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7 décembre 2010 2 07 /12 /décembre /2010 22:33

*Sans dessus dessous, sens dessus dessous : les artistes jouent avec les matières, les images et les représentations, et détournent les sens, histoire de jouer !

 

Jouer sur les matières, utiliser un matériau sportif pour en faire autre chose ou au contraire, produire un objet à usage apparemment sportif mais dans un matériau inattendu, comme le font Cyril Hatt, Bruno Peinado, Guillaume Poulain, Emmanuel Régent ou Luna, c’est détourner le sens initial donné à l’objet du sport et par extension, redessiner les contours de l’univers qui va avec. Puisant dans ce que le sport a à voir avec la culture populaire aujourd’hui, les artistes libèrent les objets de leur « valeur d’usage », s’en réapproprient les signes, télescopent, mixent et métissent. Des casques de moto deviennent grappe sculpturale et colorée chez Lionel Scoccimaro, et Sophie Dalla Rosa invente des trophées d’une matière nouvelle.

 

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2-Regent-Aux-bords-du-dehors_BD.jpgOn pourrait la regarder comme un souvenir de vacances, comme un vestige, ou comme un vieil outil oublié là dans le fouillis d’une cabane de pêcheur… Une rame en bois toute simple, telle qu’on en a besoin pour faire avancer sa barque au fil de l’eau. Un objet sans noblesse apparente, comme les aime Emmanuel Régent, comme si ces objets ordinaires étaient ceux qui, finalement, recelaient le plus de mystères possibles. Cette rame sous sa banalité première, semble pourtant briller d’un éclat particulier : sa pale est recouverte d’un délicat film d’argent, comme si elle avait été plongée dans une mer de métal liquide et précieux. La voici alors convertie en trophée, en trace d’une extraordinaire et mystérieuse aventure, en histoire à elle toute seule, en morceau arraché à la ligne d’horizon.

Chez Emmanuel Régent, la transvaluation d’un objet banal en joyau métallisé est une récurrence. Une simple pierre recouverte à la feuille d’argent comme un astéroïde, une pierre tombée d’ailleurs (Reflet, 2006), un bloc géométrique en inox (2007), ou, plus rare, les ramifications des pédicelles d’une grappe de raisin plongées dans un bain d’or 24 carats (Raissa, 2007). Il y a, dans cette capacité de l’argent à réfracter la lumière, au-delà de son apparente froideur minimale et minérale, une manière de (re-)donner à l’objet un pouvoir d’existence, mine de rien, un pouvoir poétique, surtout.

 

Né à Nice en 1973, Emmanuel Régent vit et travaille entre Paris et Villefranche sur Mer. Diplômé de l’ENSBA en 2000, il développe des processus d’ « apparitions instables », au travers de dessins, peintures et installations, sur le mode du retrait et du fragment, à la lisière du visible, de l’apparition et de la disparition, du neutre. Les manques permettent de «  construire des espaces de projection ouverts, des espaces de suppositions, de divagations, de dispersions », explique l’artiste, ouvrant à une grande liberté d’interprétation et d’appropriation. L’œuvre d’Emmanuel Régent dévoile un intérêt particulier pour la lenteur, l’attente, le vide, les bribes d’évènements, micro évènements ou non-évènements, l’oubli positif qui fait naître une autre chose…ne serait ce qu’une histoire nouvelle. Son travail se distingue par la simplicité de ses procédés, s’exprimant dans une économie de moyens, le feutre noir et le papier blanc, des matériaux usuels, des objets à peine détournés dans un esprit parfois proche de lArte Povera.

Lauréat 2009 du Prix Découverte du Palais de Tokyo, son travail a récemment fait l’objet d’une exposition personnelle au Palais de Tokyo, Mes plans sur la comète/drifting away, et d’un catalogue monographique."

 

(Texte extrait du catalogue de l'exposition)

 

Aux bords du dehors - Bois et argent – 180 x25 cm environ – 2010- Courtesy Galerie Espace à Vendre/ Le Cabinet et I Love My Job

 

Photo Courtesy Emmanuel Régent

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