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27 août 2014 3 27 /08 /août /2014 11:50

On y est presque!

c'est le moment de dévoiler l'affiche de "Liberté mon amour - Le prisonnier politique et son combat", signée Sébastien Marchal, pour l'exposition principale de la Fête de l'Huma, qui se tiendra cette année encore à la Courneuve, les 12, 13 et 14 septembre .

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Deux espaces dans cette exposition:

Un espace "art contemporain", que je commissarie rassemblera des oeuvres de Anne Bothuon, Nidhal Chamekh, Bruce Clarke, Mat Collishaw, Pascal Colrat, Dalila Dalléas, mounir fatmi, Jean-Marc Forax, Sandra Krasker, Estelle Lagarde, Gastineau Massamba, Kristine Meller, Ernest Pignon-Ernest, Mustapha Sedjal et Kamel Yahiaoui   autour du thème du prisonnier politique et de ses combats

Un espace à vocation plus documentaire, avec, entre autres, une photo de Jaafar Akil, des "Unes" historiques de L'Huma, la projection du film de Christophe Cognet « Parce que j’étais peintre, l’art rescapé des camps nazis » ainsi que de documents prêtés par l'INA, un ensemble de peintures de Léonard Peltier, le plus vieux prisonnier améridien du monde, des carnets de Boris Taslitsky...

Au cours des trois jours d'exposition, on retrouvera l'équipe des artistes des Soirées Dessinées en peformance au long cours, ainsi qu'une performance de Gastineau Massamba autour de son oeuvre "46664 Robben Island" avec la complicité de Stephanie Bintou Mbaye et Mel Malonga.

 

Plus de détails à venir...

 

"Liberté mon amour" - Le prisonnier politique et son combat

Fête de l'Humanité

Parc Départemental Georges Valbon - La Courneuve

12, 13, 14 septembre 2014

http://fete.humanite.fr/


 

 

 

 

 

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5 juillet 2014 6 05 /07 /juillet /2014 22:16

Dernière exposition de la saison, mais aussi pour les années à venir à la Galerie Talmart qui se met en sommeil tandis que Marc Monsallier part vers d'autres rives...

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5 juillet 2014 6 05 /07 /juillet /2014 21:40

Voici une de mes dernières publications...

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Le catalogue monographique de Yassine Balbzioui, édité par la Galerie Shart, Casablanca

Avec également des textes de Mohamed Rachdi, Nadine Siegert, Katharina Fink et Bonaventure Soh Ndikung

96 pages couleur - ISBN 2014 MO 662

(et un petit clin d'oeil façon "Les dents de la mer"...pour l'artiste!) 

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20 juin 2014 5 20 /06 /juin /2014 22:12

Une riche initiative du Musée de la Chasse et de la Nature, dans le quartier du Marais à Paris, que de demander à Jessy Deshais la réalisation de ce "wallpaper" -ici plutôt un "cupboard paper"- qui donne une autre dimension à cette salle du Musée!

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A découvrir au Musée de la Chasse et de la Nature

62 rue des Archives - Paris 3ème

Photo: copyright Sophie LLoyd pour le Musée

"Massacre de l'innocence" - Jessy Deshais, 2014 - Collection du Musée de la Chasse et de la Nature

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2 juin 2014 1 02 /06 /juin /2014 20:22

 

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Un escalier volant grâce à des ailes de libellules, un trophée d’hippopotame en bois qui, dixit une enseigne lumineuse en lettrage pop, fut « une yeye girl », des mini plaques funéraires pour légumes super héros défunts, un escargot de bois trainant sa chansonnette dans son sillage comme sa maison sur le dos, une forêt enchantée de tasseaux de bois garnis d’avantageuses bouches tout en dents blanches, une maison surplombée d’un rhinocéros en équilibre sur des échasses….Les œuvres d’Antonio Gagliardi semblent comme des énigmes, des rébus, des sortes d’haïkus, mêlant avec une poésie un peu folle l’organique et l’objet, le vivant et l’inanimé, dans un bestiaire extravagant, quelque chose de l’ordre du collage  - car comme dirait Max Ernst, « ce n’est pas la colle qui fait le collage », mais le regard-. Au premier abord, donc, toute l’œuvre de Gagliardi apparait comme une sorte de « fatras » visuel, au sens premier du terme, c’est-à-dire un équivalent plastique de ce genre littéraire né au moyen-âge, un poème de "non-sens"  cultivant l'absurde, le saugrenu et l'impossible, dans lequel toutes les distorsions, les discontinuités, les incohérences, les ruptures et les sauts « sémantiques » sont possibles. Antonio Gagliardi parait jongler avec les objets et les représentations avec autant d’aisance que d’imagination, sur le fil du dadaïsme ou du surréalisme, faisant partout surgir l’insolite.

Le goût du décalage, de l’absurde et du non-sens, et le sens de l’ironie (l’ Ironie du sortconstitue d’ailleurs le titre générique d’une partie de son travail) qui en découle, sont donc chez Gagliardi des données de base, les prémices évidentes d’une œuvre protéiforme et toujours en quête d’expérimentations et de tentatives nouvelles.

Puis dès lors qu’on admet le caractère a priori hétéroclite du travail de Gagliardi, on saisit que son travail s’inscrit dans un procédé particulier d’hybridation. Au propre – il n’est pas rare que ses œuvres témoignent d’un équilibre précaire- comme au figuré, il s’engage et nous engage dans un processus de déstabilisation au travers de multiples figures de l’hybride, s’inscrivant dans un registre où l’emprunt, le combinatoire, le mélange, ouvrent à des compositions, formes et figures inédites, une nouvelle dialectique des genres entre l’ordinaire et l’extraordinaire, le réel et le (l’) (im)possible, désordonnant et agençant autrement les catégories, cherchant à échapper à la logique des représentations. Il ouvre ainsi un vaste univers de potentiels de significations de ce monde complexe que nous habitons. 

Traversant toute l’histoire de l’art, la représentation de l’animal tient une place particulière dans nos imaginaires et nos cultures, notamment dans une perpétuelle tentative de saisir la frontière, soit-elle infime, qui sépare l’animalité de l’humanité, « cet animal que donc je suis », pour reprendre les mots de Derrida. Aussi, même placées sous le signe d’un humour presque potache, les hybridations homme-animal de Gagliardi, notamment dans la série photographique Gardiens de l’endroit (2007), dans laquelle l’artiste s’affuble de diverses prothèses animales (queues de requin, de tigre ou de crocodile) à la limite du déguisement d’enfant, expriment néanmoins un questionnement d’ordre ontologique et épistémologique, qui draine une bonne partie de son travail : quel passage, quelle ligne de démarcation de l’être au non-être, de l’objet au sujet, de l’inanimé à l’animé ? Partout la question du vivant en filigrane. De ce point de vue, les préoccupations d’Antonio Gagliardi réactivent les interrogations des naturalistes un peu oubliés des siècles passés, celles de Lamarck par exemple, père fondateur de la biologie moderne, qui, constatant le hiatus entre les corps physiques et les corps vivants, chercha à déterminer la spécificité du vivant par rapport aux objets inanimés qu’étudie la physique, mais aussi les analogies possibles entre le vivant et la machine.

Les expérimentations de Gagliardi, ses hybridations, ses collages de Dr Frankenstein (des légumes affublés de jambes en plastique de poupée mannequin) ou de néo Darwin fou, s’enquiert donc à la fois du lien ténu de l’homme à la nature, la possibilité d’un ordre des vivants mais aussi de la place de l’homme au sein de cette nature. La Série des greffes (2011) image ainsi comment le végétal pourrait prendre vie sur l’humain, comme une étrangeté botanique et zoologique - que l’on trouvait déjà dans J’aime les jacinthes d’eau (2003)-. L’hybridation homme-animal,  renvoyant à des représentations archaïques et au fantasme de la « bestialité », ou l’hybridation homme-machine, sont des classiques de l’art, de la littérature, du cinéma…Plus rare est l’idée d’une hybridation homme-végétal, bien qu’elle renvoie de manière encore plus radicale l’homme à sa condition d’objet immanent de la nature, lié à elle de manière organique et vitale.

C’est aussi pourquoi, d’une manière différente de celle de Michel Blazy ou de Pierre Huyghe, Gagliardi intègre régulièrement dans ses œuvres des éléments du vivant, végétaux mais aussi larves, mouches, pintades ou poissons rouges. Et si ses œuvres prennent parfois l’allure d’un biotope, c’est aussi sans doute parce que, comme le dit Huyghe de certaines de ses propres œuvres, “Le vivant introduit de l’accident, de l’imprévu”, perspective qui ne peut que séduire et réjouir l’iconoclaste qu’est Gagliardi.

De ce constant balancement de l’être à l’objet, de cette tentative de saisir le basculement de l’un à l’autre, de cette envie de « faire quelque chose avec le vivant », le travail de Gagliardi glisse alors vers la question plus franche du paysage, qui, comme on le sait depuis Marx, est le plus souvent un espace construit, produit du travail de l’homme, qui le façonne à son image. Dans le même temps, l’homme contemporain aura coutume de déplorer son éloignement de cette « nature ». L’artiste offre alors des dispositifs nous obligeant à nous immerger dans la nature, des sortes de « trou (s)  de verdure où chante une rivière»*, comme ce Faux plafond (2002), équipé de trous dans lesquels, en passant la tête, on découvre un paysage caché, une basse-cour avec des pintades vivantes, ou encore un Paysage portatif (2002), histoire de pouvoir assouvir à tout moment une envie de nature en le posant sur ses épaules, le visage à raz du gazon, ou encore des bottes-potagers ( Mon potager et moi (2002)), afin d’avoir les pieds dans la /sur  terre.

Cet intérêt pour la nature combiné à sa curiosité pour le vivant qui y croît conduit naturellement Gagliardi à un second glissement, le poussant vers une réflexion plastique sur la notion d’habitat et d’architecture. La conjonction de la cruciale question de l’habiter, du manque d’espace significatif des métropoles contemporaines (ses nombreux voyages en Asie auront pu lui montrer ce qu’il en est de la surdensité démographique) et de la manière dont la ville phagocyte peu à peu la nature pour s’étendre, conduit l’artiste, dans une partie de son travail regroupé sous le titre Besoin d’espaceà réévaluer la problématique de l’habiter, développant une réflexion autour de l’espace habitable, de l’architecture et de son lien avec le vivant, le corps, la manière dont il le protège,  l’épouse, le contient, le contraint ou le libère, et proposant de solutions plastiques inédites et, évidemment, insolites. Ainsi ses Maisons d’oiseaux, abritant de véritables volatiles, ses architectures mouvantes –maisons à l’équilibre précaire sans doute inspirées de ses voyages aux Philippines ou en Indonésie-, ses animaux taxidermisés, dans la série Sweet home (2012),  dont une sorte d’armure architecturale épouse et contraint la forme, ou encore ses Coquillages(2010), refuges de quelque crustacé décapode, améliorés de portes et fenêtres.

Antonio Gagliardi produit des objets sculpturaux mais n’est pas sculpteur, des photographies mais n’est pas photographe, dessine sans être dessinateur…Ce qui importe sans doute, est moins le moyen – le medium- que la création d’univers, des manières d’appréhender le réel, de questionner, avec une drôlerie et une ironie assumées, mais une poésie accidentelle, le conflit toujours présent, et sans cesse réactivé par la modernité, de l’homme avec son environnement. Une vision critique, donc, au sens propre, tentant d’évaluer en un tableau aussi réjouissant qu’inquiétant les possibilités et les limites d’une périlleuse humanité.

* d’après Arthur Rimbaud – Le dormeur du val

 

Photographie: Antonio Gagliardi - "Sweet home fouine", 2012 - Courtesy Galerie Porte-Avion, Marseille, Antonio Gagliardi

Antonio Gagliardi, catalogue- Avec des textes de Jean-Jacques Le Berre, Marie Deparis-Yafil, Céline Ghisleri et Anne Malherbe

Edité par la Galerie Porte-Avion, Marseille

ISBN 2-909101-31-2


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20 mai 2014 2 20 /05 /mai /2014 17:45

Hélas, il arrive parfois qu' une oeuvre, dans un transport malheureux, meurt.

Il arrive aussi parfois que des artistes ne manquant pas d'imagination er d'humour, décident de rebondir en en faisant l'occasion d'une création nouvelle.

Les assurances demandaient à Corine Borgnet la destruction totale du "porte peau", elle l'a fait, dans le cadre d'une soirée de performance pour le moins originale.

rip le"porte-peau"

et merci à corine pour ce dernier rebondissemnt, ce chant du cygne qui clôt, définitivement, l'aventure de "Au-delà de mes rêves".

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19 mai 2014 1 19 /05 /mai /2014 08:51

L'année dernière, j'avais été invitée par l'Association Carré sur Seine, dynamique association de galeries de Boulogne-Billancourt, à une lecture de portfolios d'artistes.

J'y avais d'ailleurs rencontré la photographe Nathalie Déposé, que j'avais ensuite invitée à participer à l'exposition "A nos pères" quelques mois plus tard.

Cette année, l'évènement a pris de l'ampleur, se déroulant sur deux jours et s'installant dans la très agréable Bibliothèque Marmottan de Boulogne-Billancourt.

L'occasion de rencontres, d'artistes, mais aussi de "collègues" de tous horizons...

Un prix "coup de coeur" des lecteurs a été attribué à Lyes Hammedouche.

 

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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 12:08

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Cela faisait un bon moment que l'on n'avait pas vu d'oeuvres de Zevs à Paris.

A l'occasion de la preview de son nouveau catalogue monographique, on pourra voir quelques oeuvres "rétrospectives" de l'artiste dans l'espace "La Vitrine AM", 24 rue de Richelieu dans le 1er, jusqu'au 24 juin. 

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10 avril 2014 4 10 /04 /avril /2014 16:24

A l'occasion de l'exposition personnelle d' Ilias Selfati à la Galerie Shart, à Casablanca (Maroc), un catalogue sera publié avec un texte que j'ai signé.

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"Sangrita" - Ilias Selfati -

Galerie Shart

Ouvert de 10h à 12h30 et de 15h30 à 19h30
Fermé dimanche et lundi

12, rue El Jihani, Casablanca
+212 05 22 39 49 80
info@galerie-shart.ma

Casablanca (Maroc)

Jusqu'au 10 mai 2014 

 

 

« SANGRITA »

Pendant longtemps, c’est en quelque sorte l’enfance, dans ses bribes de souvenirs, ses  images remontées de la mémoire, ses sensations, ses impressions…qui, d’une certaine manière,  fondait l’art d’Ilias Selfati.

D’abord, les sensations au contact de la nature. Il se souvenait des arbres, des chevaux que son père, cavalier dans l’armée royale, lui fit aimer dès son plus jeune âge. De cela il tirait un intérêt sans cesse renouvelé pour la représentation botanique ou zoologique, pour les plantes et les fleurs, les animaux, cheval ou scarabée, avec une poésie solitaire et mélancolique.

Il se souvenait de la lumière blanche de Tanger, des contrastes avec la fraîcheur sombre des intérieurs, de la chapelle peut-être de l’école catholique qu’il fréquenta enfant. De là, aussi sans doute, sa fascination pour la beauté des ombres, de son amour pour le noir, la puissance du noir, sous toutes ses formes et dans toutes ses nuances. Voile de noir sur noir, ou noir profond sur fond clair…Dans ses jeux d’ombres, Ilias Selfati s’ingénie à des matités absorbant la lumière, des contrastes la restituant, des clairs obscurs moins graphiques que délicats. « Le beau perd son existence si l’on supprime les effets d’ombre » écrivait Tanizaki*.

Il se souvient de cette Sœur de l’école catholique, qui peignait des aquarelles qui le fascinait, et des premiers pinceaux qu’elle lui offrit. Il n’avait pas encore 7 ans. Il se souvient, un peu plus tard, de Khalil Laghrib, son professeur d’arabe, peintre qui, dit-il, lui donnera “le sens du crayon et du papier”, et des livres d’art de la Bibliothèque nationale espagnole de Tanger. Quelques années plus tard encore, naturellement, il fera l’école des beaux-Arts de Tétouan, puis poursuivra par les Beaux-Arts de Madrid, où il se spécialisera dans l’art de la gravure et de l’estampe.

On retrouve aujourd’hui toujours l’empreinte profonde de cette formation dans son œuvre, dans la manière de traiter les sujets en formes élémentaires et dépouillées. Dans la palette des noirs, des silhouettes se dessinent, presque minimalistes. Les formes archétypales, parfois au bord de l’abstraction, semblent aspirer à dégager une essence des formes, comme une tentative de saisir « les choses mêmes », quel qu’en soient leurs variations réelles. Ses dessins, ses peintures dégagent ainsi un essentialisme subtil,  ambitionnant de tirer les images vers une forme de l’éternité.

Mais il serait réducteur de voir en Selfati un artiste tourné vers le passé, un artiste de la nostalgie et dont une partie de l’œuvre, sous les dehors calmes et paisibles d’une peinture « naturaliste » soit seulement propice à la méditation. Car Ilias Selfati est aussi, et surtout, un homme de son temps, résolument sensible à l’époque trouble dans laquelle il vit et que nous traversons. Sans concessions, c’est à elle aussi qu’il pense, car il n’entend pas s’y soustraire, laissant peu à peu venir dans sa réflexion , sa pratique et ses sujets quelque chose de plus en plus politique, engagé, et percutant .

Déjà en 2011, il avait réalisé une série dont le sujet, apparemment moral – « Les sept péchés capitaux »- laissait entrevoir le sens de sa démarche. Voici, par exemple ce qu’il disait de la luxure : “C’est quand il y a une force exercée sur l’autre. Je l’ai dessinée sous forme de crâne, c’est la mort dans toutes les guerres. C’est l’Irak, le Rwanda, c’est chez les militaires…C’est quand on perd tout respect pour la vie”. Ou encore, lorsqu’il décide d’exprimer « La colère » avec un pistolet plein cadre sur une toile d’un mètre carré, au fusain. Se dessine alors avec force quelque chose de l’ordre de la rébellion, d’une authentique colère contre le mépris de la vie, la violence et la guerre, qui, l’artiste ne peut l’ignorer, constituent pourtant l’indépassable horizon de l’action humaine. C’est encore révolver au poing qu’il apparait, en 2012, dans une exposition intitulée « Please, bring punk back » : sous l’optimisme désespéré propre à la culture punk à laquelle Selfati fait ici allusion, sourd l’urgence d’une révolte. Puis, en 2013, à Paris, avec l’exposition « Arrest », Selfati dévoile de manière plus explicite qu’il ne l’a jamais fait ce qui le préoccupe et l’agite, et le regard, d’homme engagé, qu’il pose sur le monde contemporain. Depuis quelques années, Ilias Selfati archivait des photographies, la plupart issues de la presse quotidienne espagnole, montrant des arrestations, photographies le plus souvent prises sur le vif et sans qualité plastique, constituant ainsi le matériau qui allait lui servir pour « Arrest ». Nous y voici, dans cette observation bien plus inquiète que désabusée de la violence humaine, et en particulier, et ce n’est sans doute guère un hasard, de la violence instituée, impermanente et sujette à l’arbitraire. Dans ces « arrestations », la contrainte des corps figurée par Selfati manifeste le fameux paradoxe de la répression étatique, dans le totalitarisme comme en démocratie, « violence légitime » dont les Etats détiennent le monopole, selon l’expression de Max Weber**.

Dès lors, en artiste engagé dans son temps, Selfati nous invite à observer le monde présent sous le prisme de son art, romantique à sa manière, plus mélancolique que nostalgique, d’un romantisme contemporain nourri de l’observation des dérives de nos sociétés, de la guerre à l’obsession de la sécurité, du terrorisme à l’impérialisme marchand contre le vivant.

Et voici donc « Sangrita », mot espagnol – Ilias Selfati, qui a vécu vingt ans en Espagne, est profondément hispanophone- signifiant « petit sang ». Un titre coup de poing, polysémique, qui parle du sang qui coule, sur les trottoirs des villes en guerre et sur les champs de batailles contemporains, nombreux…

 

Les œuvres en technique mixte sur toile (dessins, fusain, acrylique),  de grand format  ou plus petits,  sur carton ou papier aquarelle, offrent un panorama d’images de guerre et de violence, traités dans sa manière désormais habituelle, à partir d’images d’actualités, alternant avec des focus symboliques : une main, un poing, un revolver… Passées au filtre de son énergie créatrice et de son art, ces images « documentaires », presque méconnaissables en tant que telles, se voient transvaluées plastiquement et esthétiquement, Selfati cherchant à en exfiltrer la permanence.

 

Aujourd’hui, avec « Sangrita », Ilias Selfati franchit un pas supplémentaire, qui corrobore son intuition esthétique. Dans sa manière de traiter l’image, la tirant vers l’essentiel, vers cette permanence étrangère au flux médiatique, il sentait que cette question de la violence et de la guerre, qui le hante depuis si longtemps, n’est pas une question d’actualité. C’est un fait. Immémorial, résistant à tout progrès, quoiqu’on en dise ou espère, le fait de la guerre se perpétue. S’intéressant désormais davantage à la « nature humaine » qu’à la nature naturelle, il saisit comment infuse la violence, dans le quotidien d’une vie sociale et politique, la même violence depuis toujours, même sous les dehors les plus policés, celle dont parlait le philosophe anglais Thomas Hobbes, théorisant la fameuse locution de Plaute « homo homini lupus est »***.

 

Et pour appuyer cette intuition, Selfati cette fois ne se limite pas à des images d’actualité mais se réfère aussi à l’histoire, et à l’histoire de l’art – pour laquelle le sujet de la guerre est un sujet majeur- se référant, par exemple, à Lee Harvey Oswald, l’assassin de Kennedy, ou à l’œuvre "Quartier Chinois, Saigon, 1er Février 1968"de Yan Pei Ming, avec qui l’artiste partage d’ailleurs une certaine manière de conceptualisation du réel, ou encore le célèbre « El dos de mayo de 1808 en Madrid» de Goya, grand peintre de la cruauté humaine s’il en est.

 

L’art de Selfati atteint ainsi son point d’universalité, exhumant et réinscrivant par son trait la réalité souvent sombre de l’histoire humaine au plus profond de la mémoire collective.

 

 

 

* Junichiro Tanizaki, Eloge de l’ombre, 1933

 

 ** Max Weber, Le savant et le politique, 1919

 

*** « L’homme est un loup pour l’homme » (Plaute- Asanaria, puis plus tard, Thomas Hobbes- De Cive)

 

 

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8 avril 2014 2 08 /04 /avril /2014 19:22

 

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Beaucoup de communication et de presse autour de cette exposition, particulièrement fascinante, à l'Aquarium de Paris, au Trocadéro, qu'il faut à raison ne pas hésiter à aller voir, seul ou en famille...Pour une exploration en profondeur, des fonds marins, et de l'oeuvre parfois puissante, parfois délicate, toujours aux confins du vivant, de Lionel Sabatté.

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Merci à Lionel Sabatté et à l'Aquarium de Paris pour la visite!

 

"Fabrique des profondeurs"- Lionel Sabatté

Aquarium de Paris

5 Avenue Albert de Mun (Jardins du Trocadéro) - Paris 16

Jusqu'au 18 mai 2014

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