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15 mars 2012 4 15 /03 /mars /2012 23:22

Saint-S-bastien---2010.JPG

 

Oeuvre présentée

« Saint-Sébastien », sculpture - aluminium, fibre de verre, polyester, coton, 107x50x60, 2010

Crédit photo : Arnaud Cohen

Courtesy Galerie Laure Roynette

 

L’œuvre de Arnaud Cohen présentée dans l’exposition revisite de manière radicale et contemporaine la représentation du saint martyr romain Sébastien, juxtaposant les interprétations religieuses, érotiques et politiques du corps du jeune homme supplicié de l’iconographie chrétienne et jouant de ces ambiguïtés.

 

C’est, dès le Moyen Age, une figure apollinienne, opportunité trop rare d’admirer un autre corps jeune et presque nu que celui du Christ, bien que « spectacle lascif  (pouvant) contaminer l’esprit des femmes »*. Et on ne peut fait l’impasse sur la puissance homo-érotique que dégagerait la plus classique des représentations du martyr, si on en croit la réaction de Mishima découvrant dans un ouvrage celle de Guido Reni « Ce jour-là, à l'instant même où je jetai les yeux sur cette image, tout mon être se mit à trembler d'une joie païenne. (…) La partie monstrueuse de ma personne qui était prête à éclater attendait que j'en fisse usage, avec une ardeur jusqu'alors inconnue, me reprochant mon ignorance, haletante d'indignation. Mes mains, tout à fait inconsciemment, commencèrent un geste qu'on ne leur avait jamais enseigné. Je sentis un je ne sais quoi secret et radieux bondir rapidement à l'attaque, venu d'au-dedans de moi. Soudain la chose jaillit, apportant un enivrement aveuglant » ** Depuis, à partir de l’image canonique du saint transpercé de flèches, dans l’équivocité de la jouissance et de la douleur, de l’extase et du martyr, Saint-Sébastien est devenu icône catholique gay, revendiquée comme telle par, par exemple, la communauté LGTB.

 

C’est donc fort à propos que la relecture du Saint-Sébastien d’Arnaud Cohen interroge à son tour les relations ambiguës de la religion et de l’érotisme, dans l’innocence à peine feinte de représentations ambivalentes, dans lesquelles plaisir et jouissance sont à la fois donnés et coupables. C’est cette ambivalence que surexpose Arnaud Cohen en éludant la représentation physique de l’éphèbe au profit d’un objet à la forme clairement phallique.

 

Mais, comme souvent dans les œuvres d’Arnaud Cohen, l’objet est polysémique. Car l’objet présenté est en fait la carlingue d’un avion, dont les ailes sont retenues à l’arrière, comme les mains liées du Saint-Sébastien.  On pense alors à d’autres martyrs, une autre forme de culpabilité, qu’à moins de fascisme « pasolinien », on peut délester de dimension libidinale : celle par laquelle s’interpellent toutes les responsabilités politiques face aux enjeux de la marchandisation du monde, du choc des idéologies, conduisant au terrorisme et à leurs victimes, par exemple.

 

Bien que parfois défini comme « néo-pop », le travail d’Arnaud Cohen s’inscrit, selon lui, dans une filiation allant de Marcel Duchamp à Marcel Broodthaers, considérant la forme de l’œuvre moins essentielle que l’impact de son message. Aussi privilégie-t-il les formes existantes, historiques et esthétiques, qu’il détourne et recontextualise, manipule comme un alphabet visuel constituant son vocabulaire. Héritier du situationnisme, il crée en 2005 un personnage fictif du nom de Jean-Paul Raynaud, « archétype de l'artiste officiel », puis colle « en différents lieux de fausses affiches politiques aux slogans ambigus et raillant les rapports des artistes français à l'institution. » Si une partie de son travail flirte avec une certaine tradition de l’agit-prop et de l’activisme contestataire, il se réapproprie ou produit aussi des objets sur le principe du télescopage visuel et sémantique en subvertissant les sens initiaux pour constituer un corpus critique, un catalogue ironique des failles du monde contemporain bien que, de toute évidence, son regard porte au-delà de l’immédiate contemporanéité et semble en inscrire l’état dans une forme de mythologie.

 

* Giovanni Paolo Lomazzo – Traité de  l’art de la peinture, 1584 -

** Yukio Mishima, Confession d’un masque – 1949,  traduction de l'anglais R.Villoteau, Gallimard, 1971

 

 

"SEULES LES PIERRES SONT INNOCENTES" - GALERIE TALMART - 22 Rue de Cloître St Merri- PAris 4ème -

DU 13 AVRIL AU 12 MAI 2012

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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 22:23

affiche.jpg

 

En "avant-première", l'affiche de ma prochaine exposition, organisée pour la Ville de Thiais (94), en co-commissariat avec Anne-Laure Meyer

 

Sur les deux parcs principaux de la ville (Parc de l'Europe et Parc de Cluny), au lavoir et au Parc des Terrasses du Soleil, se déploieront les oeuvres de 14 artistes:

Dominique Bailly, Anne-Flore Cabanis, Vanessa Fanuele, Jean-Marc Forax, Sylvie Kaptur-Gintz, Juliette Jouannais, Vincent Mauger, Gabriela Morawetz, Sandrine Pincemaille, Maryline Pomian, Marie-Hélène Richard, Dimitri Tsykalov, Dimitri Xenakis et Wela.

 

 

 

Visuel réalisé sur une simulation de l'oeuvre de Dimitri Xenakis

 

Remerciements

Galerie Bertrand Grimont (pour Vincent Mauger)

Galerie Charlotte Norberg (pour Juliette Jouannais)

Schoolgallery (pour Dominique Bailly)

Galerie Talmart (pour Jean-Marc Forax)

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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 23:02

visuel-signes.jpg

 

"FAITES-MOI SIGNE!"

 

En philologie, on a coutume de définir le signe comme ce à quoi "nous recourons en vue de communiquer nos états de conscience et par lequel nous interprétons la communication qui nous est faite". Dire et lire, parler et entendre, transmettre et comprendre ... interpréter : tel est l'usage des signes, des lettres et des mots, des organes et des objets de l'écriture...

L'Espace 111 nous inviter ainsi à découvrir, au travers des travaux de 4 artistes - Frédéric Develay, Patrice Baudin, Florence Baudin et Guehria - autre manières d'interpréter les signes. Si pour chacun, le signe se saisit en tant qu'objet ou outil plastique, il s'investit aussi comme univers qui fait sens. Comme un appel aussi, à la rencontre - cette communication à l'essence même du signe - : signe d'appartenance, de reconnaissance, d'amitié, de connivence ... "Faites-moi signe !" se dessine comme une tentative de sémiologie poétique, montrant les glissements de la perception du signe au sens qu'il nomme, de l'objet visuel au monde sémantique, inventant une grammaire, maniée avec dextérité, poésie, humour et profondeur par ces quatre artistes.

 

 

GUEHRIA

 

Les mots sont depuis toujours éminemment présents dans le travail de Guehria. Expressions graphiques particulièrement sensibles, ses oeuvres détournent la lisibilité de contenus typographiques ou calligraphiques traditionnels pour recréer un univers mixte, dans lequel une certaine esthétique "baroque" rejoint un vocabulaire numérique. Dans un esprit parfois proche du "cabinet de curiosité", lunettes de théâtre, cadres ornementés anciens et stéréoscopes datant du 19ème siècle s'hybrident aux impressions lenticulaires et aux technologies de la perception les plus contemporaines. Ces jeux d'optique auxquels convie l'artiste, grâce aux instruments mis à la disposition des visiteurs, donnent à ses oeuvres une dimension ludique et interactive, avec ses effets de reliefs 3D, de perspectives et ses anaglyphes, dimension à l'origine même du cinéma. Dans le même temps, la perception des images n'est jamais donnée immédiatement, car systématiquement "perturbée"par la surimpression de textes engagés, instillant une lecture "à plusieurs niveaux", reliés entre eux par une sémantique, un réseau de sens qu'il s'agit de déchiffrer, et qui se fait alors message.

 

Formée au Design textile à l'Ecole Olivier de Serres et poursuivant sa formation aux techniques numériques les plus récentes Guehria expose depuis 1996 dans le cadre de nombreuses expositions personnelles et collectives. Son travail, rapprochant le domaine physique de la perception et de la lumière avec celui des signes et des mots, se développe, selon les projets, de diverses manières et sur divers supports et médias photographiques, vidéos, installations prennent forme à partir d'objets anciens ou de récupération autant que de matériaux contemporains.

 

 

FREDERIC DEVELAY

 

Le travail de Frédéric Develay s'intéresse à une forme particulière de la "lisibilité" de l'oeuvre, réinvestissant les notions de compréhension et d'interprétation. Pour lui, reprenant le mot attribué à Marcel Duchamp " ce sont les regardes qui font le tableau" : il s'agit de conduire celui qui regarde sur le chemin passant du "voir" ou "lire"comme une manière de l'engager se rendre actif face à l'oeuvre. Aussi les mots que choisit l'artiste ne sont pas seulement des motifs plastiques mais recèlent d'un sens qui ouvre toujours à une dimension autre, à un glissement, à un détournement, à un redoublement, à l'instar de ce miroir gravé de l'expression "réflexion faite" qui joue sur le rapport signifiant/signifié de l'objet montré et du mot qui s'y rapporte. S'ajoute à cette stratégie l'usage d'énoncés performatifs - impératifs et interactifs - que la vie informatique nous a rendu coutumier et presque naturel. C'est alors à l'énoncé de liberté que Frédéric Develay nous confronte, car face à ces fenêtres informatiques agrandies, en réalité, "aucune alternative n'est possible si ce n'est celle d'accepter une proposition imposée." (...) "Nous vivons dans une univers de langage, mais ce langage est tout sauf innocent. Il véhicule avec lui une véritable vision du monde, une idéologie, une doxa, pour utiliser un terne cher à Roland Barthes. Il participe en conséquence d'une rhétorique aussi efficace que dangereuse." *

 

Frédéric Develay "appartient à cette nouvelle génération d'artistes s'inscrivant dans la continuation de la tradition de l'art conceptuel, et plus précisément de le tendance de Joseph Kosuth qui considère que la définition de l'art devient art elle-même." Depuis le début des années 80, il multiplie les expérimentations artistiques, au cours d'expositions personnelles ou collectives, sur des supports et médias aussi divers que le papier, la vidéo, l'installation, l'édition d'ouvrages et de revues, la photographie ou la sculpture, avec une prédilection pour les outils de la révolution informatique, télématiques, puis numériques.

 

*Hou Hanru, Evelyne Jouano - "Ce texte écrit (ne) peut être lu"

 

 

PATRICE BAUDIN

 

Le travail en volume de Patrice Baudin se situe, explique-t-il au carrefour de "trois notions aux limites mouvantes, poreuses : l'écriture, la mythologie et le mouvement, comme autant d'images d'une mémoire suspendue dans le temps". Des empreintes laissées au coeur d'une matière qui semble fragile et périssable, des objets suspendus dans un équilibre incertain : ses oeuvres s'apparentent à des installations , dans le mouvement qu'elles génèrent, naturel ou mécanique, aléatoire ou non. Elles tournent sur elles-mêmes, se balancent, se croisent, oscillent ... Et ce faisant, l'artiste imprime à leur réalité la nécessité du changement, la possibilité de la chute, de l'envol, de la transformation, de la métamorphose ... comme modalité intrinsèque de l'oeuvre elle-même. "L'homme n'est jamais aussi semblable à lui-même que lorsqu'il est en mouvement" aurait dit le baroque Bernini, et cette phrase a durablement et sensiblement marqué Patrice Baudin dans son esthétique et son art, qu'il s'agisse de sculpture ou de musique.

C'est dans ce contexte que transparaissent l'intérêt de l'artiste pour le sens originel et symbolique des mots, mais aussi pour le graphisme et les objets de l'écriture, portes d'accès, livres ouverts, sur la question de l'être.

 

Musicien de formation, spécialisé dans le répertoire de la flûte baroque et dans la conception de spectacle musicaux, Patrice Baudin, formé aux Atelier des Beaux-arts de la Ville de Paris à la sculpture avec Odile Bourdet et Françoise Coutant (2008-2010) se consacre également depuis plusieurs années à la création plastique, mêlant le son, la sculpture, l'image et le mouvement dans des objets toujours poétiques riches en hybridation.

 

 

FLORENCE BAUDIN

 

Chez Florence Baudin, le corps est le réceptacle à la fois de la mémoire et du monde. La fragmentation de ces corps n'est pas, comme chez Annette Messager par exemple, le signe d'une névrose d'identité, mais bien plutôt l'affirmation de son ambiguité, selon, précise-t-elle, "des procédés plastiques et des rencontres singulières entre des matériaux et le sujet traité, lesquels renforcent l'aspect fragile et éphémère de la vie, l'ambivalence des choses et des êtres." Ses installations sculpturales sont peuplées d'oreilles, réceptacles par excellence, de mains aussi, bref, de ce qui peut produire ou recevoir des signes, de ce qui rend possible la communication, la relation à l'autre, charnelle, de ce qui informe le monde, des objets et des paroles, transmet et sculpte la mémoire. Il y a une dimension proprement psychanalytique dans ces oeuvre, que Freud n'aurait pas démenti, lui pour qui l'oreille était bien plus que l'organe de l'ouï, au-delà de ce que les mots qui s'y glissent peuvent vouloir dire, de boites à secrets en secrets de famille ...

 

Florence Baudin se consacre au dessin et à la peinture depuis 1998. Après plusieurs années d'études, notamment d'Arts plastiques à la Sorbonne, qui l'amèneront à devenir enseignante en Arts plastique (2000), de dessin dans l'Atelier des Beaux-Arts de la Ville de Paris avec Annie Lacour et Jean-François Briant (2006-2008) ou de sculpture dans l'Atelier des Beaux-Arts de la Ville de Paris avec Françoise Coutant et Odile Bourdet(2008-2010), elle commence à exposer en 2010. Son travail, d'une grande richesse plastique, convoque le dessin, la sculpture, le son, mais aussi des matériaux aussi divers que plâtre, textile, papier, bois, pigments, carton, sisal, brou de noix, sel (!), cire d'abeille, ouate, cinéfoil, copeaux de boix, fil de fer, plumes et clématites, sable et tests d'oursins, LEDs et papier ruban ...

 

(texte réalisé pour l'Espace 111, Montreuil)

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12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 23:15

katia-bourdarel-1.jpg

 

Oeuvres présentées

« Série Annonciation Mmm…Non…Mmm...C’est bon… », Dessin - crayon, broderie sur papier, 24x31 encadré 30x40, 2002

« Série Annonciation Oh oui…Oh oui…Plus vite… », Dessin - crayon, broderie sur papier, 24x31 encadré 30x40, 2002

Courtesy Galerie Eva Hober

 

 

Si l’univers de Katia Bourdarel est familier de l’imagerie populaire des mythes, contes et légendes qui nourrissent le monde de l’enfance, de fées chrysalides en petites filles cruelles,  ce n’est pas pour ses images d’innocences perdues que nous l’avons conviée à participer à l’exposition mais pour un autre travail dans un esprit sensiblement différent. Davantage liées à son goût pour les antinomies, les « Annonciations » présentées ici opposent avec humour et audace le sacré et le profane.

 

Reprenant l’iconographie chrétienne sur le thème de l’Annonciation faite à Marie, elle ose  y ajouter un commentaire en broderie précieuse, iconoclaste et malicieux. Elle donne ainsi à voir une image paradoxale : d’un côté la pureté, la virginité, le miracle de l’immaculée conception, sauvée du péché originel, de l’autre, ou plus exactement dans le même temps, les mots du sexe et du plaisir.

 

Bien sur il ne s’agit pas pour Katia Bourdarel  d’interpréter  la stricte orthodoxie de la problématique du « péché originel », qui n’a qu’un rapport limité avec l’activité sexuelle en tant que telle, mais, avec le « péché de chair » augustinien, de pointer la culpabilité nourrie par les morales et les religions  autour du sexe et du plaisir sexuel.

 

Et bien que le péché de la chair soit inscrit au chapitre III de la Genèse, condamnant l’homme à la finitude et lui refusant la grâce absolue dan son ultime culpabilité, c’est avec une fausse ingénuité que Katia Bourdarel s’amuse de cette impossible virginité, dans une histoire où le plaisir charnel, coupable, forcément coupable, reste un territoire prohibé, et ici, inexploré.

 

 

"SEULES LES PIERRES SONT INNOCENTES" - GALERIE TALMART - 22 Rue de Cloître St Merri- PAris 4ème -

DU 13 AVRIL AU 12 MAI 2012

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9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 23:07

raed-bayawah.jpg

 

Oeuvre présentée

Photographie issue de la série « Les couleurs du soleil », argentique, tirage sur papier, 100x100, 2007

 

 

La photographie issue de la série « Les couleurs du soleil » a été prise en Roumanie, en 2007, l’année où le pays devait entrer dans l’Union Européenne. « L’été de cette année-là », raconte Raed Bawayah, «  je suis allé vivre pendant un mois parmi les gens d’un village traditionnel du nord du pays. Enfants, parents et grands-parents, je les ai accompagnés dans leurs jeux, travaux et repos. En leur présence, des souvenirs de moments vécus dans mon village de Palestine me revenaient en esprit. ».

 

Parmi les clichés, celui de ces trois amis, au seuil de l’enfance, dans le saisissant contraste entre l’attitude affirmée et empreinte de dureté du jeune homme au premier plan, et le regard du jeune homme derrière lui, incertain et soumis, symbolisant une forme du passage nécessaire de perte de l’innocence et l’entrée dans le monde adulte.

 

 

"SEULES LES PIERRES SONT INNOCENTES" - GALERIE TALMART - 22 Rue de Cloître St Merri- PAris 4ème -

DU 13 AVRIL AU 12 MAI 2012

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7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 23:04

loulou-picasso.jpg

 

Oeuvre présentée

Sans titre – acrylique sur papier, 50x65, 2011

Série "La révolution triste"

Courtesy Arts Factory

 

 

L’œuvre de Loulou Picasso présentée ici fait partie de la série « La révolution triste », dont les peintures ont été rassemblées dans un ouvrage publié récemment. Si la contestation joyeuse, et l’espoir de lendemains qui chantent ne sont peut-être plus d’actualité, le monde adolescent reste celui de la révolte, une révolte sans doute aujourd’hui chargée d’une violence écorchée, qui se retourne contre elle-même, et dont le corps blessée de jeune fille ici présente les troublants stigmates.

 

 

"Membre fondateur du groupe Bazooka qui sévit dès le milieu des années 70 au sein de la scène underground française, Loulou Picasso va imposer avec ses complices Kiki Picasso, Lulu Larsen, Olivia Clavel, Bernard Vidal, T5dur et Jean Rouzaud - rencontrés pour la plupart aux Beaux-Arts de Paris - une œuvre sans concessions, froide et provocante, véritable contrepoint graphique au mouvement punk. Leurs travaux sont signés collectivement où sous de nombreux pseudonymes, dépersonnalisant ainsi le processus de création. L’objectif avoué est de sortir du circuit classique de diffusion d’œuvres d’art (galeries, institutions …), dans un premier temps via l’autoédition (les revues « Loukoum Breton », « Activité Sexuelle Normale », « Bulletin Périodique » …) puis en s’affichant sur des supports accessibles au plus grand nombre (pochettes de disques, génériques TV, presse quotidienne et magazine …). Engagés en 1977 à Libération, ils vont littéralement faire exploser la maquette du journal, déplaçant les colonnes, remplaçant les travaux photographiques par des dessins ou ajoutant textes et légendes souvent en opposition avec le contenu des articles qu’ils sont supposés illustrer. La rédaction étant largement partagée sur ces interventions graphiques, les agressions verbales et physiques entre l’équipe historique du journal et les membres du groupe Bazooka vont se multiplier jusqu’au renvoi pur et simple du collectif. Leur retour sera rendu possible grâce à Serge July qui leur proposera de développer un projet indépendant du journal, le désormais mythique « Un Regard Moderne » (5 parutions plus un N°0, tous publiés en 1978).

 

Le groupe explose à la fin des années 70 victime de ses excès et de son rythme de travail frénétique, laissant derrière lui un ensemble impressionnant de dessins, collages, photomontages, peintures et publications dont l’influence sera primordiale sur la création graphique à venir. Largement considérée comme le point de départ de l’under-graphisme français de « Elles Sont de Sortie » à « Frédéric Magazine » via « Le Dernier Cri », l’épopée Bazooka aura par ailleurs essaimée du côté de l’art contemporain : les peintres de la Figuration Libre s’inspireront volontiers de cette énergie pour éditer leur premières publications (« BATO », « Dirosa magazine » …) et l’esthétique développée aujourd’hui dans les dessins de certains jeunes artistes français de premier plan prends sans nul doute sa source à ce moment là.

 

Au début des années 80, Kiki et Loulou Picasso publieront quelques ouvrages en solo particulièrement marquants (« Les Chefs d’œuvres de Kiki Picasso » au Dernier Terrain Vague, « Agréable » et « Silence » chez Futuropolis …), Loulou se consacrera ensuite à sa peinture en étant représenté par la Galerie du Jour Agnès B., tandis que Kiki explorera les multiples possibilités de la palette graphique en créant Art Force Industrie, un studio de création vidéo dont bon nombre de productions envahiront les chaînes TV. En 2002, Kiki et Loulou se retrouvent pour animer unregardmoderne.com, un site Web où chaque collaborateur (Olivia Clavel, Anne van der Linden, Placid, Chris Marker …) apporte à chaud une réaction graphique à des dépêches d'actualité. Ce projet restera actif jusqu'en 2005, date où il devra fermer sous la pression des grandes agences de presse qui voient d'un assez mauvais oeil l’utilisation de leurs communiqués détournés. La même année paraît aux Editions du Seuil « Un Regard Moderne », catalogue de l'exposition éponyme présentée au Musée de l'Abbaye de Sainte-Croix (Sables d'Olonne), première étape d'une reconnaissance institutionnelle.

 

Après une participation remarquée à l’exposition « Des Jeune Gens Modernes » programmée en 2008 par la Galerie du Jour Agnès B., Kiki et Loulou Picasso font leur retour dans les librairies grâce à L’Association qui édite en juin 2009 « Engin Explosif Improvisé ». Sous une maquette signée Etienne Robial, fondateur de la maison d’édition Futuropolis (première époque) et graphiste historique de Canal +, ce projet serait  à l’origine un rapport commandé par l'Office Central des Inégalités au sujet d’une mystérieuse organisation militante ayant pour nom la « Fraternité des précaires ». La sortie de cet ouvrage est accompagnée par une exposition itinérante produite par arts factory [ galerie nomade ] . Début 2011, l’exposition « Europunk » est présentée pour la première fois à Rome dans le cadre prestigieux de la Villa Médicis. Les œuvres du groupe Bazooka occupent une large place dans ce panorama de la culturelle visuelle punk en Europe des années 1976-1980. En parallèle, Loulou Picasso reprend la peinture et publie en septembre 2011 «  La révolution triste » chez United Dead Artists ; un recueil d’œuvres récentes dont la plupart ont été réalisées pour l’exposition « Teen Spirit »."

 

(source : Artsfactory)

 

 

"SEULES LES PIERRES SONT INNOCENTES" - GALERIE TALMART - 22 Rue de Cloître St Merri- PAris 4ème -

DU 13 AVRIL AU 12 MAI 2012

 

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5 mars 2012 1 05 /03 /mars /2012 22:51

Du 6 au 18 mars 2012, le peintre grec Babis Pilarinos présentera son travail à la galerie du 59Rivoli.

 

visuel-pilarinos.jpg« Paradise Now ! » : le titre de l’exposition, choisi il y a de nombreux mois, prend aujourd’hui une dimension bien particulière, car nul ne peut ignorer maintenant l’étendue du désastre économique et politique de la Grèce, qui a signé le début d’une grave crise partout en Europe.

Alors, invoquer le paradis, ici et maintenant ? Ce titre, qui sonne comme une injonction pourrait bien se transformer en une revendication politique, un impératif aussi, une urgence à y croire encore, ou à le vouloir, encore…

 

Car vu d’ici, nous n’avons au fond que peu de témoignages de la manière dont les grecs vivent, au quotidien, la situation inédite de leur pays. Babis Pilarinos n’est pas de ces artistes reclus dans quelque sphère privilégiée, il vit à Athènes, au coeur de ce monde en crise, et sa sensibilité d’artiste fait de lui un homme résolument de son temps. Comment un artiste grec aborde-t-il ce moment, cette quête devenue nécessaire d’un monde autre et différent ? Son œuvre, dans sa simplicité et sa douceur, se dévoilera alors peut-être moins comme une forme de la naïveté qu’un point d’ironie.

 

Car le langage pictural de Babis Pilarinos, si personnel, oscille entre art naïf et peinture byzantine. Lui qui passe une partie de son temps à couvrir les murs des églises orthodoxes de ses peintures d’icônes est en effet fortement inspiré, tant dans la manière de traiter ses sujets que dans sa technique, de la tradition picturale byzantine;

 

Peindre des icônes et être un artiste contemporain est-il paradoxal? Pas ici, et pas pour Babis Pilarinos, qui affirme, à raison, que rien ne peut jamais être absolument neuf. La peinture d’influence byzantine est pour lui un langage avec lequel il peut exprimer des préoccupations contemporaines, d’où ce « décalage » entre cette peinture à la facture à la fois classique et dirait-on ici, « naïve », et les sujets traités, les contenus même de sa peinture.

 

La peinture narrative de Babis Pilarinos se tourne résolument vers le monde de l’enfance, la sienne, vécue entre les Iles Ioniennes, ou celle qu’il vit encore aujourd’hui au travers de ses propres enfants.

Sur les thèmes récurrents de l’amour, de la mort, de l’amitié, de la communication et de la communion, de la communauté, son oeuvre se veut une “célébration de la  vie”, et sa « naïveté » joyeuse, son intérêt pour l’enfance se dessine moins comme un échappatoire que comme une arme, un combat, contre une certaine violence de la société contemporaine et l’image désabusée d’un monde en « paradis perdu ».

 

Une occasion de soutenir un artiste grec!

 

"Paradise Now! Contes modernes" - Babis Pilarinos - galerie du 59Rivoli - 59 rue de Rivoli, Paris 1er

Du 6 au 18 mars

Vernissage le 7 mars à partir de 18h en présence de l'artiste

 

A noter:

 

Musique classique et traditionnelle grecque avec le DUO guitares EMELIA - Doreen Laskaridou et Maria Papadi -

Le samedi 10 mars à 18h

 

Un projet de livre de contes bilingue français-grec, né de la rencontre entre Babis Pilarinos et Kristell Van Hove, est en cours.

Une lecture des contes par Anne-Sophie Schumacher est prévue le mercredi 14 mars à 18h.

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4 mars 2012 7 04 /03 /mars /2012 22:47

jessydeshais1.jpg

 

Oeuvres présentées

 "Les petites culottes", installation- organdi, eau sucrée, impression numérique, broderie, épingles, hameçons, dimensions variables, 2011

 

 

L’installation « les petites culottes » constitue l’ « Etape #3 » du « Daily Shit ».

« Le Daily Shit », explique Jessy Deshais, « est l’expression mêlée de mon bonheur de vivre et de ma profonde déception face à notre monde. »

 

La première étape fut, en 201O, un curieux autoportrait intitulé « La petite fille à la face du trou du cul du chien », manifestant la part la plus malaisée, et la plus violente de l’enfance.

Puis elle commence, « de façon thérapeutique », à rédiger chaque jour son « tracas le plus personnel possible, daté au tampon encreur, page à page avec la rigueur de ces colonnes de presse qui elles aussi sont vouées à disparaître. », sur des rouleaux de papier toilette. Le résultat : dix rouleaux entiers de papier toilette, obsessionnellement calligraphiés formant une gigantesque et étonnamment élégante et précieuse page mouvante, pleine d’humour et d’ironie.

« Les petites culottes », quant à elles, forment un ensemble de pièces uniques, fabriquées en organdi et rigidifiées dans un sirop de sucre. Ces apparemment jolies petites culottes, de la taille d’un enfant, se dévoilent dans un jeu d’attraction-répulsion très efficace, de la candeur à la cruauté, de l’innocence à la perversion.

« Elles ont le poids d’une plume, la fragilité d’une aile de papillon et les cris sourds de la violence. », en dit Jessy Deshais, évoquant dans le même temps la force de l’enfance face à la violence du monde, et les blessures indélébiles de ce même enfant devenu adulte.

 

Travail exprimant une féminité à la fois complexe et décomplexée, l’œuvre de Jessy Deshais témoigne en tout cas d’une humanité qui n’a peur ni des mots ni des images, se joue des bienséances, des codes et des réalités, fussent-elles organiques. Elle porte un regard à la fois décalé et sans détours sur ce qu’elle appelle « les petites merdes du quotidien », regard critique et parfois acerbe sur le monde dans lequel nous vivons, et nous suggère que la vulgarité n’est pas toujours là où on l’attend.

Elle affirme aussi que si « le monde est affreusement déprimant », il suffira qu’elle tire un sourire de (n)os faces pour avoir « participé à un petit quelque chose ici bas. »

 

"SEULES LES PIERRES SONT INNOCENTES" - GALERIE TALMART - 22 Rue de Cloître St Merri- Paris 4ème -

DU 13 AVRIL AU 12 MAI 2012

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1 mars 2012 4 01 /03 /mars /2012 00:21

MF-Armory.jpg

 

La Galerie Hussenot présente mounir fatmi dans le cadre du traditionnel Armory Show de New-York.

Et à partir du 9 mars, "Oriental accident", exposition personnelle de l'artiste chez Lombard Freid Projects, également à NY. (New-York Lombard-Freid Projects- 518 West 19th Street- New York NY 10 011- Jusqu'au 14 avril)

 

(et bien sûr, à partir du 12 avril, la vidéo "Dieu me pardonne" de mounir fatmi sera présentée dans le cadre de l'exposition "Seules les pierres sont innocentes", à la Galerie Talmart)

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29 février 2012 3 29 /02 /février /2012 22:43

michaelaspiegel3.jpg 

 

 

Oeuvres présentées

Sans titres, série "Images de l'enfance perdue", collection de photos vintage revisitées, différents formats, 2010

 

 

Les « images de l’enfance perdue » de Michaela Spiegel est une très particulière collection de photos anciennes, chinées dans les brocantes et autres lieux ou se vendent photos de baptêmes ou de communion de ceux dont on ne se souvient plus, et retouchées de manière fort iconoclaste.

Bien sûr, même si nous nous gardons d’analyser ces images selon le mode freudien,que pourrait affectionner Michalea Spiegel, -l’enfant est un « pervers polymorphe »-, ces images d’enfance opèrent néanmoins une sorte d’effet temporel rétroactif, un genre de « retour vers le futur » : observons ces adorables enfants dans tout l’éclat de leur pureté, mais marqués des signes de leurs perversions futures, pour eux encore aussi inconnues qu’invisibles…Mais qui sait réellement ce qui se cache derrière ces visages innocents ? Les monstres aussi furent enfants un jour.

 

Les mythologies psychologiques, sociales et politiques, celles de l’enfance, de l’innocence, celle des femmes en particulier et de leur supposée « essence féminine », est au cœur de l’œuvre de Michaela Spiegel, artiste autrichienne qui, depuis plus de vingt ans, livre une vision de l’Histoire très personnelle, inclinant résolument vers l'humour acerbe plutôt que vers l'esprit de sérieux. Peintures, collages, photomontages, samples d'images, vidéos, l’artiste explore plastiquement les multiples et complexes facettes de ces mythologies qu’elle entend déconstruire, dans une posture résolument existentialiste.

 

Toute la richesse du travail de Michaela Spiegel trouve ici son illustration, dans cette stratification, dans ce foisonnement tous azimuts, intellectuel et réjouissant, dans ces entrelacs de jeux visuels et de jeux sémantiques, de jeux de mots et « jeux d’esprit » pour reprendre la terminologie freudienne, dans ces décalages perpétuels, ces transvaluations permanentes, ces détournements esthétiques, ces télescopages qui ouvrent toujours une troisième voie, dans cette décontextualisation vivace qui force à d'autres significations et réactive sans cesse le sens.

 

Une oeuvre toujours emprunte d'une réjouissante folie à l'esprit dada mâtiné de Mme de Rotschild!

 

 

"SEULES LES PIERRES SONT INNOCENTES" - GALERIE TALMART - 22 Rue de Cloître St Merri- PAris 4ème -

DU 13 AVRIL AU 12 MAI 2012

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