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3 septembre 2013 2 03 /09 /septembre /2013 21:25

Vendredi 6 septembre, à partir de 18 heures, il ne faudra pas manquer le vernissage de THE CURE, exposition personnelle de Corine Borgnet, à la Galerie Talmart...On pourra aussi participer à la performance "Le duel", un jeu d'échec grandeur nature, dans lequel les visiteurs seront invités à défier les forces plus ou moins obscures de la finance et de la bureaucratie.
En attendant, on monte, on monte!

 

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On s'interroge...

 

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mais cela n'empêche pas les promeneurs et autres visiteurs impatients de s'arrêter nombreux devant la vitrine de la galerie, investie pour l'occasion, et de passer la porte, toujours ouverte, de la galerie pour venir observer l'avancée des opérations en avant-première!

 

THE CURE

Corine Borgnet

sur une proposition de Marie Deparis-Yafil

Galerie Talmart

22 rue du Cloître St merri

Paris 4

 

du 7 au 28 septembre 2013 

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17 août 2013 6 17 /08 /août /2013 22:41

Ce sera sans doute un des premiers vernissages de la rentrée et c'est à ne pas manquer!

 

En attendant de retrouver d'autres oeuvres de Corine Borgnet, que j'ai choisies pour "Au-delà de mes rêves" (des infos très bientôt!), on va pouvoir découvrir, à la Galerie Talmart, le deuxième volet, ou la suite, de "Ego Factory", qui avait eu lieu à Montreuil à l'automne dernier.

 

Voici donc "The Cure", davantage réflexion sur la valeur curative du travail et sur ce "monde impitoyable" qu'est le monde du bureau, que clin d'oeil au groupe anglais de notre jeunesse!

 

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«  Dans la glorification du «  travail  », dans les infatigables discours sur la «  bénédiction du travail  », je vois la même arrière pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, ce qu’on sent aujourd’hui, à la vue du travail – on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir -, qu’un tel travail constitue la meilleure des polices, qu’il tient chacun en bride et s’entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l’indépendance. Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l’amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société où l’on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité : et l’on adore aujourd’hui la sécurité comme la divinité suprême. "

F. Nietzsche - Aurores (1881), Livre III, § 173 et § 206,  trad. J. Hervier, Gallimard, 1970.

 

 Après « Ego Factory », Corine Borgnet présente à la Galerie Talmart « The cure », le deuxième volet de sa réflexion critique autour du travail, de ses objets, de ses codes et de ses représentations, au croisement d’une réflexion sur la place de l’art dans ce monde sans pitié pour les rêveurs.

 

Corine Borgnet choisit ici d’offrir leur quart d’heure de gloire wharolien à ces sujets peu explorés dans la création contemporaine –celle-là même qui a pris la liberté d’une autre voie-, à tous les anonymes travailleurs, aux acteurs de la production de masse, aux pions sur l’échiquier, prisonniers d’un système hiérarchique qui, soyons en bien sûrs, veille sur eux…Ainsi tente-t-elle ici de rendre à ces invisibles, aux travers de ceux qui leur ont prêté leur dénuement générique et leurs visages, leur individualité, leur intégrité transcendée en œuvre d’art.

 

Voici donc l’artiste en prise avec les images de l’impitoyable univers du travail et de la vie de bureau, dont elle a justement choisi de fuir les codes et les contraintes, en lutte contre le glissement bureaucratique et souvent désenchanté du monde contemporain. Le projet de l’exposition « The cure » procède donc de cette position de résistance, mais aussi, comme le dit souvent Corine Borgnet, d’une lutte perpétuelle contre la perte de la liberté d’esprit et des rêves de l’enfance, cette sorte de « parenthèse enchantée », dans laquelle le principe de plaisir, source de tous les imaginaires, ne s’est pas encore heurté à la rationalité, au principe de réalité et aux nécessités économiques. Le détournement en matériau plastique du Post-it, qu’elle travaille depuis plusieurs années, pris comme symbole du monde de l’entreprise, s’offre alors comme une alternative, une ligne de fuite poétique, et parfois ludique, hors de cette ultime manifestation de la société du spectacle, pour reprendre la terminologie de Guy Debord.

 

Au travail bureaucratique, « moyen le plus rationnel que l’on connaisse pour exercer un contrôle impératif sur des êtres humains »*, au travail aliéné, selon la dichotomie marxienne, Corine Borgnet oppose le travail créatif qui est le sien, portant un regard acéré sur ce que le monde du travail peut avoir de déshumanisant. Ici, le visiteur se trouve happé par des pense-bêtes, listes et notes urgentes surdimensionnés, hanté par les corps nus de travailleurs rudes à la tâche, traités en Post-it, au lieu de revêtir le costume de leur fonction. lndividus réduits à l’état de force de travail, à une fonction aussi obsolète qu’un objet peut le devenir, réifiés. Corps vulnérables donc, et fragiles, aussi jetables et éphémères que des post-it usagés. Des Post-it humains. On les découvre, rangés dans leurs casiers comme des dossiers, le regard vague à la fin du labeur, le corps fatigué, avides de retrouver dehors cette partie de la vie gagnée pour avoir accepté d’en perdre l’autre partie, comme dirait Marx, tentant donc vainement de s’échapper de quelque prison, office men et working girls sans glamour, petite armée de spectres, parfois franchement inquiétants, crucifiés sur l’autel de la productivité, de la rentabilité et du travail bien fait, le tout dans l’univers rude et sans apprêt, ni open space ni plantes vertes,  d’une usine désaffectée.

 

Au sous-sol de la galerie, on découvre l’œuvre « The cure », une impressionnante composition de Post-it de près de 5 mètres de long. Chaque carré de papier coloré est griffé d’un signe, une figure elliptique, une ligne bouclée, que seule une secrétaire –une secrétaire old school, qui saurait encore prendre des notes écrites- pourrait déchiffrer. Car il s’agit là en fait du compte-rendu en Gregg shorthand, la technique de sténographie la plus courante aux Etats-Unis, d’une heure de thérapie. Réalisée après les attentats du 11 septembre, à une époque où Corine Borgnet résidait encore, avec sa famille, à New-York, « The cure » déroule ses 3600 post-it, un par seconde de thérapie à distance, minutieusement retranscrit d’après la conversation que l’artiste eut, à propos d’elle-même, de ses enfants, des New-York et des attentats vécus en direct, avec une thérapeute iranienne vivant en Suède.

 

On serait fort tentés de faire un parallèle entre le pouvoir de la thérapie sur le traumatisme et les vertus curatives de l’art sur un monde en crise. Schopenhauer ne disait-il pas lui-même que l’art est la plus salvatrice des illusions, l’ultime et nécessaire remède au pessimisme qui résulte inévitablement de l’intuition de l'essence du monde ?

 

A partir de cette intuition, Corine Borgnet s’efforce de transvaluer les affres et les totalitarismes plus ou moins insidieux du monde contemporain en œuvres d’art, dans un langage plastique abouti, avec force et lucidité, comme une échappée nietzschéenne.

 

 *Max Weber – Les catégories de la sociologie, tome 1 : Economie et société (1921) – Plon, 1971

 

 

THE CURE

 

EXPOSITION PERSONNELLE  de CORINE BORGNET

 

DU 7 au 28 septembre 2013

 

VERNISSAGE LE VENDREDI 6 SEPTEMBRE à partir de 18h

 

Avec

 

Une perfomance participative exceptionnelle

 

"LE DUEL"

une partie d'échec à taille humaine/inhumaine

animée par le collectif UME

 

GALERIE TALMART
22 rue du Cloître St Merri Paris 4ème

 

(Dossier de presse de l'exposition sur demande)

 

Photo: "Pôle emploi", 2012 - Copyright: Corine Borgnet - Prise de vue: Pierre Leblanc - Post production: P. Puisieux

Texte réalisé pour l'exposition

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12 août 2013 1 12 /08 /août /2013 11:15

Au coeur de l'été, quelques infos sur l'actualité des uns et des autres, en attendant le retour, pour très bientôt, de mon actualité, plutôt chargée!

 

Emmanuel Régent, qui viendra bientôt lancer un de ses "Plans sur la comète" dans mon rêve, n'arrête pas de l'été!

A voir, entre autres, dans:

 

REVES D'ARCHITECTURE- (un autre rêve! )

Exposition collective

JUSQU'AU 27.10.13
Espace de l'Art Concret
Château de Mouans
06370 Mouans-Sartoux
 
ALL THE WORLD'S STAGE
Exposition collective dans le cadre du projet
House to house de Jeanne Susplugas
JUSQU'AU 27.10.13
Centre d'art Le Lait
Moulins Albigeois - 41 rue Porta
81000 Albi
 
TRAIT SUR PAPIER 
Un essai sur le dessin contemporain
JUSQU'AU 23.10.13
Centre d'art contemporain
Place Pestalozzi
1400 Yverdon-Les-Bains - Suisse
 
 
 
Claire Combelles, qui poursuit aussi son rêve avec moi, présente, dans le cadre des Journées du Patrimoine les 14 et 15 septembre prochain, son projet "Fouiller le sac des filles", à l'ancienne mégisserie de Levroux.
Le vernissage aura lieu le 29 aout
 
 
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Camille Goujon, artiste que je viens de rencontrer et dont le travail très riche est passionnant, rejoint l'équipée de mes rêves avec une oeuvre...alléchante...à découvrir bientôt...En attendant, on pourra découvir son travail là:

 

MILIEUX

PARC DU DOMAINE DE CHAMARANDE,  jusqu'au 30 Septembre

http://chamarande.essonne.fr/camille-goujon-milieux-2013/


Avec aussi:  Bruit du Frigo, Gilles Bruni, Christophe Clottes, Olivier Darné, Nicolas Floc’h, Étienne de France, , Suzanne Husky, Nicolas Milhé, Liliana Motta, Laurent Tixador , Brandon Ballengée
Commissariat : COAL
 
Domaine départemental de Chamarande, 38 rue du Commandant Arnoux , 91730 Chamarande.

Pour venir:
RER C
, station Chamarande, à 200m du Domaine

N20, entre Arpajon et Étampes, sortie Étréchy-Chamarande

 

ULYSSE, L'AUTRE MER,  programmation Cinema

Une programmation cinéma associant deux films de Jean Epstein, en collaboration avec la cinémathèque de Bretagne, et une dizaine de vidéos d'artistes contemporains proposée au public sur les îles de Houat, de Sein, d'Ouessant, de Batz et à Saint-Briac sur Mer.

Avec aussi: Alessandra Piangiomore, Alora &Calzadilla, Julien Berthier, Hugues Reip, Ziad Antar, Marylène Negro, Martin Le Chevallier, Marcel Dinahet
Organisé par la cinémathèque de Bretagne, le Frac Bretagne
Commissariat général : Marcel Dinahet, Jean-Marc Huitorel, Catherine Elkar

 
http://issuu.com/fracbretagne/docs/ulysses-programme-web


AQUA VITALIS. POSITIONS DE L'ART CONTEMPORAIN
 ACTE 1, à l'Hôtel d'Escoville du 14 juin au 24 août 2013  - ACTE 2, au Palais Ducal du 15 septembre au 30 décembre 2013
Exposition présentée par l’artothèque de Caen dans le cadre du  festival Normandie Impressionniste 2013.

 

Avec aussi: Marie Aerts, Allora & Calzadilla, Kader Attia, Fayçal Baghriche, Yto Barrada, Taysir Batniji, Lionel Bayol-Themines, Daniel Beltra, Philippe Chancel, Florence Chevallier, Alexandrine Deshayes, Marcel Dinahet, Christiane Geoffroy, HeHe, Nick Laessing, Malik Nejmi, Lucy et Jorge Orta, Zineb Sedira, Studio 21 bis, Claire Tabouret, Barthélémy Toguo, Marie Velardi.

Commissariat : Claire Tangy, Paul Ardenne

 


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3 juillet 2013 3 03 /07 /juillet /2013 23:00

Deux artistes  de l'exposition "A nos pères" , qui dure jusqu'au 18 juillet !, sont mis à l'honneur cet été au Centre Culturel de Serbie de Paris, bel espace au coeur de Paris, face au Centre Pompidou. Brankica Zilovic et Bogdan Pavlovic, deux projets, Noir sur Blanc,  à découvrir dès le Vendredi 5 juillet!

 

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Du 5 juillet au 5 septembre 2013

Vernissage Vendredi 5 juillet à partir de 18h

La Galerie du Centre Culturel de Serbie est ouverte de Mardi à  Samedi de 11h30 à 18hAdresse : 123 Rue Saint-Martin, 75004 Paris Téléphone :01 42 72 50 50

 

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10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 21:44

A l'occasion de la quasi première exposition personnelle de Sasha Ferré, j'édite ici le texte que j'ai rédigé sur son travail.

Pour découvrir le travail de Sasha Ferré, rendez-vous du 21 au 30 juin 2013 chez SPARK - Interphone SPARK – 1er étage gauche - Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 18h et le week-end sur rdv- 06 14 56 40 34 - 

6 rue du Sentier, Paris 2éme-

Vernissage le 20 juin à partir de 18h30

 

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Le travail de Sasha Ferre s’esquisse comme une intuition poétique qui se déploie d’œuvre en œuvre, s’écrivant en douceur comme un manifeste contestant la frénésie productrice et démonstrative et l’esprit de spectacularisation d’un certain art contemporain.

 

Bien sûr, par sa pratique de la broderie et du travail du fil, Sasha Ferre s’inscrit dans une mouvance d’artistes plasticiens privilégiant ces médiums et répond à l’intérêt grandissant ces dernières années que suscite l’art textile. Cependant, la notion de « tendance » lui est étrangère, tant son ouvrage, évoquant tout à la fois la dimension artisanale des travaux d’aiguilles et la dimension domestique de l’ouvrage de dame,  se joue dans une dimension intime, dans lequel prime résolument le travail de la main.

 

Car pour l’artiste, un peu à la manière de Louise Bourgeois, la notion de domesticité, le monde familier et familial de la maison, la maternité, apparaissent comme des préoccupations essentielles dans son univers. Elle choisit ainsi de travailler sur les pièces d’une sorte de trousseau, linge de maison, mouchoirs précieux, napperons délicats, draps anciens, même en lambeaux, qu’elle rebrode de mots, de phrases aussi poétiques qu’énigmatiques, de signes, de dessins.

Cet intérêt est lié à la notion d’héritage, de transmission d’histoire et de mémoire, de celle empreinte au cœur de ces linges fins du passé que l’artiste récolte ça et là – qu’on lui confie parfois-, linges qui ont vécu et en portent les traces, tissus auxquelles elle va insuffler une vie nouvelle, non pas en rupture avec l’ancienne mais dans un souci de continuité, de réappropriation spatiale et temporelle, de passage ou de passation.

Ce souci du sens de la transmission et de la filiation se retrouve jusque dans la technique choisie, lorsqu’elle dessine à la « broderie blanche » le corps nu et offert d’une promise, technique apprise auprès de l’atelier Malbranche, à Paris, et qu’on utilisait traditionnellement pour chiffrer le linge, matérialisant ainsi l’union de deux familles.

Expérimentant en outre toutes sortes de techniques à l’aiguille, le choix du fil et de la broderie comme médium privilégié n’est donc évidemment nullement anodin. Sasha Ferre est particulièrement sensible à ce que le fil peut receler de symbolique, en termes de poursuite de la filiation, lignée, ligne de vie, mais aussi de fragilité intrinsèque.

 

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Car c’est fondamentalement le temps, dans sa double dimension objective et intime, qui transparait en arrière-fonds de tous ses travaux. Le temps de l’œuvre, tout d’abord, dont l’acte de broder à la main est manifestation, impliquant une sorte de matérialisation, de spatialisation du temps : le temps de l’œuvre à faire. Cette attention au temps, qui lui parait quelque peu désuète au regard de la précipitation du monde contemporain, exprime son appréhension à le saisir dans sa fuite et son caractère irrésolu, sans jamais, elle le sait bien,  y parvenir, sa tentative d’en saisir l’épaisseur tout au moins. C’est donc au cœur même de la condition humaine, dans son essentielle temporalité, que touche Sasha Ferre lorsque sous ses doigts elle s’ingénie à faire naître une œuvre entière avec un seul et unique fil, dont la fragilité et le risque permanent de rupture évoque le caractère périssable et éphémère de la vie.

 

Pour autant, cette conscience de la fragilité augure davantage d’un regard bienveillant et serein que d’un désespoir existentiel. Sensible à la spiritualité orientale, Sasha Ferre, dans un retournement de point de vue inhabituel, délaisse la verticalité anthropocentrique qui régit la culture occidentale, pour envisager de manière plus horizontale la relativité de l’existence humaine dans son rapport au monde. Tel est le sens de la « légèreté » souhaitée des ses interventions : quelques mots brodés issus d’un poème d’Emily Dickinson, une subtile cartographie de points courant sur un mouchoir ancien, une fine fontaine de laine comme une rivière héraclitéenne jaillissant de l’étoffe diaphane…ses appropriations se jouent toujours dans une sorte de respect du « déjà là », et le geste qu’elle produit se veut vivant, vibrant, comme un souffle de vie qui parcourt, léger, presque rien mais présent, l’objet déjà-encore vivant.

C’est ce souffle encore qu’elle cherche à capter dans ses micro-installations, ses « espaces intérieurs », petites bouteilles de verre renfermant quelque délicat échantillon de papier de Chine ou de fil de laine, symbolisant une sorte d’espace mental, de conscience intime, mises en mouvement malgré elles par le moindre souffle de vent, la vie…

 

Dans son approche créatrice comme glissement poétique et processus de sédimentation sensible autant qu’intellectuelle, Sasha Ferre se veut aussi proche du verbe, du texte, du mot, de la littérature et de la poésie, du sens des mythes. Dans son panthéon personnel, fait de rencontres poétiques et de hasards littéraires, on croise la poésie d’Henri Michaux, avec qui elle partage un certain sentiment de la vie : « …dessiner les moments qui bout à bout font la vie, donner à voir la phrase intérieure, la phrase sans mots, corde qui indéfiniment se déroule sinueuse »*, l’esprit de la mythologie grecque et de la philosophie chinoise. Dans son arbre généalogique rêvé, elle a choisi d’hériter de la solitude de Louis Soutter et de l’humilité de Pierrette Bloch, de la radicalité chromatique de Pierre Soulages ou encore de la puissance émotionnelle d’Annette Messager.

Elle développe ainsi peu à peu un univers nourri de références, sans tutelle cependant, cherchant à « se parcourir », pour reprendre le mot de Michaux. Dans cet univers qu’elle construit pièce après pièce, chaque intervention aussi apparemment légère soit-elle, est toujours longuement méditée, dans une grande pureté des intentions, et une recherche permanente de sincérité dans le geste et la création.

 

* Henri Michaux – Passages – 1950 – Ed. Gallimard - Imaginaire, 1998

 

Issue d’une famille d’intellectuels et d’artistes, Sasha Ferré (née à Paris en 1975) étudie à HEC puis à la Sorbonne, l’Histoire de l’Art. Elle commence à travailler au musée du Louvre et au Centre Pompidou. Après la naissance de ses 3 enfants, elle se consacre à son art. Elle fréquente l’Académie de peinture et de dessin de la Grande Chaumière et suit des cours de broderie chez R. Malbranche. 
www.sashaferre.com
 
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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 22:08

Merci à tous d'être venus si nombreux découvrir "A nos pères" à la Galerie 2.13 pm ce samedi! Par bonheur, rare, le temps était avec nous, pas une goutte de pluie et vous tous débordant sur le trottoir!

L'exposition dure jusqu'au 18 juillet. N'hésitez pas à en parler autour de vous, à venir si vous n'avez pas pu venir samedi, à revenir si vous voulez revoir l'expo dans des conditions moins encombrées, et prendre le temps de découvrir la programmation vidéo! Bref, c'est ouvert et you're welcome!

 

 

vernissage-anp.jpg(Photo: Aristophane Deparis) 

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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 17:12

Dans le cadre de l'exposition déambulatoire "Je sème à tous vents", sur l'initiative du commissaire David Rosenberg, présentant plus de cent artistes dans 11 galeries autour du thème floral, la galerie arsenicgalerie présente la nouvelle production de dessins du désormais célèbre artiste japonais Daisuke Ichiba.

 

 

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Pour clore la saison en (sombre) beauté, arsenicgalerie accueille les œuvres nouvelles de Daisuke Ichiba, sous l’égide printanière de la fleur- « Hana » en japonais-.

 

Ici, les fleurs seront forcément « ambigües », car le travail du dessinateur japonais, héraut de la contre culture otaku et  désormais internationalement reconnu (son travail a récemment été présenté au MoMA de New-York dans le cadre de l’exposition Tokyo 1955-1970 : A New Avant-Garde“)  exige de pénétrer dans un monde aux tensions multiples, entre violence et subversion.

 

La fleur, le motif floral ou végétal, dans leurs dimensions ornementales et symboliques, entrent de manière récurrente dans le travail de Daisuke Ichiba. C’est pourtant pour la première fois et à l’occasion de l’évènement « Je sème à tout vent »* à laquelle participe arsenicgalerie, qu’Ichiba a produit 4 œuvres focus sur les fleurs, 3 petits formats dans un esprit proche de l’esthétique de l’estampe japonais. Belles et vénéneuses, étrangement vivantes et voraces, délicates et d’une élégance noire, elles semblent distiller leur parfum empoisonné, fidèles à l’univers délétère que développe Ichiba dans ses compositions plus complexes.

 

Il suffit cependant d’observer avec attention les travaux d’Ichiba pour reconnaître que le motif floral s’y retrouve partout, en fond de trame, en motif ornemental, en environnement, bien évidemment de manière très éloignée du décoratif kawaï. De même que l’introduction récente de la couleur, notamment dans ses derniers travaux revisitant le « dessin d’enfants » dans lesquels, au-delà de l’encre de Chine, il use du pastel gras, parfois écrasé en trace colorée, parfois en transparence comme un lavis,  ne contribue pas à apaiser le trait et les représentations tourmentées de l’artiste japonais, les fleurs d’Ichiba sont toujours plus inquiétantes qu’apaisantes, les motifs végétaux pouvant même parfois se faire dévorateurs ou, à l’instar du nénuphar de Vian, pousser dans la poitrine de leurs hôtes tels des aliens poétiques, des Yokaï elles aussi, dont se nourrissent peut-être les jeunes filles d’Ichiba, sorte de Ko-no-hana-no-sakuya (princesses-fleurs dans la mythologie japonaise) délicates mais cruelles.

 

Dans cette œuvre fascinante, dans laquelle la beauté et la jeunesse frayent avec la corruption, la mort, la violence, la folie et la monstruosité, révélant les contradictions morales et les pans refoulés d’une société japonaise ambiguë et complexe, la présence récurrente du motif floral ne peut qu’être emprunt de symbolisme critique. Ainsi, à l’instar des sakura (fleurs de cerisiers), les fleurs d’Ichiba symbolisent une pureté et une beauté fragile et éphémère, en même temps que, de manière plus équivoque, un motif iconique dans l’histoire et la culture nippone, dans leur dimensions martiales, depuis les bushi ancestraux jusqu’aux policiers d’aujourd’hui, en passant par les kamikazes de la seconde guerre mondiale.**

Dans ce balancement perpétuel entre l’amour et la cruauté, la beauté et la destruction, les œuvres d’Ichiba sont, pour reprendre le titre du chef d’œuvre de Kitano, Hana-Bi, un feu d’artifice entre la vie et la mort.

 

*« « Je sème à tout vent… », 11 galeries parisiennes en fleur » est une proposition curatoriale de David Rosenberg.

Cabinet de curiosités, expositions collectives ou personnelles d'artistes de différents horizons, performances, poésie, ikebana, art d'aujourd'hui et arts premiers… Le parcours "Je sème à tout vent" explore à travers la sensibilité de onze galeries parisiennes la place de la fleur dans l'imaginaire artistique contemporain.

Avec la participation des galeries : Galerie 1900-2000, A2Z Art Gallery, Galerie Alberta Pane, Arsenicgalerie, Galerie Da-End, Galerie Martine & Thibault de la Châtre, L'Inlassable Galerie, Galerie de Nobele, Galerie Ilan Engel, Galerie Maïa Muller, Galerie Odile Ouizeman

Du 16 mai au 15 juin 2013

 

** Pendant la Seconde Guerre mondiale, les pilotes nippons peignaient le motif du sakura sur les flancs de leur avion avant de partir pour une mission suicide, en tant que symbole de beauté et de nature éphémère. Le gouvernement encourageait les Japonais à croire que l'âme des soldats morts au combat se réincarnait en fleurs de cerisier. Aujourd'hui encore, les militaires et les policiers utilisent ces fleurs comme emblèmes, drapeaux et insignes à la place d'étoiles (d’après source : Wikipedia)

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30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 21:43

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Oeuvre présentée

 

Les revenants, 50 x 125, 2013 – Installation, Livres brodés, fils, bois

 

 

 

Spécialement conçue pour « A nos Pères », Les Revenants est une installation en forme de totem constitués de livres, envahis par les fils, fils brodés à même les pages des livres, amas et enchevêtrements complexes de fils, manifestant ce qui lie intimement Brankica Zilovic à sa propre histoire, à celle de son père, à celle  du pays d’où elle vient.

 

« J’ai choisi des livres qui dessinent des « contours » de mon père, comme des fragments intimes, politiques et spirituelles.

Un échantillon complexe et contradictoire :

L’œuvre militaire de Tito, 100 ans d’école de notre village en Serbie, NATO crimes (document édité par le Ministère de la Justice et des Affaires Intérieures de Serbie), Architecture traditionnelle de Serbie de 19e siècle ( livre dont mon père s’est inspirée pour construire sa seconde résidence, et qui en même temps correspond à sa maison natale),   Monastère de Studenica, inscrit au patrimoine de l’Unesco, le haut lieu de la spiritualité serbe , construite au 12e siècle par Stefan Nemanja, fondateur de l’Etat serbe et de la dynastie des Némanides ; page expliquant un schéma typique  iconographique des fresque orthodoxe ( 12e siècle), Considérations salutaires sur le désastre de Srebrenica, Yves Laplace chez Seuil ( le grand opposant de Peter Handke , qui écrit un très long article controversé, dans lequel l'écrivain autrichien accusait notamment les journalistes et intellectuels occidentaux d'avoir calomnié la Serbie…)

 

Evoquant ici le désenchantement idéologique de mon père, les injustices et les crimes non éclairés et obsolètes, le poids d’inculpations dites « génocidaires » mais aussi le regard presque nostalgique d’une Serbie rurale en voie d’émancipation culturelle, je tente ici de dénouer des mécanismes de transmission mnésique,  et  d’admettre  qu'un sentiment étrange de responsabilité  persiste en moi se rattachant à une faute tellement ancienne que ni mon père ni moi ni des générations  inferieurs,  ni personne ! ne s’en souvient plus…

Un profond sentiment de culpabilité qui nous revient inéluctablement.

 

L’interrogation, c’est à dire la lecture,  passe par l’acte de la broderie, plus précisément la suturation, comme une sorte de rituel obsessionnelle névrotique…C’est peut être une façon pour moi d’assumer une part de mon héritage plein de traumatismes et ruptures…de l’accuser, de l’éclairer, de  l’honorer, d’une certaine manière…ou tout simplement une tentative pour faire le deuil de moments qui ne reviendront jamais… »

 

Brankica Zilovic

 

Brankica Zilovic-Chauvain est une artiste franco-serbe, née en Serbie en 1974. Diplômée de l’Ecole des Beaux-Arts de Belgrade et de l’ENSBA de Paris, elle expose régulièrement son travail de peinture, dessin, installations et broderies en France, dans le cadre d’expositions personnelles et collectives.

Elle est pour la première fois commissaire d’exposition, avec Marie Deparis-Yafil, pour « A nos pères ».

 

 

 

 

 

"A NOS PERES"

Galerie 2.13 pm

Du 1er Juin au 18 juillet 2013

Vernissage le 1er Juin à partir de 18h

 

GALERIE 2.13 pm

22 rue Hector Malot

75012 Paris

(près de la Galerie Claude Samuel)

Métro Gare de Lyon L 1 ou 14, sortie 10 - RER A ou D

01 44 75 36 23

06 15 18 14 24

E-mail :  fpaumier-moch@213pm.com

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29 mai 2013 3 29 /05 /mai /2013 22:35

Dernière ligne droite avant le vernissage (demain je passe chez sainte rita, un cierge contre la pluie samedi): on monte à la Galerie 2.13pm!

 

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(Brankica Zilovic, Frédérique Paumier-Moch et Sandrine Elberg)

 

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Tout sera prêt bien sûr, et on vous attend samedi 1er juin, à partir de 18h!

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28 mai 2013 2 28 /05 /mai /2013 21:36

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Oeuvres présentées

 

Anna Freud, vidéo, 12 mn, 2006 – Série « Female Facets » - Son : « Sur le fil », Yann Tiersen, retravaillé

As time goes by, installation audio, 2013 – Cadre ancien 19 x 14, statuette de saint en pierre à chaux remodelée, feuille d’or – MP3, casque – Son : « As time goes by » - Herman Hupfeld,1931, interprété par Michaela Spiegel

 

 

La vidéo « Anna Freud » fait partie d’une série de cinq vidéos intitulée « Female Facets », dans laquelle Michaela Spiegel a choisi de dessiner à sa manière le portrait de cinq femmes célèbres: Alma Mahler, Anna Freud, Joséphine Baker, Wallis Simpson et Marie Bonaparte. Elle les a choisit pour ce que chacune d'elle représente de mythe féminin : la séductrice, la femme fatale, la fille à papa, la femme fantasme, l'intellectuelle frigide, la femme entretenue, l'intrigante...Mais à l'évocation archétypale, à l'attitude hagiographique conventionnelle, Michaela Spiegel opte pour un prisme inattendu ou inhabituel, peu connu et pourtant révélateur. En revisitant l'histoire, en désacralisant l'imagerie de manière radicale, l'artiste semble affirmer qu'aucune de ces femmes n'est typique ou atypique sitôt que l'on considère qu'il n'y a pas de typologie de la femme.

Son travail est en outre soutenu par une mise en scène ne laissant rien au hasard dans laquelle chorégraphie, objets, symboles, signes et musiques offrent, en deçà de l'image,  un sous texte psychanalytique aussi signifiant que réjouissant.

Voici donc la douce Anna Freud, fille de son illustre père, prisonnière de cette écrasante figure paternelle et du secret de ses amours féminines. Ce portrait, né d'un travail de l'artiste sur les correspondances entre Anna Freud et Lou Andréas Salomé, dévoile la relation masturbatoire d'Anna avec le tricot dont les fils filent la métaphore de la parenté...et de la filiation. Fil de laine qu'elle roule, déroule, enroule autour de son corps, avec lequel elle se bat, se libère et s'emprisonne, inlassablement, exutoire entre protection et enfermement, dans une violence narcissique qui peine à se contenir et un mal-être palpable. Une évocation sur le fil entre douceur et tension.

 

Conçue spécialement pour « A nos pères », l’œuvre « As time goes by » se veut une sorte d’hommage mélancolique et nostalgique au souvenir du père, une évocation volontairement pacifiée des relations parfois conflictuelles d’une fille avec son père, de l’artiste elle-même avec son propre père. Le père disparu, avec le temps qui passe – As time goes by- se pare de vertus, s’idéalise, les rancoeurs s’apaisent, la colère s’est tue et ne restent que des images muettes et sanctifiées, des souvenirs comme une mélodie douce amère du temps passé : « Play it, Sam. Play As time goes by ».

 

Né en 1963 à Vienne en Autriche, Michaela Spiegel vit entre Vienne et Paris. Formée à l’Université des Arts Appliqués de Vienne et à l’ENSBA de Paris, ses œuvres sont entrées dans de nombreuses collections publiques et privées (en France, la Fondation Francès, en Autriche, le Freud Museum ou le Musée Albertina. Son travail est régulièrement montré en Autriche en en France mais aussi, par exemple, en Russie ou en Allemagne)

 

 

"A NOS PERES"

Galerie 2.13 pm

Du 1er Juin au 18 juillet 2013

Vernissage le 1er Juin à partir de 18h

 

GALERIE 2.13 pm

22 rue Hector Malot

75012 Paris

(près de la Galerie Claude Samuel)

Métro Gare de Lyon L 1 ou 14, sortie 10 - RER A ou D

01 44 75 36 23

06 15 18 14 24

E-mail :  fpaumier-moch@213pm.com

 

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