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10 mai 2013 5 10 /05 /mai /2013 19:34

 

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Œuvre présentée

 

«  My family box », 2013 – Vitrine 40 x 60, Boite de jeu 23 x 32 x 6 cm : Boîte en carton, photographies et techniques mixtes.

 

 

 

"My family box" est une boîte à énigmes, un jeu de rôle que l'artiste Sandrine Elberg a inventorié à partir des traces de ses ancêtres.

A partir de ces bribes- documents, photographies, l’artiste tente de dénouer les fils de son histoire familiale et de reconstituer une cartographie historique marquée par les exodes et la diaspora. Elle imagine ainsi plusieurs hypothèses de parcours, d’histoires et de narrations autour de sa famille paternelle, russe askhénase, qui fut victime des pogroms sévissant dans la région d'Odessa depuis le début du 19ème siècle.

« Dédramatisant » cette histoire personnelle sous la forme d’un jeu de société familial, Sandrine Elberg suggère aussi, avec un certain recul critique, que les « aléas » de l’Histoire auxquels fut soumis sa famille sont surtout le résultat de calculs, d’enjeux géo-politiques, économiques et idéologiques dans lesquels hommes et femmes, familles et enfants restent éternellement victimes, au mieux réduits à des pions sur un échiquier, au pire supprimés du jeu.

 

 

Diplômée universitaire en Arts Plastiques et de l’ENSBA de Paris, Sandrine Elberg vit et travaille à Paris. Son travail, et notamment son travail photographique pour lequel elle est reconnu, est régulièrement montré en France mais aussi en Russie (Moscou), dans des expositions personnelles ou collectives mais aussi dans le cadre de Biennales et de Festivals de photographie (Moscow Photobiennale, Russie ; Jeonju-photofestival, Corée…). Elle fut en outre lauréate ou finaliste de nombreux prix photographiques, et dernièrement pour le Prix HSBC pour la Photographie 2013.

 

 

 

 

 

 

"A NOS PERES"

Galerie 2.13 pm

Du 1er Juin au 18 juillet 2013

Vernissage le 1er Juin à partir de 18h

 

GALERIE 2.13 pm

22 rue Hector Malot

75012 Paris

(près de la Galerie Claude Samuel)

Métro Gare de Lyon L 1 ou 14, sortie 10 - RER A ou D

01 44 75 36 23

06 15 18 14 24

E-mail :  fpaumier-moch@213pm.com

 

La galerie est ouverte du jeudi au samedi de 14h30 à 19h00

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8 mai 2013 3 08 /05 /mai /2013 19:31

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Œuvres présentées

 

Ensemble de 5 photographies tirées de la série « Maison de famille », 2012 – 30 x 40 chaque, encadré – Tirage sur papier baryté Hahnemühle Photo Rag Baryta

 

 

« Les gens heureux n’ont pas d’histoire », dit l’adage, variation de la célèbre phrase de Rousseau, exprimant l’idée que le récit historique ne s’intéresse qu’aux temps de guerres et de conflits, négligeant les temps de paix comme « temps morts » de l’Histoire.

Contre-pied de cette assertion coutumière, le travail de Nathalie Déposé, artiste française dont la famille est « sans histoire », inscrit, dans des images contenues, presque minimalistes, toute la puissance de son histoire, de toutes les histoires de famille, de toutes les volontés de transmission et de quêtes d’identité.

Elle écrit : « Au printemps 2012, je suis retournée dans la maison de mes grands-parents qui allait être vendue. Confrontée à cet espace en devenir, dont la transformation était déjà visible, je me suis demandée comment conserver cette part d’héritage et la transmettre à mon tour. J'ai commencé alors un travail de mémoire avec ce qui restait à ma disposition : une maison, quelques meubles et une vidéo que j'avais tournée il y a 15 ans de cela. Puis j'ai imaginé une ligne qui relierait et traverserait chaque photographie dans un espace temps reconstitué. »

En réalité, sans doute seuls les gens sont sans mémoire n’ont pas d’histoire.

 

Après avoir étudié la littérature et l’histoire de l’art, Nathalie Déposé entre à l’ESEC, école de cinéma. Depuis 2005, elle est assistante mise en scène au cinéma. Elle a notamment travaillé avec Gilles Marchand, Bertrand Bonello et Alain Resnais.

Après une formation à l’école des Gobelins en photographie, elle est aujourd’hui une artiste émergente, déjà primée au concours de photographie de la Ville de Paris.

 

 

 

 

 

"A NOS PERES"

Galerie 2.13 pm

Du 1er Juin au 18 juillet 2013

Vernissage le 1er Juin à partir de 18h

 

GALERIE 2.13 pm

22 rue Hector Malot

75012 Paris

(près de la Galerie Claude Samuel)

Métro Gare de Lyon L 1 ou 14, sortie 10 - RER A ou D

01 44 75 36 23

06 15 18 14 24

E-mail :  fpaumier-moch@213pm.com

 

La galerie est ouverte du jeudi au samedi de 14h30 à 19h00

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6 mai 2013 1 06 /05 /mai /2013 17:10

 

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Œuvres présentées

 

Lounès Matoub – 2012, 40 x 30 cm, Crayon et acrylique sur papier, Encadré sous-verre  

Sans titre (Massacre El Rais), 2012, 40 x 30 cm, Crayon et acrylique sur papier, Encadré sous-verre(photo)

Ecriture 2, 2012, 40 x 30 cm, Crayon, huile et acrylique sur papier, Encadré sous-verre

Ecriture 5, 2012, 40 x 30 cm, Crayon, huile et acrylique sur papier, Encadré sous-verre

 

Pour « A nos pères », Dalila Dalléas Bouzar a choisi de montrer quatre dessins extraits d’une série de 40 dessins, tous réalisés d'après des images d'archives datant de la guerre d'Algérie et de la guerre civile des années 90 aussi appelée "décennie noire".

C'est après avoir vu le film documentaire Algérie(s) de Malek Bensmail, Patrice Barrat et Thierry Leclère (2004) qu'elle a commencé ce travail. La violence montrée dans ce film a agi chez elle comme un électrochoc.

Ce travail est sous-tendu par la quête de mémoire d'une artiste algérienne, née en Algérie mais ayant grandi en France et dont le père avait 20 ans pendant la guerre d'Algérie. Partant du constat personnel qu'elle n'avait qu’une mémoire et une connaissance très parcellaires de ces deux périodes  fondatrices de l'histoire de l'Algérie contemporaine, Dalila Dalléas Bouzar a cherché à re-construire son propre savoir en allant chercher dans la documentation disponible, celle des archives et des médias, de quoi construire ses propres images et reconstituer une mémoire.

S’offrent plusieurs lectures de son travail : questionnement sur l’histoire, sur la mémoire, sur la violence, et sur le rôle de l’artiste qui veut prendre à bras le corps la réalité multiple et complexe de ce passé qui ne passe pas.

Les dessins présentés ici ont fait partie d’une exposition qui a déjà eu lieu en Algérie dans les instituts français d'Alger et d'Oran, et qui a aussi été présentée en partie à Berlin, à Savvy Contemporary en 2011. Ce travail a également fait l'objet d'un livre publié par les éditions Barzakh, Alger, paru en juin 2012. Ce livre regroupe 26 dessins ainsi que 8 textes de 7 auteurs dont Kamel Daoud, journaliste et écrivain, Hassan Remaoun, historien, Anissa Bouayeb, historienne et critique d'art, Bonaventure N'digunk, commissaire d'exposition et directeur de Savvy Contemporary, Frédéric Dalléas, philosophe, Cloé Kormann, écrivaine.

 

 

Dalila Dalléas Bouzar, née en 1974 à Oran en Algérie, est diplômée des Beaux-arts de Paris (ENSBA). Elle vit et travaille à Berlin, en Allemagne. 

Son travail est montré, dans le cadre d’expositions personnelles ou collectives aussi bien à Berln qu’en Algérie, au Congo, en Afrique du Sud ou en Suède.

 

(Sources : d’après site internet de l’artiste)

 

 

  "A NOS PERES"

Galerie 2.13 pm

Du 1er Juin au 18 juillet 2013

Vernissage le 1er Juin à partir de 18h

 

GALERIE 2.13 pm

22 rue Hector Malot

75012 Paris

(près de la Galerie Claude Samuel)

Métro Gare de Lyon L 1 ou 14, sortie 10 - RER A ou D

01 44 75 36 23

06 15 18 14 24

E-mail :  fpaumier-moch@213pm.com

 

La galerie est ouverte du jeudi au samedi de 14h30 à 19h00

 

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30 avril 2013 2 30 /04 /avril /2013 00:26

Ce fut une belle aventure..qui continuera bientôt, ailleurs, sous une forme augmentée! - Mais il ne reste donc que quelques jours pour ceux qui veulent aller découvrir "Beyond my dreams" à la Galerie MondapArt de Boulogne-Billancourt.

N'hésitez pas à passer, jeudi 2, vendredi 3 ou samedi 4..A 19h tapantes, on démonte!

 

llllllll-2720.JPGllllllll-2697.JPG(photos: Déborah Gintz - en en vrai, ça se termine le 4, pas le 5! :))

 

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(ces deux là, on ne les verra plus, c'est vendu! :))

 

  CLAIRE COMBELLES

 

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27 avril 2013 6 27 /04 /avril /2013 23:56

 

Tant qu'à faire dans le stuc et le carton-pâte, on s'est dit que "L'écume des jours" serait le bon film pour inaugurer le Louxor, lieu mythique du quartier Barbès et réhabilité en le "Palais du cinéma" qu'il fut il y a presque un siècle!

 

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...Et boire un verre au Bar du Louxor, bien sûr!

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27 avril 2013 6 27 /04 /avril /2013 23:32

 Compte à rebours presque enclenché pour ma prochaine exposition, en co-commissariat avec l'artiste Brankica Zilovic.

A découvrir à partir du 1er juin!

 

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« A nos pères » - Galerie 2.13 pm

 1 juin – 18 juillet 2013

 

Vernissage le 1er juin 2013 à partir de 18h

 

Un commissariat de Marie Deparis-Yafil et Brankica Zilovic,

Sur l’invitation de Frédérique Paumier-Moch

 

Avec

 

Dalila Dalléas Bouzar, Nathalie Déposé, Sandrine Elberg, Marcell Esterhazy, Dimitri Fagbohoun, Roland Furhmann, Nandan Ghiya, Soheila Golestani, Bogdan Pavlovic, Milica Rakic, Mustapha Sedjal, Michaela Spiegel, Brankica Zilovic

 

 

« A nos pères »…Sur nos monuments de commémoration, comme aux épitaphes de nos cimetières, l’hommage au père et l’évocation de la mémoire due à nos ascendants affirment notre attachement, culturel, à l’idée de transmission générationnelle, dans l’Histoire, comme dans l’histoire de notre filiation.

 

« A nos pères »…morts pour la patrie/ morts au combat…

Dans cette formulation, transparaît immédiatement la dualité d’appartenance : l’homme mort pour sa patrie qu’évoquent les monuments publics de commémoration fut aussi père d’enfants dont il nourrit la mémoire, et son histoire, liée à celle de la nation, constitue en même temps l’histoire familiale et personnelle, l’identité de ses descendants.

 

« A nos pères »…pour ce qu’ils ont vécu et nous ont donné, quelque soit leur histoire.

Tous nous sommes fils et filles de…

 

C’est à partir de cette idée que nous avons voulu mettre en lumière, au travers de l’œuvre, et souvent de l’histoire personnelle, des artistes que nous avons souhaité convier à participer à cette exposition, l’articulation entre histoire collective et histoire familiale, par le prisme de l’évocation d’une figure, celle du père, qui incarne souvent à la fois le lien à la notion de patrie, de pays, d’identité nationale, d’appartenance à une « terre », et l’histoire personnelle, familiale, l’identité individuelle, la filiation, l’héritage et la transmission.

 

Cette articulation de l’intime et de l’historique, au travers du récit, de la mémoire, de l’hommage, du témoignage, explorée ici dans sa dimension plastique, se glisse dans la double dimension de l’ « objectivité » de l’histoire telle qu’elle est rapportée par les livres et, pour une histoire plus récente, par les médias, et de la subjectivité émotionnelle de l’histoire familiale dans le même temps.

 

Sans doute l’Histoire est-elle faite d’histoires d’hommes, de femmes, d’enfants, de familles, qui la produisent, en sont le matériau vivant, parfois héroïque, parfois sacrifié, parfois soumis, parfois résistant.

Fils et filles de nos pères, les artistes, avec la singularité de leur sensibilité, et nous tous, poursuivons au travers de leur histoire une quête identitaire historique, culturelle, psychologique, construisons une intimité dans laquelle l’Histoire affleure avec ou malgré nous, même dans l’ombre du secret.

 

Les artistes présents dans « A nos pères » ont ouverts leurs livres intimes, ont enquêté, tenté de reconstituer leurs histoires malgré les manques et les non-dits, reconstruit les liens qui les tiennent à leurs racines, et ont tous des histoires fascinantes, intimes et universelles à la fois, à nous conter.

 

 

Avec nos remerciements pour leur précieuse collaboration :

 

Galerie Paris-Beijing, Paris (pour Nandan Ghyia)

Laurent Quenehen, Les Salaisons, Romainville

 

 

 

 

« A nos pères » - Galerie 2.13 pm

Du 1 juin au  27 juillet 2013 -  Vernissage le 1er juin 2013 à partir de 18h

 

Galerie 2.13 pm

22 rue Hector Malot

75012 Paris

Métro Gare de Lyon Ligne 1 ou 14, sortie 10 – RER A et D

01 44 75 36 23
06 15 18 14 24
E-mail : fpaumier-moch@213pm.com

Horaires de la galerie : jeudi, vendredi et samedi 14h30 - 19h

 

 

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23 avril 2013 2 23 /04 /avril /2013 16:28

 Dimanche avait lieu à la Galerie MondapArt une lecture de textes littéraires, philosophiques et poétiques autour du rêve, dans le cadre de l'exposition "Beyond my dreams".

Merci donc à ceux qui ont préféré ce moment de poésie à l'appel du soleil et à la verdure des parcs et jardins!

 

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Merci à la comédienne Céline Pérot pour son enthousiasme et son professionalisme!

           à Isabelle Lefort pour son accueil

           à Achraf Ben Abizid pour l'aide qu'il a apporté dans l'organisation de cette lecture

           à Yveline Tropéa pour son merveilleux lit

 

Merci aussi à...Baudelaire, Proust, Kundera, Pascal, Huysmans, Nin, Houellebecq, Alain...

 

L'exposition se poursuit jusqu'au 4 mai, n'hésitez pas à y aller!

 

Galerie Mondapart - 80 rue du Château - 92 100 Boulogne-Billancourt - Metro L10 Boulogne-Jean Jaurès

Ouverture les jeudis de 12 à 20h, les vendredis de 11 à 19h, les samedis de 15 à 19h, et sur rendez-vous

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17 avril 2013 3 17 /04 /avril /2013 11:07

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« C’est un travail de juste mémoire,

cernée de noir comme la douleur des

pierres »

Jean-Yves MALLAT

 

 

Pour cette première exposition de l’année, l’Espace 111 a choisit de rendre un hommage à l’artiste franco-israélien, et montreuillois, Ben-Ami Koller. En présentant quelques uns de ses dessins et peintures de la dernière période, l’Espace 111 met en avant la dimension profondément humaniste de ce dessinateur virtuose, dont le trait sûr, au crayon, à la pointe d’argent, à la pierre noire, à la sanguine, à l’encre de chine, ou à la peinture, et la puissance de représentation de l’humain, ici dans ses plus profondes souffrances, ont fait la renommée.

Cette dernière série est unanimement considérée comme le chef d’œuvre et le point d’orgue de sa longue et prolifique carrière d’artiste.

 

Il se passa de nombreuses années, presque quarante ans, entre le jour où, à 19 ans, Ben-Ami Koller écouta sa mère lui raconter plus de sept heures durant les crimes que les nazis commirent sur sa famille déportée et décimée à Auschwitz, et celui où, après avoir magnifié la sensualité des corps et des visages dans leurs courbes solaires et exploré les abysses de l’abstraction, il prit, enfin, ses huiles et ses encres, ses pierres noires et ses pastels, pour accoucher de cette série, « Corps en souffrance », la plus poignante de toutes, sans doute, qu’il montrera pour la première fois en 2008 sous le titre « A tous les miens que je n’ai pas connu ».

Dès lors, les œuvres jaillissent de lui, comme mû par une force extérieure et, confie-t-il « je ne peux rien faire d’autres que de peindre, de peindre, de peindre… ». Manière d’exprimer ce qui procède pour lui désormais d’une absolue nécessité, celle de la mémoire de l’indicible, celle, comme l’écrit son amie Evelyne Artaud, de cette conscience « d’appartenir à un siècle de barbarie, de violence et de mort », lui qui affirmait tant aimer la vie.

 

« Depuis plus de deux ans déjà, j’ai orienté ma démarche vers le corps en souffrance… J’ai résolument tourné le dos à la couleur et à l’abstraction, et je suis revenu vers le corps et le visage exclusivement. Cette orientation a été en grande partie déterminée par l’histoire de ma famille ; le déclencheur fut le drame de la Shoah et de la déportation, puis mes recherches se sont étendues à un questionnement plus général sur la souffrance infligée au corps et à l’esprit. Cette préoccupation était déjà inscrite en filigrane dans mon travail depuis longtemps sans que je l’aie appréhendée clairement et sans que j’en aie fait la charnière de mon travail au point où je l’amène actuellement. Je pense que mon âge et mon vécu ont une importance énorme dans cette prise de conscience », expliquait Ben-Ami Koller en 2008.

 

Son expressionnisme grave et nourri des figures de la douleur et de la destruction le range au côté de Goya, de Picasso, de Bacon ou de Zoran Music. Les corps des suppliciés qu’il dessine, sans spectacle mais sans concession*, donnent à son œuvre une dimension sacrée.

 

Loin d’exorciser l’horreur, il semble qu’il faille oser montrer, et regarder, ces œuvres à la violence émotionnelle dense, qui nous exhortent à ne pas croire que le temps des crimes contre l’humanité est révolu, qu’ « il ne faut pas nous chanter victoire, il est encore trop tôt : le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde. »**

 

 

* d’après Jean-Noël Cuenod

** Bertolt Brecht - « La Résistible Ascension d'Arturo Ui » (trad. Armand Jacob) (1941), dans Théâtre complet, vol. 5, éd. L'Arche, 1976

 

 

 

 

 

Ben-Ami Koller (dont le prénom signifie « fils de mon peuple », en hébreu) est né en 1948 à Oradea en Transylvanie, une région de Roumanie, qui fut hongroise avant la guerre, et disparu brutalement en 2008. A l'âge de 7 ans, Ben-Ami Koller est distingué par un premier prix d'aquarelle dans le cadre d'un concours international organisé par la Chine. Après des études d’arts plastiques à l’Académie des Beaux Arts de Bucarest, il émigre en Israël en 1974, avant de choisir de s’installer en France, à Montreuil, en 1981. 

Internationalement reconnu, ses œuvres ont été montrées dans plus de 200 expositions personnelles et collectives en Europe, en Amérique, en Israël et au Japon. Ses œuvres figurent dans des collections publiques - Fonds national d’art contemporain, Bibliothèque nationale, Conseil général des Hauts-de-Seine, Fonds d’art contemporain de Seine-Saint-Denis, etc. - et privées : Narodni Galerie (Prague), Novotel et Axa. Le travail de Ben-Ami Koller a fait l’objet de plusieurs films, dont deux de l’Institut national de l’audiovisuel (INA).

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5 avril 2013 5 05 /04 /avril /2013 22:12

 

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A l’occasion de la semaine du dessin contemporain à Paris et en marge des salons, Constance Lequesne et la Little Big Galerie présentent « Saints Suaires », la première exposition personnelle de Christophe Lambert.

Les « saints suaires » exposés ici font partie d’un triptyque, « Au troisième jour », qui, entre la mort et la résurrection, s’attache à célébrer la sainte dimension  de l’amour.

Référence délibérée aux fameuses reliques iconiques et dans un esprit d’emblée iconoclaste, les « saints suaires » de Christophe Lambert ont moins à voir avec quelque figure christique qu’avec une exploration in et ex corpus du souvenir de femmes aimées.

Dans un ensemble d’œuvres dessinées teintées de romantisme « mastroiannien », il revisite sous les traits de son stylo parfois rehaussés d’encres et de feutres les corps désormais absents de femmes et reconstruit comme en un rébus quelque fragment de leurs histoires.

 

Ce sont donc autant d’histoires d’amour qui se dessinent, sur la peau délicate des longs gants de cuir, les robes blanches empreintes des formes de celles qui les portèrent jadis, contre, tout contre la peau, surface aimante que l’artiste n’effleurera plus. De la même manière que le « saint suaire » porte la marque, le dessin, du corps divin évanoui, il entend ainsi transcender les corps féminins comme médiums sacralisés de l’amour. Y a t il tant de différence entre l’amour du corps du Christ et celui du corps d’une femme si tout amour est bien, pour reprendre le mot de Baudelaire, « aspiration vers l’infini » (1) ?

Capturant donc la forme du corps de la femme aimé, dessinant ses contours sous/sur la robe, il exprime dans le même temps le véritable sens de ces « suaires », destination finale et véritablement linceuls de ses amours défuntes, et fixe for ever les traces –les preuves- que l’amour eut lieu, fort de cette « conviction amoureuse quasi religieuse [que ce] qui nous animait n'a pas été un leurre. » (2). Le souvenir d’ « avoir été » est sans doute « presque-rien », comme dirait Jankélévitch (3), mais aussi proche qu’il puisse être aujourd’hui du néant, il ne s’y réduira jamais.

 

 

 

Et quoi de plus marquant qu’un tatouage ?, qui inscrit l’évanescent à même la peau, et, de manière indélébile, manifeste la conscience que vivre, c’est perdre, essayant de renverser cette entropie existentielle en arrachant à l’indépassable éphémère quelque chose comme un trésor, une œuvre, un signe, une image. Tentative de conjuration de l’évidence et nostalgie, comme s’il fallait par la trace se rappeler à la vérité jankélévitchienne : rien ne pourra jamais faire que ce qui a eu lieu n’ait pas eu lieu.

Se sur-imprime donc à la silhouette, sur le tissu des robes, une sorte de « cartographie » anatomique et fantaisiste, empruntant pour beaucoup à l’esthétique du tatouage contemporain, « foisonnant d’os, d’entrailles, de veines et de lianes... », produisant ainsi une sorte d’inversion du visible, un envers des choses radiographique. Ce rapport entre le dedans et le dehors, le visible et l’invisible, cette inclination pour le mystère du « sous la peau » se trouve récurrent dans le travail de Christophe Lambert, et pourrait s’interpréter comme une volonté de pénétrer dans une intimité qu’il sait pourtant inatteignable, malgré l’amour.

 

Ainsi, les représentations d’os et de squelettes, que l’on retrouve un peu partout dans les sinuosités de ses dessins, ne se cantonnent-elles pas à ce que l’on pourrait estimer comme une allégeance un peu facile à une imagerie symbolique –celle, désormais plus que mainstream et vidée de toute substance, de la Vanité -. Sans doute elles s’enracinent bien davantage dans l’inquiétude pour l’être aimé qui est un corps, avec sa fragilité, sa finitude, son intimité organique. L’amour total, et sublime, y compris dans sa trivialité. Hilda dira à Goetz : « Je t'ai soigné, lavé, j'ai connu l'odeur de ta fièvre. Ai-je cessé de t'aimer? Chaque jour tu ressembles un peu plus au cadavre que tu seras et je t'aime toujours. Si tu meurs, je me coucherai contre toi et je resterai jusqu'à la fin, sans manger ni boire, tu pourriras entre mes bras et je t'aimerai charogne: car l'on n'aime rien si l'on n'aime pas tout. »(4)

 

Mais, sans doute par pudeur autant que par goût, Christophe Lambert aura bien fait de se détourner de toute tentation de dramaturgie expressionniste, en optant pour cette esthétique inspirée du tatouage, donnant à ses œuvres une sorte d’élégance décalée punk-rock, s’amusant aussi à subvertir l’iconographie religieuse qu’il fréquenta, enfant. Les corps érotisés se présentent dans des postures mystiques d’offrande ou de don, paumes des mains tournées vers, au choix, le Ciel, ou le désir des autres. Il ose avec humour la transgression ou la dissidence. Ainsi cette paire de gants, dont la première main de cuir, tatouée d’un « God’s gift » un brin ironique, montre la lascive Emmanuelle de Just Jaeckin, tandis que l’autre se pare d’un éloquent serpent tout droit sorti du Jardin d’Eden. Dans cet univers où l’amour et la douleur vont de paire, la liberté parfois se tatoue au dessus d’un pubis avec rage : « Only god can judge me ».

 

Comme sur une peau couverte de tatouages, les dessins de Christophe Lambert se composent par glissement, télescopage, condensation, disruption, dans une sorte de cadavre exquis dont le sens, in  fine, n’appartiendrait qu’à lui, et le « suaire » se fait palimpseste de son histoire. Il procède aussi par clash visuel, samples d’univers qui avec le temps se sont rendus connexes. Dans cette dérive des continents culturels, se côtoient des putti italiens et Léonard de Vinci, Bob l’éponge et Gregory Peck en Captain Achab, des cœurs percés d’une flèche façon voyou sentimental et des têtes de mort ou les ailes d’un ange qu’on trouve aussi bien sur des pulls à la mode que dans le dos d’un Hell’s Angel ; et les ornementations, sur le fil de la beauté ou du mauvais goût, flirtent avec le baroque autant qu’avec la culture pop. Synesthésie de l’inspiration, chaque œuvre porte le titre d’un morceau de musique écouté pendant sa réalisation. Cette sélection très éclectique, de James Brown à JS Bach, en passant par Michael Jackson ou Ryuchi Sakamoto rappelle, s’il fallait le dire encore, combien nos références relèvent désormais d’une culture commune à plusieurs générations et milieux socioculturels, et comment les supposées frontières entre culture de masse, subculture, et culture traditionnelle tendent à se dissoudre, dans une porosité des catégories esthétiques largement ancrée dans notre époque.

Il y a, pensera-t-on peut-être, quelque chose de suranné à parler ainsi d’amour, et d’impudique à le déclarer de la sorte, livrant son intimité, le récit de ses ruptures sentimentales. L’ostension de ces suaires, c’est un peu « le soulagement de mon propre cœur qui se berçait de ses  propres sanglots » de Lamartine. (5) Pour éclairer ce qui l’anime, cette fièvre, Christophe Lambert parle de l’« ivresse intérieure » du faire, cet acte libérateur, pour l’inspiration créatrice,  mais aussi, ici, acte cathartique. Cependant, en choisissant de dévoiler des pans d’intimité d’une époque de sa vie, Christophe Lambert, à la façon de Baudelaire mais homme de son temps sensible à ses codes, ambitionne sans doute de "dégager de la mode ce qu'elle peut contenir de poétique dans l’historique, [...] tirer l'éternel du transitoire."(6)

 

 

1- Et aussi, comme le dira Céline plus tard, « l’infini à la portée des caniches » (Voyage au bout de la nuit, 1932)

2-  Entretien avec Solange Maulini, journaliste

3- Vladimir Jankélévitch – Le je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957 – PUF

4-  J.-P. Sartre- Le Diable et le Bon Dieu, Paris, Gallimard, 1972, p. 225

5- Alphonse de Lamartine – Méditations poétiques, 1820

6- Charles Baudelaire – Le peintre de la vie moderne, 1863

 

 

Texte réalisé à l'occasion de l'exposition de l'artiste

 

 

 

 

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5 avril 2013 5 05 /04 /avril /2013 22:05

 

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Merci aux artistes, amis, soutiens, curieux et habitués, professionnels et collectionneurs -et pas merci aux voleurs à la petite semaine- d'être venus si nombreux malgré le réchauffement climatique et le périphérique au vernissage de "Beyond my dreams".

N'hésitez pas à revenir, l'exposition dure jusqu'au 4 mai.

Et très bientôt, des informations sur le joli évènement qu'on vous prépare pour le dimanche 21 avril après-midi.

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