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9 septembre 2014 2 09 /09 /septembre /2014 10:20

Sandra Krasker

"¡ No pasaran ! ", Dessin au fusain, pierre noire et encre rouge sur papier marouflé sur toile,  250 x 130 cm, 2014

 

No-Pasaran_RVB_BD.jpg

 

Cette œuvre de grand format, réalisée spécifiquement pour l’exposition, évoque avec force le franquisme, tel qu’il fut vécu, dans leur chair, par la famille de l’artiste, membres de la FAI (Federación Anarquista Ibérica) dont l’engagement politique traditionnel a fait des victimes : son arrière-grand-père et son grand-oncle, déjà, avait été prisonniers politiques.

Sandra Krasker raconte : « Ma grand-mère catalane et sa famille, anarchistes fortement engagés contre Franco, ont payé fort le prix de la liberté d’expression. Son plus jeune frère, à même pas 20 ans, peu conscient des dangers qu’il encourrait, a été fait prisonnier par Franco, puis envoyé à la légion étrangère. Sur place, ses jambes ont gelés et il a été ramené en Catalogne pour gangrène : opéré à 21 reprises pour stopper la nécrose des tissu, par morceau. Ma grand-mère, infirmière de fortune pendant la guerre, a pris elle-même la décision de couper haut pour tout stopper. Alors, que les médecins ne lui donnaient que 4 ans à vivre maximum… il a survécu plus de 40 ans sous morphine. »
« La dictature », dit-elle encore, « empêche la parole mais surtout laisse ses traces sur le corps, son empreinte pour des années dans la chair. J’ai choisi d’appelé ce travail “ ¡ No pasaran ! ” en mémoire des espagnols qui ont cru que les nationalistes de Franco ne passeraient pas. Franco “a coupé les jambes aux gens”, et leur dignité avec. »

Il reste de cette époque une mystérieuse plaque sur la constitution de la république, que l’arrière-grand-père avait prévu d’installer sur la place du village, longtemps cachée dans une cave de la maison familiale et que la mère de l’artiste expose aujourd’hui sur la terrasse !

 

Sandra Krasker est née en 1976 dans le Lot et Garonne. Après une première vie de directeur artistique dans une agence de publicité, elle troque la palette graphique pour celle du peintre, poursuivant autrement l’expression de son goût pour l’image.

L’oeuvre dessinée de Sandra Krasker s’inscrit dans une recherche sur ce qui anime le corps, non pas tant dans la forme générique du corps humain, mais dans ce qui en constituerait un portrait possible. L’artiste entend saisir une vérité du modèle, une vérité sous-jacente, perceptible dans un regard, une attitude, un geste… Il s’agit pour elle de privilégier la saisie de l’émotion, du vécu, du ressenti, une forme de beauté qui n’est pas celle, académique, de parfaites proportions, mais qui a à voir avec ce qui transparaît de l’humain, ce qui en fait la beauté, en somme, réévaluant ainsi le sens de la « figuration ». Derrière cette sorte de perfection classique de la ligne, ce n’est pas le corps qu’elle dessine mais c’est à travers lui, parce qu’il est enveloppe et support nécessaire, la saisie d’une intériorité implicite, le choix de la vulnérabilité de la chair à la fois que de sa puissance, une certaine forme de véracité au-delà, ou en deçà de la matière.

Sandra Krasker vit et travaille à Colombes, près de Paris.

 

 

"Liberté mon amour" - Le prisonnier politique et son combat

 

Fête de l'Humanité

Parc Départemental Georges Valbon - La Courneuve

12, 13, 14 septembre 2014

http://fete.humanite.fr/

 

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