I could mark in this new and immaculate territory. After two hours of walking , I turned around and saw my traces in the snow. Then I had the idea to paint them and so to prolong them and outline what already existed.”. These blood-red foot steps in the snow throw us into a frightening atmosphere, with a premonition of violence: something between “Fargo”, “A simple plan” and the Parcival Everett’s novel “Wounded”. “I also thought about “The Shining” “, Zevs says, and at the same time, he also thought of a Rothko’s painting, with the blurred outlined red watered down in the bluish snow.

 

Zevs’s work devellops like a baroque and heroic opera, it's very theatrical.

 

Zevs totally assumes  this dramatic dimension to his work. The choice of his name, Zevs, is the code-name of a suburban train that almost crushed him, one night when he was writing in a dark railway tunnel. But, the V instead of the U, the name of the Greek mythological god of gods refers to an other mythology, the mythology of the superheroes, which inspires the character that the artist has created. A yellow working jumpsuit, a leopard-printed scarf hiding the face, a hat, a pair of gloves: in his artistic life, Zevs is incognito and few people know the real face of this discreet young man. He’s Clark Kent and Superman. Moreover, the logo that he created crosses the graphics of the yellow triangle on the voltage transformer in the Parisian subway and the logo of the Siegel and Shuster’s Kryptonian hero.

« I wanted to create a role, a persona, and to work at a distance, behind this image”, he explains. It’s like a questioning about the representation and the distance. The artist, who was also an actor, knows what Brecht called the “distance”, this gap between what is given to see and what is real, this strangeness, stimulating people to think about the reality. Everything in his work as well as in the role that created deals with this gap. 

 

Like in Comic- books, is Zevs  an urban hero, produced by the urban jungle and the neurosises of the modern world ? Probably he is not. He remembers that in a story of Superman, when Superman gets in contact with the Kryptonite, he looses his strenght and his logo liquefies. Zevs owns a stone from somewhere else, called “Zevsonite”. At its touch, the trademarks dissolve. He uses the mythic power of the superhero to reverse its energy and to stigmatize the disintegration of the images and of the signs.

In fact, Zevs is nor a superhero nor an antihero. He’s a “counter-hero”. 

Article publié dans la revue JUXTAPOZ- September 2009 issue- Texte et traduction: Marie Deparis-Yafil- Remerciements à Richard Morgan et Stéphanie Yafil
Photos courtesy ZEVS - www.gzzglz.com

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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 20:40

Leo Chiachio et Daniel Giannone : un couple d’artistes argentins explosif et atypique. S’il fallait leur imaginer une filiation, ils pourraient être les enfants improbables de Gilbert et George, croisés avec Pierre et Gilles, dont les aïeux seraient Diego Rivera et Frida Kahlo. Chiachio et Giannone tiennent du duo anglais cette manière de se mettre en scène dans une iconographie incarnée, et du couple français, ce sens du baroque et de l’esthétique populaire. Ces artistes venus de Buenos-Aires ont acquis une grande notoriété en Amérique du Sud et leurs oeuvres brodées ont reçu de nombreux prix. Ces créations, extrêmement sophistiquées et délicates, sont à la fois ancrées dans des pratiques ancestrales et domestiques et, par leur manière sarcastique et kitsch de raconter leur vie, étonnement contemporaines.

 

Depuis leur rencontre une nuit de 2001, Leo et Daniel ne se sont plus quittés. A l’instar du mythe d’Aristophane, chacun a trouvé en l’autre sa moitié originelle, à tel point qu’ils considèrent leur vie d’avant cette rencontre comme étrangère, comme si leur réelle naissance datait de ce soir-là, il y a huit ans. Leur couple, fusionnel et gémellaire, forme une unité créative, un tout un et unique, une communion puissante qui nourrit leur art entre quotidien et fantaisie absolue.

 
Impossible, sitôt qu’on s’approche du travail de Chiachio et Giannone, de ne pas être saisi par l’époustouflante richesse de leurs tableaux brodés, l’extraordinaire profusion de points et de motifs, la complexité des compositions, le raffinement des fils de coton et de soie multicolores, la diversité des textures, à laquelle s’ajoutent pompons,  applications de tissu,  incrustations...le toute dans une opulence et un souci du détail extrême.

Obsessionnels, ils brodent minutieusement chaque après-midi, de 14h à 21h, tous les deux penchés sur la même pièce de tissu, en écoutant à la radio les telenovelas, partie intégrante de la culture populaire sud-américaine, dont les histoires à l’eau de rose imprègnent de kitsch leur travail. “Il arrive un moment où tout ce qu’il y a autour disparait”, raconte Leo Chiachio, et il ne reste plus que l’aiguille, le fil, Daniel, la radio en fond sonore, durant des heures. Une sorte de prière, un rituel ordonné, un sacrifice joyeux. Sous leurs doigts naissent alors petit à petit les plus somptueuses broderies, contrastant avec la simplicité rude de leur support, des pièces de coton, glanées sur les marchés du monde, récupérées, souvent de simples mouchoirs de toile brute, comme celles, bon marché,  présentées à la School Gallery, utilisées par les classes sociales les plus pauvres et les plus laborieuses. Dans cette réminiscence d’Arte Povera, la toile devient le miroir de leurs fantasmes, de leurs jeux, de leur vie ensemble.

Car Chiachio et Giannone, d’une certaine manière, ont huit ans. L’âge des jeux de rôle et de la comédie. Ils se mettent en scène dans leurs tableaux brodés comme dans des jeux d’enfants : on dirait qu’on serait samouraï, indien guaraní, tigre ou panthère, empereur ou encore on s’amuserait à  être El Pombero, l'esprit de la malice*. Si le jeu est moteur dans leur travail croisé, il apparaît, au-delà de ces enfantillages, une volonté de dissoudre les frontières entre « Arts majeurs » et « Arts mineurs ». Héritiers d’Arts & Crafts, ils mixent les genres, les époques, les histoires, entre art et artisanat, culture et culture populaire, mythes et réalité contemporaine, futilité de la mode et sérieux de l’engagement politique.



Toutes les inspirations sont bonnes à leurs travaux d’aiguilles, qui sont pour eux autant de joyeuses fantaisies, d’une totale liberté. On y trouve pêle-mêle, sans hiérarchie des genres et de manière aléatoire : Madonna, Rufus Wainwright, John Galliano, Grace Jones, l’art guatémaltèque, les ponchos argentins, les estampes japonaises, la vie domestique, les déesses brahmanes, le théâtre Kabuki, les magazines porno gay, Farah Fawcett, la queer culture, Mishima, les soap operas brésiliens, les B-movies, les gossip magazines, American Idol, Vivienne Westwood, Pasolini, Kitano, Bruce LaBruce ou Hiroshige...Toutes les fantaisies sont possibles, rien n’est interdit.

Ce métissage extrême, expliquent les deux artistes, est l’essence même de Buenos Aires, une ville cosmopolite, où se rencontrent des gens et des cultures du monde entier. Ainsi peut-on dire que leur travail parle de chez eux, de Buenos Aires, de l’Amérique du Sud, comme un témoignage de la créolisation du monde, de la réalité contemporaine du « tout-monde », pour reprendre l’expression d’Edouard Glissant.


A la différence de leurs aînés britanniques, et à l’ère du numérique et de la haute technologie appliquée à l’art, Chiachio et Giannone ont choisi les techniques les plus artisanales, la broderie, la céramique, qui demandent un travail manuel, concret, et de la lenteur, de la persévérance. Peintres de formation, ils ont su transposer leur sens de l’image dans le langage de la broderie, activité marginale, à plus d’un titre. La broderie, c’est d’abord cette activité habituellement dévolue aux femmes. Ainsi se rappellent-ils la légende de la reine Mathilde brodant la tapisserie de Bayeux, relatant l’histoire de son époque, ses guerres ses batailles. Ils pensent aussi aux femmes de la région de Mendoza qui brodèrent les drapeaux aux armes du général José de San Martín, qui libéra l’Argentine du joug espagnol au 18e siècle. Ce sont d’autres batailles que racontent parfois, entre imagerie kitsch et glitter, les broderies de Chiachio et Giannone: dans une sorte de « militantisme de l’aiguille », ils narrent la difficulté d’imposer le raimbow flag dans des pays, dont l’Argentine fait partie, où l’homosexualité est encore taboue, et rendent hommage aux morts du Sida. « Etre ouvertement et visiblement gays », disent-ils, “c’est s’affirmer acteurs du changement, et de l’Histoire.” Ainsi donc en se « soumettant » à cette pratique à la fois féminine et « archaïque » au regard des médiums artistiques contemporains, il choisissent une technique marginale comme un processus de réintégration, dans ce foisonnement de références et d’inspiration, de toutes les marges dans leur diversité culturelle, ethnique, sexuelle ou sociale.


Le monde de Leo Chiachio et Daniel Giannone est un peu fou. Et le portrait de cette folie créatrice ne serait complet si on ne savait qu’en réalité, il existe un troisième membre à ce couple déjà hors du commun. Leo et Daniel ont un fils, Piolín. « Dans nos œuvres », expliquent-ils, « nous parlons de nous-mêmes, nous sommes toujours les uniques protagonistes. Et dans nos vies, il y a Piolín. Nous sommes une famille. » Piolín est un mini daschung, fils-mascotte présent partout sur les toiles. Mais Piolín est plus qu’un animal de compagnie ou qu’un modèle. Piolín a un destin unique car il est devenu, en quelques années, un important collectionneur d’art. Plus de 150 œuvres d’art offertes par des artistes, argentins mais pas seulement, toutes proportionnées à l’animal et en rapport avec Piolín ou son monde. Le plus sérieusement du monde, le chien possède son propre musée, le MUPI - MUSEO PIOLIN et sa collection a déjà été présentée plusieurs fois au public ! Lorsqu’elle est exposée, la collection est montée à hauteur de l’animal et pour l’admirer, il faut donc se mettre à sa hauteur...et changer de point de vue !

 

Sans aucun doute, Leo Chichio et Daniel Giannone ressuscitent à leur manière le « real maravilloso » cher au surréalisme, offrant à nos regards émerveillés, dans une expression artistique unique et avec un zeste de folie, les images du syncrétisme culturel d’un monde  aujourd’hui nécessairement métissé.

 

 

 

* Dans la mythologie guaraní, et dans les légendes populaires du nord argentin, El Pombero était  considéré comme un génie protecteur des oiseaux de la forêt. Toutefois, le mythe a évolué vers un personnage turbulent, qui met du désordre partout où il passe, et possède d’étranges pouvoirs : se métamorphoser en n’importe quel animal, imiter le chant des oiseaux, devenir invisible, rendre une personne bête, muette ou victime de tremblements, se glisser à travers n´importe quel orifice. Comme Kurupi, un autre personnage de la mythologie guaraní, on dit que le pénis d’ El Pombero est capable de s'étendre en passant sous les portes, les fenêtres et autres ouvertures d'une maison, et ainsi féconder les femmes endormies. Pombero et Kurupi servaient ainsi souvent d’explication aux femmes adultères afin d'éviter la colère de leurs maris, ou pour expliquer des grossesses de célibataires ! Dans le nord de l’Argentine, il est courant de voir des offrandes de tabac à mâcher, de miel ou de bouteilles de canne, laissées près des maisons pour gagner son amitié...


 

Photo 1: Invitation School Gallery- Photo 2: PIOLIN - Photo 3: 5ème Biennale Internationale de l'Art Textile - "Desde lo textil: hacia nuevos territorios" - Palais de Glace- Buenos Aires, Argentine
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