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13 février 2011 7 13 /02 /février /2011 11:35

yassine-photo.jpg

 

Résultat d’une résidence artistique de six mois chez Shakers, à Montluçon, Yassine Balbzioui présente, avec l’exposition « The fish inside me », un ensemble de peintures, photographies, aquarelles et vidéos, donnant à voir un panorama complet de ses pratiques et de son univers.

 

Tout commence avec cet étrange autoportrait : au sol, un corps gisant, la tête enfouie sous une couverture. C’est l’artiste, dont on ne sait s’il est encore en vie ou s’il se terre, se cachant le visage pour faire disparaître le monde : un geste animal – celui de l’autruche, animal qu’il affectionne-, un geste infantile, mais symbolique des questionnements et des effrois qui nourrissent son travail.

Formellement, la peinture de Yassine Balbzioui tient d’une certaine tradition expressionniste, et son travail, d’un sens aigu de l’absurde et de ses corrélats, l’ironie et la dérision, à mi-chemin entre Dada et Fluxus.

A l’instar de cet autoportrait inaugural, les personnages de Yassine Balbzioui ont tous ceci en commun que tout visage humain en est absent, que celui-ci soit occulté par un sac de papier ou de plastique, biffé d’un trait de peinture, masqué de carton-pâte, ou prenne les traits d’un de ces animaux qui animent son bestiaire : une autruche, un poisson.

 

Yassine Balbzioui est ainsi un bien étrange portraitiste, et cette dialectique entre « montrer » et « dissimuler » parcourt tout son travail, qu’il pointe ainsi nos multiples aveuglements volontaires, ou qu’il nous renvoie à notre intrinsèque solitude.

 

Mais les êtres hybrides que dépeint Yassine Balbzioui, aux confins de l’humain et de la bête, sans caricature ni anthropomorphisme, interrogent avant tout l’animalité « inside me », révèlent cette part inexplorée, occultée par la pensée, sous le polissage de la civilisation, et les basculements toujours possibles.

 

Par delà cette sorte de brutalité plane une atmosphère d’inquiétante étrangeté, dans laquelle le non-sens et le décalage, la posture d’idiotie, le comique du geste, en terme de rupture de cohérence, pourraient renvoyer au monde de l’enfance mais nient dans le même temps toute innocence, marquant dans ces visages sans visages, ces grands yeux comme des trous noirs, inquisiteurs et stupides -au sens propre- une part d’effroi face au spectacle du monde dont nous sommes.

 

Et le rire, plus que jamais grinçant et d’essence « satanique », pour reprendre le mot de Baudelaire, que provoquent les performances vidéo ou les photographies du « Safari Bamako » de Yassine Balbzioui exprime intensément nos tiraillements entre deux infinis.

 

"The fish inside me" - Yassine Balbzioui - Chateau de la Louvière, Montluçon - du 4 mars au 4 avril 2011 -

 

Un catalogue sera publié à l'occasion de cette exposition, avec un texte que j'ai signé.

 

Voir le site de l'artiste: www.yassinebalbzioui.com  

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7 décembre 2010 2 07 /12 /décembre /2010 22:49

*Sans dessus dessous, sens dessus dessous : les artistes jouent avec les matières, les images et les représentations, et détournent les sens, histoire de jouer !

 

Jouer sur les matières, utiliser un matériau sportif pour en faire autre chose ou au contraire, produire un objet à usage apparemment sportif mais dans un matériau inattendu, comme le font Cyril Hatt, Bruno Peinado, Guillaume Poulain, Emmanuel Régent ou Luna, c’est détourner le sens initial donné à l’objet du sport et par extension, redessiner les contours de l’univers qui va avec. Puisant dans ce que le sport a à voir avec la culture populaire aujourd’hui, les artistes libèrent les objets de leur « valeur d’usage », s’en réapproprient les signes, télescopent, mixent et métissent. Des casques de moto deviennent grappe sculpturale et colorée chez Lionel Scoccimaro, et Sophie Dalla Rosa invente des trophées d’une matière nouvelle.

 

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Lionel-Scoccimarro.jpgStrictely décorative object n°2 pourrait, s’y l’on s’en tient à son titre, être vu comme un bel assemblage coloré, une sculpture pop et acidulée. Mais cette sculpture, réalisée à partir de casques de moto, customisés de différents motifs et suspendus en une grappe comme une sorte de chapelet, raconte sans doute bien autre chose. Ici, il s’agit d’abord pour Lionel Scoccimaro de réinterpréter, dans ce travail d’hybridation qui lui est propre, « des traditions populaires tout en les ré envisageant sous un angle nouveau ». En effet, cette œuvre semble s'inspirer d’une pratique populaire mexicaine, dans laquelle on accroche dans les arbres, au bord des routes, des objets ayant appartenu aux défunts accidentés, et en particulier les casques des motards. Tradition mixée avec celle, italienne cette fois, que l’on peut voir dans certaines chapelles, d’ex-voto en chapelets de casques de motards défunts. Le travail de Lionel Scoccimaro donne souvent à voir dans une même œuvre des éléments contradictoires. Ici, semble s’opposer de manière implicite, à cette débauche de couleurs policées et de motifs flambants, l’idée de la mort, idée qui est aussi éminemment présente dans l’univers, réel et esthétique, des motards. Puis se joue la dimension autobiographique, ligne de fond dans la démarche de Lionel Scoccimaro, lui qui fut motard et surfeur, et voyagea longtemps d’une rive à l’autre, de la Californie au Mexique, de l’Indonésie ou Sénégal. Enfin, la beauté formelle de l’œuvre, dans ses volumes et ses lignes, relève du souci de l’artiste de manier et de parvenir à fusionner des esthétiques a priori hétérogènes.

 

L’œuvre de Lionel Scoccimaro s’inscrit toujours dans une dimension profondément ludique, sans doute plus ou moins liée à l’enfance et à la nostalgie fantasmée qu’elle peut susciter, mais peut-être davantage encore à la fuite de l’esprit enfantin et libre. Ses œuvres prennent alors souvent une tournure sinon subversive, pour le moins dénué de censure bien-pensante,  qu’il s’agisse de ses culbutos géants, jolis jouets prenant la forme de sex-toys géants (Custom made, 2003-2007), ou de ses Octodégénérés (2002-2007), octogénaires malicieusement retombés en enfance.

L’hybridation d’images et de signes, puisés dans les différentes expressions de la culture populaire et de la contre-culture depuis les années 60, relevant à la fois de passions personnelles et d’un regard sur le monde contemporain, est au cœur de la stratégie artistique de Lionel Scoccimaro. Il ne craint ni la véritable « culture pop », ni le kitsch, ni ce que les contre-cultures ont pu produire. Ainsi, le monde des bikers, du rock, du surf, du skate, tout comme celui des telenovelas, des playmates, du custom ou du tuning, du catch, ou encore du cinéma érotico-kitsch des années 70, lui sont familiers. L’œuvre de Lionel Scoccimaro peut s’appréhender comme un laboratoire de chocs des cultures et des esthétismes, dans lequel le vulgaire et la violence peuvent espérer côtoyer le délicat et le sublime. Car il y a chez l’artiste une certaine sorte de formalisme, un intérêt et un goût pour la « belle œuvre », le travail des matières (le bois, le métal), des textures (le lisse, la surface) et des couleurs (l’éclatement chromatique, le brillant). Une manière, peut-être, de fusionner, de gré ou de force et non sans ironie, les expressions de cultures considérées comme mineures avec le monde dit « des œuvres d’art ».

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(Texte extrait du catalogue de l'exposition)

 

Photo courtesy Lionel Scoccimaro

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7 décembre 2010 2 07 /12 /décembre /2010 22:40

*Sans dessus dessous, sens dessus dessous : les artistes jouent avec les matières, les images et les représentations, et détournent les sens, histoire de jouer !

 

Jouer sur les matières, utiliser un matériau sportif pour en faire autre chose ou au contraire, produire un objet à usage apparemment sportif mais dans un matériau inattendu, comme le font Cyril Hatt, Bruno Peinado, Guillaume Poulain, Emmanuel Régent ou Luna, c’est détourner le sens initial donné à l’objet du sport et par extension, redessiner les contours de l’univers qui va avec. Puisant dans ce que le sport a à voir avec la culture populaire aujourd’hui, les artistes libèrent les objets de leur « valeur d’usage », s’en réapproprient les signes, télescopent, mixent et métissent. Des casques de moto deviennent grappe sculpturale et colorée chez Lionel Scoccimaro, et Sophie Dalla Rosa invente des trophées d’une matière nouvelle.

 

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LUNA_ballon-de-rugby2_cr-dit-r-alis--dans-les-ateliers-de-X.jpgPour FIGURE LIBRE, Luna a choisi de réaliser une sculpture jouant sur le décalage entre le matériau utilisé et ce qu’elle représente. Ce ballon de rugby, réalisé dans une porcelaine travaillée à la manière dite « coquille d’œuf », d’une extrême finesse, a le raffinement et la fragilité des plus luxueux objets d’ornement, et un réalisme dans le détail – les coutures du ballon - presque hyperréaliste. L’œuvre joue donc du détournement et de l’écart entre la préciosité de l’objet et la rudesse d’un sport qui ne fait pas… dans la porcelaine ! Cet objet est absurde, entre sens et non-sens, puisqu’il ne remplit aucune de ses fonctions. Il est évidemment dégagé de sa fonctionnalité en tant que ballon, qui se briserait en mille morceaux si seulement quiconque s’avisait de jouer avec. Minimaliste dans son blanc pur, l’œuvre n’affiche pas non plus le décorum baroque qu’on pourrait attendre d’une pièce en porcelaine coquille d’œuf. Dans le même temps, ce choix esthétique donne une beauté formelle à un objet usuel, considéré comme simple matériel sportif. Luna fait ainsi vaciller les normes en vigueur, celle du masculin/féminin, mais aussi le glissement du réel vers la fiction, thèmes récurrents dans le travail de l’artiste.

 

Luna a étudié à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris et de Toulouse. Elle s’essaie d’abord à la sculpture et à la peinture, avant de commencer à explorer d’autres médias : le son, la photographie, la vidéo, forgeant peu à peu sa démarche artistique.

Elle offre ainsi un travail très personnel axé sur une réflexion à propos du statut et l’autonomie de l’image, en même temps que sur la situation de l’auteur contemporain, posant ainsi la question de la dépersonnification de la création.

A partir de travaux d’installations, de vidéos, de photographies au caractère quasi pictural, elle opère une déconstruction des images et des codes, notamment par le détournement et la réappropriation. Dans une posture de mise à distance et parfois de dérision, le travail de Luna s’inscrit de manière très contemporaine dans une réflexion critique sur les conventions, les représentations, les postures sociales, les modes d’identification postulés ou avérés, les mythes collectifs et les aliénations.

Si certaines de ses œuvres peuvent se rapprocher d’un geste actionniste – comme lorsqu’en 2005, elle montre un sexe féminin tatoué d’un code barre sur fond rose bonbon - son travail peut aussi incliner parfois vers une forme de situationnisme, dans cette manière de favoriser l’irruption poétique dans les situations ou les activités les plus banales : dans la série Gate, elle se représentait, quelque part dans l’espace neutre et banal d’un aéroport, dans des situations d’attente indéterminée. "

 

( Texte extrait du catalogue de l'exposition)

 

Sans titre -  Exemplaire unique – 2010 -  Porcelaine 28 cm – Réalisé dans l’atelier de Xavier Maffre, Aubeterre

 

Photo Courtesy LUNA

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7 décembre 2010 2 07 /12 /décembre /2010 22:33

*Sans dessus dessous, sens dessus dessous : les artistes jouent avec les matières, les images et les représentations, et détournent les sens, histoire de jouer !

 

Jouer sur les matières, utiliser un matériau sportif pour en faire autre chose ou au contraire, produire un objet à usage apparemment sportif mais dans un matériau inattendu, comme le font Cyril Hatt, Bruno Peinado, Guillaume Poulain, Emmanuel Régent ou Luna, c’est détourner le sens initial donné à l’objet du sport et par extension, redessiner les contours de l’univers qui va avec. Puisant dans ce que le sport a à voir avec la culture populaire aujourd’hui, les artistes libèrent les objets de leur « valeur d’usage », s’en réapproprient les signes, télescopent, mixent et métissent. Des casques de moto deviennent grappe sculpturale et colorée chez Lionel Scoccimaro, et Sophie Dalla Rosa invente des trophées d’une matière nouvelle.

 

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2-Regent-Aux-bords-du-dehors_BD.jpgOn pourrait la regarder comme un souvenir de vacances, comme un vestige, ou comme un vieil outil oublié là dans le fouillis d’une cabane de pêcheur… Une rame en bois toute simple, telle qu’on en a besoin pour faire avancer sa barque au fil de l’eau. Un objet sans noblesse apparente, comme les aime Emmanuel Régent, comme si ces objets ordinaires étaient ceux qui, finalement, recelaient le plus de mystères possibles. Cette rame sous sa banalité première, semble pourtant briller d’un éclat particulier : sa pale est recouverte d’un délicat film d’argent, comme si elle avait été plongée dans une mer de métal liquide et précieux. La voici alors convertie en trophée, en trace d’une extraordinaire et mystérieuse aventure, en histoire à elle toute seule, en morceau arraché à la ligne d’horizon.

Chez Emmanuel Régent, la transvaluation d’un objet banal en joyau métallisé est une récurrence. Une simple pierre recouverte à la feuille d’argent comme un astéroïde, une pierre tombée d’ailleurs (Reflet, 2006), un bloc géométrique en inox (2007), ou, plus rare, les ramifications des pédicelles d’une grappe de raisin plongées dans un bain d’or 24 carats (Raissa, 2007). Il y a, dans cette capacité de l’argent à réfracter la lumière, au-delà de son apparente froideur minimale et minérale, une manière de (re-)donner à l’objet un pouvoir d’existence, mine de rien, un pouvoir poétique, surtout.

 

Né à Nice en 1973, Emmanuel Régent vit et travaille entre Paris et Villefranche sur Mer. Diplômé de l’ENSBA en 2000, il développe des processus d’ « apparitions instables », au travers de dessins, peintures et installations, sur le mode du retrait et du fragment, à la lisière du visible, de l’apparition et de la disparition, du neutre. Les manques permettent de «  construire des espaces de projection ouverts, des espaces de suppositions, de divagations, de dispersions », explique l’artiste, ouvrant à une grande liberté d’interprétation et d’appropriation. L’œuvre d’Emmanuel Régent dévoile un intérêt particulier pour la lenteur, l’attente, le vide, les bribes d’évènements, micro évènements ou non-évènements, l’oubli positif qui fait naître une autre chose…ne serait ce qu’une histoire nouvelle. Son travail se distingue par la simplicité de ses procédés, s’exprimant dans une économie de moyens, le feutre noir et le papier blanc, des matériaux usuels, des objets à peine détournés dans un esprit parfois proche de lArte Povera.

Lauréat 2009 du Prix Découverte du Palais de Tokyo, son travail a récemment fait l’objet d’une exposition personnelle au Palais de Tokyo, Mes plans sur la comète/drifting away, et d’un catalogue monographique."

 

(Texte extrait du catalogue de l'exposition)

 

Aux bords du dehors - Bois et argent – 180 x25 cm environ – 2010- Courtesy Galerie Espace à Vendre/ Le Cabinet et I Love My Job

 

Photo Courtesy Emmanuel Régent

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7 décembre 2010 2 07 /12 /décembre /2010 22:20

*Sans dessus dessous, sens dessus dessous : les artistes jouent avec les matières, les images et les représentations, et détournent les sens, histoire de jouer !

 

Jouer sur les matières, utiliser un matériau sportif pour en faire autre chose ou au contraire, produire un objet à usage apparemment sportif mais dans un matériau inattendu, comme le font Cyril Hatt, Bruno Peinado, Guillaume Poulain, Emmanuel Régent ou Luna, c’est détourner le sens initial donné à l’objet du sport et par extension, redessiner les contours de l’univers qui va avec. Puisant dans ce que le sport a à voir avec la culture populaire aujourd’hui, les artistes libèrent les objets de leur « valeur d’usage », s’en réapproprient les signes, télescopent, mixent et métissent. Des casques de moto deviennent grappe sculpturale et colorée chez Lionel Scoccimaro, et Sophie Dalla Rosa invente des trophées d’une matière nouvelle.

 

 

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LA-COUPE---Guillaume-Poulain_BD.jpgCe ballon découpé en fleur, cette « coupe » de Guillaume Poulain, témoigne de la manière dont un certain nombre d’artistes contemporains choisissent de récupérer des objets du quotidien, dans leur banalité, pour en réévaluer le potentiel et recréer une réalité à partir d’elle.

Guillaume Poulain entre ainsi dans une certaine logique de ready-made, bien qu’intervenant souvent dans un processus réel de création, notamment par le changement d’échelle, le surdimensionnement, le choix des matériaux, de ces objets trouvés un peu partout dans ce qu’offre le monde contemporain, au supermarché, dans un magasin de sport ou de bricolage.

Ainsi cette « coupe » -un ballon de basket- est découpée selon les lignes, formant au choix une étoile ou une fleur, simplement punaisée au mur. Cette intervention peu sophistiquée sur l’objet tient à la fois du déplacement et de la transformation de sa « valeur d’usage », et suffit à lui ré -inventer une raison et une manière d’être.

 

Faire ré-émerger une dimension esthétique du quotidien, où l’extraordinaire peut toujours se révéler sous l’ordinaire (à moins qu’il ne s’agisse du contraire !), est peut-être une manière de remettre sous le regard une beauté possible enfouie sous l’habitude. Un pare-soleil de voiture, un plancher stratifié, un ballon, un fil de réglisse… sont autant d'éléments de référence et d'émerveillement susceptibles de devenir œuvres d’art.

Mais la posture de discrétion et de simplicité dans les interventions de Guillaume Poulain, qui donne parfois à voir des œuvres qui peuvent sembler inachevées, tient de la volonté de ne pas céder à un fini clinquant, à la « virtuosité ou à l’esbroufe technique »*. Simplicité qui n’est jamais dénuée d’humour ou d’ironie, pas très éloigné d’un « jeu de mot visuel », dans la dérision de ses systèmes antichar en mélaminé, ses ballons de basket en terre cuite, son biscuit Lu géant en aggloméré, son « maman » dans la typographie d’une célèbre marque d’électroménager ou sa tour Babybel gonflable.

Humour qui n’est jamais sans souci réel de réflexion sémantique et sémiologique sur les objets, les signes, les images, qui sous-tendent une société contemporaine toute entière tournée vers l’économie, l’ostentation et les discours simplificateurs.

Guillaume Poulain est diplômé de l’ENSBA de Paris et enseigne à l’Ecole des Beaux-Arts de Tarbes. 

        

* Jean-Marc Huitorel

 

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( Texte extrait du catalogue de l'exposition)

 

La coupe -  Ballon découpé- 65 cm de diamètre – 2005- Courtesy Galerie Marion Meyer

 

 

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30 novembre 2010 2 30 /11 /novembre /2010 22:09

 

*Sans dessus dessous, sens dessus dessous : les artistes jouent avec les matières, les images et les représentations, et détournent les sens, histoire de jouer !

 

Jouer sur les matières, utiliser un matériau sportif pour en faire autre chose ou au contraire, produire un objet à usage apparemment sportif mais dans un matériau inattendu, comme le font Cyril Hatt, Bruno Peinado, Guillaume Poulain, Emmanuel Régent ou Luna, c’est détourner le sens initial donné à l’objet du sport et par extension, redessiner les contours de l’univers qui va avec. Puisant dans ce que le sport a à voir avec la culture populaire aujourd’hui, les artistes libèrent les objets de leur « valeur d’usage », s’en réapproprient les signes, télescopent, mixent et métissent. Des casques de moto deviennent grappe sculpturale et colorée chez Lionel Scoccimaro, et Sophie Dalla Rosa invente des trophées d’une matière nouvelle.

 

 

Bruno-Peinado_--Fmac--ville-de-Paris--Adagp--2010_BD.jpg"Ce skate-board, emblématique d’une certaine culture de la rue, d’une contre-culture, est réalisé en céramique. Eminemment fragile, il voit donc sa fonction annulée, transformé en objet à vocation décorative, paré de ses fleurs exotiques. Cette œuvre condense un grand nombre de pratiques récurrentes chez Bruno Peinado, et en particulier sa manière de procéder par réappropriation d’influences et de cultures, par agrégation ou inversion, dans ce qu’on pourrait appeler une « esthétique du divers », fondée sur la « contamination » mutuelle des éléments utilisés ou plus exactement sur une esthétique du mix, du mélange, de l’allusion, du sample, du flux, du métissage. Il s’agit moins de jouer sur des oppositions, que sur des stratifications et des télescopages d’images et de références, ici la culture street, l’art de la céramique, la décoration florale ou la botanique, un certain exotisme tropical stylisé à la Henri Rousseau…Puisant dans de multiples sources culturelles, Bruno Peinado donne à voir une réalité décomposée, puis complexifiée, proposant ainsi le résultat forcément inattendu de ces mixtures.

 

La créolisation du monde est le concept fédérateur du travail de Bruno Peinado ; Concept culturel et anthropologique, dont l’écrivain martiniquais Edouard Glissant s’est fait le théoricien, selon lequel les cultures se mélangent indépendamment des territoires géographiques, dans un procédé qui ne connaît ni début, ni fin. Bruno Peinado ne cherche pas à inventer - « Prôner l’invention, c’est une technique du marketing », dit-il - mais à se réapproprier le monde, en redessinant les archétypes de la culture occidentale qui, « à moi, métis, n’étaient pas forcément destinés. ». Ainsi, slogans, logos, objets ordinaires de la modernité se voient transformés, réinterprétés et rendus à ce « Chaos-Monde » qui est désormais le notre, pour reprendre le mot d’Édouard Glissant. 

Bruno Peinado envisage la créolisation comme une rencontre inattendue et accidentelle, dont les éléments les plus hétérogènes se lient et se tissent en un vaste réseau sur le mode d’une contamination rhizomatique. Ainsi, le célèbre Bibendum black, Bibendum Michelin afro au poing levé (The Big One World, 2000), est rapidement devenu l’emblème d’un « multiculturalisme postcolonial complexe et sans exotisme ».

En se réappropriant ces images et ces signes, Bruno Peinado en opère toujours la métamorphose, par inversion, agrégation, recontextualisation, dans des techniques et des médiums aussi divers que peuvent l’être les objets détournés et les milieux qu’il pénètre, du gothique au disco, du punk à la science fiction, du graff au minimalisme en passant par design, la mode, le skate, le surf ou le tropicalisme."

 

(Extrait du catalogue de l'exposition)

 

 

Influenza, Rainbow Warriors – Sculpture – céramique – 2003 - 72 cm x 26 cm X 3 cm – Acquisition FMAC 2004

Prêté par le FMAC- Ville de Paris dans le cadre de l'exposition - photo adagp 

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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 00:41

Dans le sport, comme dans le milieu de l’art d’ailleurs, la notion de compétition est essentielle. Même si on affirme, pour rester sportif, que « l’important est de participer », à l’instar de Pierre de Coubertin, la réalité du monde sportif reproduit les relations naturelles et sociales de l’homme avec son semblable : un rapport de force à l’issue de laquelle il y aura un vainqueur…et un vaincu. Métaphore de la condition sociale, le sport s’inscrit sur le même modèle darwinien, où le dépassement de soi est corrélatif de l’idée qu’il faut être le meilleur pour survivre…

 

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casque-02.jpgIssu d’une série réalisée par Dominique Dubois autour de la feuille de thé, ce casque de football américain recouvert de ces feuilles offre d’emblée le contraste entre un objet symbolique d’un sport intense et athlétique, et ce que suggère l’univers du thé : calme et sérénité.

Ces feuilles de thé présentent une similitude évidente avec des feuilles de laurier. L’image pourrait alors faire référence à la quête de gloire et de succès – le casque se faisant couronne de lauriers- et par extension, à la dimension « Jeux du stade » et du spectacle que représente le football américain. Les pratiquants de ce sport, à la fois le plus populaire aux Etats-Unis et sans doute un des plus violents, sont parfois perçus comme des néo-gladiateurs, le stade du championnat américain Superbowl étant l’arène ultime.

Derrière ce premier niveau de lecture se dessine un autre paradoxe, entre la raison d’être du casque – protéger efficacement de chocs qui peuvent être brutaux - et la fragilité apparente et réelle de cette protection végétale. Non sans humour, l’artiste souligne, par ce travail sur les opposés et l’absurde, la radicalité des forces en opposition, entre le règne de la force humaine et celui de la nature. Il se peut que, d’une certaine manière, ce casque qui est habilité à protéger des hommes d’autres hommes, soit un moyen de se mêler à la nature, une sorte de casque de camouflage, fuyant la brutalité du sport pour une nature plus paisible et bienveillante.

 

Dominique Dubois est photographe de studio depuis de nombreuses années dans l’univers du luxe et de la décoration. Sa parfaite maîtrise de l’image, de la lumière, du cadre, lui permettent, dans son travail personnel,  souvent tourné vers des paysages réels, d’exprimer sa « volonté d’écrire avec la lumière et de prendre le monde extérieur comme un vaste studio ». Il travaille ainsi la lumière naturelle dans son aspect le plus proche de la lumière artificielle : une rue, une carrière, un chantier, un échangeur autoroutier deviennent objet, le théâtre dans lequel chacun peut projeter ses propres émotions. La photographie est souvent pour lui un moyen de s’approprier et de ré-esthétiser des lieux d’entre-deux, des zones entre villes et campagnes, sous valorisées et vides de présence humaine, laissées à l’abandon ou en cours de transformation. Au travers d’un travail numérique de recomposition, de découpage et d’aplats de couleurs désaturées, Dominique Dubois cherche à recréer le lieu, à le redéfinir, créant un univers parfois à la frontière entre poésie, dramatique et irréel. "

 

(Texte extrait du catalogue de l'exposition)

 

 

Photo: courtesy Dominique Dubois

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24 novembre 2010 3 24 /11 /novembre /2010 22:43

Dans le sport, comme dans le milieu de l’art d’ailleurs, la notion de compétition est essentielle. Même si on affirme, pour rester sportif, que « l’important est de participer », à l’instar de Pierre de Coubertin, la réalité du monde sportif reproduit les relations naturelles et sociales de l’homme avec son semblable : un rapport de force à l’issue de laquelle il y aura un vainqueur…et un vaincu. Métaphore de la condition sociale, le sport s’inscrit sur le même modèle darwinien, où le dépassement de soi est corrélatif de l’idée qu’il faut être le meilleur pour survivre…

 

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64_edouard-leve.jpgLa série Rugby fait partie d’un ensemble de trois séries photographiques autour de la même réflexion sémiologique (Pornographie, Rugby et Quotidien). Dans la série Rugby, des hommes au physique ordinaire, en tenues de ville, semblent figer un instant dans l’espace une scène d’un match de rugby, touche, maul ou mêlée. Ce sont en fait des reconstitutions, dans lesquelles des modèles rejouent des scènes inspirées de photographies trouvées dans la presse. Il n’y a pas d’intention réaliste : la prise de vue a lieu en studio, dans un décor réduit à un fond monochrome, la balle a disparu.

Selon Edouard Levé, ce travail de « neutralisation » produit une forme d’épure qui révèle, en les détournant, le caractère stéréotypé des images modèles. Des impressions contradictoires se superposent, l’œil percevant à la fois la scène de référence (le rugby), la mise en scène, et les univers parallèles qui viennent contaminer ces deux registres.

Le rugby, sport éminemment masculin, est un des rares domaines de la photographie de presse où, la représentation médiatique d’une violence réelle est « autorisée », et où, dans un même cadre, des corps s’emmêlent et s’empoignent avec violence. Rugby propose une iconographie ouverte ; des analogies avec d’autres registres apparaissent : scènes de violence urbaine, peinture religieuse, danse contemporaine statufiée…et pour nous, cette série est aussi une manière de créer une analogie entre la brutalité de certains sport et celle de la vie sociale, du monde du travail.

 

Edouard Levé est un artiste, photographe et écrivain contemporain, récemment disparu. Dans son œuvre photographique, il s’est souvent attaché à la relecture sémiotique des images de l’actualité, des médias. A travers elles, il pose la question du pouvoir politique et économique, ainsi que du pouvoir de l’image, notamment comme fantasme, en reconstituant, en mettant en scène des « images génériques » de situations données. « Lorsqu’une scène est décontextualisée, et que ne restent, comme signes d’identification des personnages,  que les vêtements et quelques accessoires, leurs poses et leurs gestes deviennent les éléments sémiologiques essentiels. La position des corps, leur disposition dans l’espace, le placement des mains et le jeu des regards fonctionnent comme indices de représentation du pouvoir. », explique-t-il. Ainsi, des séries comme Pornographie, dans lesquelles des personnes sont photographiées dans une position suggestive mais en étant habillées, ou Homonymes, dans laquelle il invite des homonymes d’hommes célèbres sous son objectif, montrent l’intérêt d’Édouard Levé pour le modèle générique, l’archétype, le stéréotype, mais aussi pour la question de l’identité et du dédoublement, du « re-jeu ». Les seuls éléments qui permettent d’interpréter ce que l’on voit : des gestes et des postures, c’est à dire une chorégraphie.

Comme dans la série Rugby, ses photographies dégagent souvent une certaine forme de classicissime dans leur composition, évoquant l’austérité géométrique de la peinture de la Renaissance. "

 

(Texte extrait du catalogue de l'exposition)

 

Série Rugby, sans titre - 1/5 – 2003 -  Photographie couleur tirage lambda sur aluminium- 100 x 100 cm - N° d’inventaire : EL080113R

Série Rugby, sans titre - 2/5 – 2003 -  Photographie couleur tirage lambda sur aluminium - 100 x 100 cm – N° d’inventaire : EL080126R

Courtesy Succession Édouard Levé / Galerie Loevenbruck, Paris

 

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19 novembre 2010 5 19 /11 /novembre /2010 22:58

Dans ce monde de compétitivité, qui est celui du sport comme le nôtre au quotidien, le dépassement de soi et des autres, le record et la sur performance se développent. Le culte de l’extrême et du dépassement des limites font de l’exploit un acte logique.

Dans le détournement, les artistes, faisant appel à l’humour, au non-sens et au sens de l’absurde, remettent ainsi en question le véritable sens de la performance, comme une expérience du monde, dont le décalage fait œuvre.

 

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tixador.jpgLe 12 avril 2005, à 13 heures GMT, après « huit pénibles jours de ski », Laurent Tixador devient le premier artiste à atteindre le Pôle Nord géographique. Cette expérience singulière pour un artiste, cette aventure, tient du registre de la performance, autant sportive qu’artistique. Sportive, dans l’engagement physique, l’effort et l’endurance. Artistique, dans l’intention qui la construit. Par son implication entière, Laurent Tixador remet en question le véritable sens de la performance en tant qu’expérience de soi et du monde. Expérimenter ses limites, sa capacité de dépassement, renverser les marges… apparaissent comme des entreprises ayant autant à voir avec l’acte sportif et l’aventure qu’avec l’acte artistique. Mais en quoi peut consister « l’aventure » pour un artiste contemporain ? Pour Laurent Tixador, il s’agit d’importer « dans le champ de l’art, une autre réalité », celle dans laquelle quelque chose d’inattendu peut advenir, en se transposant dans « des situations aventureuses » et inconnues. « L’aventure », dit-il, « c’est juste faire un pas de côté, modifier sensiblement son quotidien », du côté d’un pan inhabituel de soi, du monde, et de la réalité.

L’expédition-performance North Pole ne relève ni de l’exotisme, ni d’un tourisme de l’extrême, ni même de la quête de l’exploit pionnier ou du record, pourtant significatif du culte de l’extrême qui anime le monde contemporain. Les « aventures » de Laurent Tixador tiennent peut-être du roman d’apprentissage, et sans doute du désir de (re-)trouver une esthétique de l’aventure, dans lequel l’acte, fut-il a priori non artistique, fait œuvre.

La photographie Je voudrais être avec toi, présentée avec la vidéo North Pole, laisse dévoiler de manière inattendue un pan d’intimité au cœur de l’immensité polaire, renforçant le caractère humain de l’aventure.

 

Le travail de Laurent Tixador, qui pourrait se définir comme celui d’un « artiste expéditionniste », se situe donc à la croisée de plusieurs disciplines, avec cette volonté contemporaine de mêler, non sans humour, l’art et la vie, la recherche de l’aventure comme une expérience de vie inattendue et décalée. Et son bagage souvent uniquement théorique, cette sorte d’amateurisme de la pratique avec lequel il mène ses aventures, laisse la brèche ouverte à toutes les péripéties possibles.

Ainsi, en 2001, avec Abraham Poincheval, son compagnon d’aventure, il décide d’occuper illégalement, durant une semaine, la partie de l’île du Frioul classée en réserve naturelle, au large de Marseille, et d’y vivre de manière paléolithique, sans armes ni outils, en pêcheurs-cueilleurs (Total Symbiose). En 2002, justes équipés d’une boussole, ils rallient Nantes à Metz à pied, en ligne droite géométrique. En 2003, Laurent Tixador fait évoluer pendant plusieurs jours un iceberg radio télécommandé parmi les glaces flottantes de l'Arctique (Kiligussap Avataani). Plus tard, les deux artistes expéditionnistes expérimentent l’enfermement, vivant vingt jours en creusant un tunnel à la manière de taupes (Horizon - 20),  ou deux semaines dans des conditions de captivité extrême (La Grande Symbiose 1 et 2). Pour la FIAC, en 2009, il prend ses quartiers d’isolement à 4 mètres au-dessus du Jardin des Tuileries dans une structure instable réalisée par les Frères Chapuisat (Jumping Beans). Pour l’artiste, il s’agit d’une manière d’éprouver la réalité autant que soi-même, de se découvrir autre qu’artiste, notamment en s’affranchissant des apparences, des techniques, des médiums et des genres « traditionnels » de sa fonction. "

 

(Texte extrait du catalogue de l'exposition)

 

NORTH POLE – Vidéo – 4’30 – 2005 – Courtesy Galerie Fabienne Leclerc/ In situ

Je voudrais être avec toi / North Pole - Photographie numérique- 60 x 80 cm – 2005

 

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18 novembre 2010 4 18 /11 /novembre /2010 22:23

Dans ce monde de compétitivité, qui est celui du sport comme le nôtre au quotidien, le dépassement de soi et des autres, le record et la sur performance se développent. Le culte de l’extrême et du dépassement des limites font de l’exploit un acte logique.

Dans le détournement, les artistes, faisant appel à l’humour, au non-sens et au sens de l’absurde, remettent ainsi en question le véritable sens de la performance, comme une expérience du monde, dont le décalage fait œuvre.

 

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Les deux vidéos présentées dans l’exposition FIGURE LIBRE ont été réalisées à partir d’œuvres environnementales réalisées par Maris Denis : des terrains de football iconoclastes, redessinant les contours et les règles du sport le plus populaire du monde.

La vidéo French Touch a été réalisée pour l’exposition Sportivement vôtre, en 2004, au Centre artistique du domaine de Chamarande. Sur une musique d’ouverture, tel le générique d’un film, un hélicoptère s’envole au dessus de Chamarande. Au détour du château, apparaît un terrain de football aux lignes inhabituelles, dessiné à la manière des plans de jardin à la française, en lieu et place des parterres historiques qui ont précédé ce tracé au 18ème siècle.

A l’été 2003, l’exposition Impark dans le Parc Olympique de Munich, en Allemagne, permettait à Marie Denis de dessiner les lignes d’un terrain de football grandeur nature sur  la colline très inclinée du parc. Deux jeunes artistes munichois, Franz Wanner et Hanz Geiger, ont alors eu l’idée de réaliser la vidéo Kappling, mettant en scène des footballeurs tentant de jouer sur Inclinaison, le terrain peu conventionnel dessiné par Marie Denis. La déclivité vertigineuse rend le jeu totalement acrobatique. Le déplacement des joueurs, tels des Dieux du stade arpentant ce terrain comme une nouvelle Tour de Pise, est source de situations aussi comiques qu’absurdes.

 

Après des études à l'Ecole Nationale des Beaux-Arts de Lyon, Marie Denis est pensionnaire à la Villa Médicis de Rome en 1999.  

« Ma pratique », explique-t-elle, « se nourrit de toutes les stimulations, les impressions vives, irrationnelles et concrètes de la vie, qui sont pour moi comme l’huître fait sa perle : un accident qui produit un enchantement ». Ainsi, elle joue sur les frontières entre l’ordre des hommes et celui de la nature, renverse les proportions, entrelace les réalités. « Dompteuse de fauves, elle dresse des coccinelles pour leur apprendre la ligne droite et l'angle à 90°, miniaturise le monde dans un grain de raisin, plante des bonsaïs géants dans les parcs versaillais, faxe des plantes »*. Marie Denis a une manière singulière de télescoper les pratiques, les histoires et les cultures, au-delà des frontières et avec une poésie décalée, un léger dérangement de l’ordre établi, comme lorsqu’elle applique l’art de la coiffure afro au tressage des végétaux. Certaines de ses pièces, installations, sculptures et objets, pourraient relever d’un de ces cabinets de curiosités qui passionnaient les hommes de la Renaissance, et dans lesquels l'art, la science et la nature tissaient leurs liens. Son travail développe toute une « mythologie baroque », un petit théâtre du vivant, parmi ces êtres et formes hybrides, entre mystère et merveilleux, étrangeté, beauté et monstruosité, matières détournés et objets inusités. Les œuvres de Marie Denis révèlent en nous notre capacité d'étonnement et nourrissent notre besoin d'enchantement.

 

* Juliette Cortes                 "

 

(Texte extrait du catalogue de l'exposition)

 

marie-denis-terraindefootalafrancaise.jpg French Touch  - Vidéo réalisée pour l’exposition « Sportivement vôtre » au Domaine de Chamarande en 2004 –  Images Sandrine Dugonhier, montage Jean-Paul Leroy - Version 2/7, 2 minutes 26 - Acquisition du Centre artistique de Chamarande, collection départementale du Domaine de Chamarande en 2004 et par le FNAC version courte en 2006

Kappling - Vidéo de Franz Wanner et Hanz Geiger réalisée sur l'œuvre de Marie Denis « Inclinaison » dans le cadre de l’exposition «Impark », Munich - Juillet 2003 – Version 2/7- 9 minutes 04

 

 

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