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31 août 2010 2 31 /08 /août /2010 10:50

 

Au cours de la première saison de Lille2004, il y eut, au Tri Postal, une exposition appelée "Prime Time", que je présentai de la manière suivante:

 

Le titre de l’exposition, « Prime Time », se veut à la fois un clin d’œil à la jeunesse des artistes présentés et l’annonce d’un rendez-vous prometteur en cette première saison culturelle de Lille 2004. « Prime Time », ce sont six artistes européens exposant en France pour la première fois, au cœur de Lille et de ses métamorphoses. Le Tri Postal, bâtiment au format d’usine, offre à ces jeunes artistes 600 m2 pour dynamiter avec une ironie parfois corrosive et une certaine dose de provocation les mythes du monde contemporain. Peintures, photographies, sculptures, installations interactives pointent avec lucidité et humour les errances de notre société : fantasme écologique contre logique consumériste, idéaux domestiques, adulescence, illusion des univers virtuels et icônes à la mode...Mais au-delà du constat cynique d’un monde désenchanté, la poésie, la liberté, l’indiscipline et l’insolite sont aussi au rendez-vous. Surréalisme décalé parfois à la limite de l’absurde et du fantastique ou esthétique pop de comics détournée, l’ambiance tangue entre Jérome Bosch et les Monty Python. « Prime Time » porte un regard fantaisiste, à la fois tendre et grinçant, sur les réalités ambiguës de la vie moderne.

 

LES ARTISTES : Fides Becker (ALL), John Isaacs (GB), Emilio Lopez-Menchero (B), Mooslin (F), John Paul Tiney (GB), Nicolas Wilmouth (F)

 

(Le commissariat était assuré par Caroline David et la scénographie par Ludovic Smagghe)

  

Parmi les artistes présentés, donc, pour la première fois en France, j'avais particulièrement repéré l'anglais John Isaacs, et il semblerait que mon "flair" n'ait pas été démenti (ni celui, évidemment, de Caroline David, commissaire de l'exposition!), puisqu'il est aujourd'hui considéré comme un héritier des YBA, des Damien Hirst et confrères...

Je me souviens en outre avoir vu une très impressionnante sculpture de Isaacs à la Maison Rouge (pièce devant appartenir à la Collection de Galbert mais pas sûre) l'année dernière, qui m'avait confirmé l'évidence de son talent et de son noir humour.

Il semblerait que depuis 2004, le propos et l'esthétique de John Isaacs se soient radicalisés, vers des propositions de plus en plus trash et charnelles, qui me font penser à une transposition sculpturale des chairs baconiennes, mais aussi à certains artistes flamands.

 

2001 voices from the id 01 le bon"Les images de John Isaacs sont souvent crues, mais moins que la réalité du monde, semblent-elles dire. Grandeur et décadence de l’humanité, tels sont les thèmes récurrents de l’œuvre romantique et noire de cet artiste atypique.

Les photographies de John Isaacs ne nous apprennent rien que nous ne sachions déjà : surconsommation tout azimuts, inégalités et injustices, pollutions, triomphe de la raison calculatrice, sous-culture et artifices...Mais avec courage et lucidité, et un peu de la provocation nécessaire au réveil des consciences,il se plait à mettre en scène des vérités que nous préférerions cachées. Il nous rappelle ce que nous aurions aimé que soit le monde. Il nous invite à nous souvenir, à travers l’évocation de la Tour de Babel, que la surpuissance de l’homme n’est pas la toute-puissance.

Idéaliste, il espère par son travail critique à l’ironie cinglante, participer à une nouvelle vision du monde, plus humble et moins rationnelle, plus humaine peut-être."

 

Le monde de l'art contemporain est-il si petit qu'on le dit? Il se trouve que finalement, à la faveur des expositions, les oeuvres et les artistes se croisent. Ici, aux Abattoirs de Toulouse en 2006, "Utopia" de John Isaacs sur fond de "tête dure" de Mounir Fatmi.

 

isaacs-fatmi-abattoirs-2006.jpg

 

Photo 1 - Voices from the Id - 2002 - John Isaacs

Photo 2 - c. le blog des Abattoirs- Toulouse

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