Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 octobre 2019 1 28 /10 /octobre /2019 18:38

La prochaine vente d'Art contemporain africain chez PIASA aura lieu le 7 novembre à 18h.

Dès le 4 novembre, on pourra venir découvrir une très belle oeuvre de Sadek Rahim, "Missing", issue de son grand solo show qui vient de s'achever au Musée National d'Art Moderne et Contemporain d'Oran. L'occasion de voir à Paris un petit aperçu de ce que fut "Gravité3"!

Missing, 2019 - Tapis découpé, 122 X185  cm (lot N° 36)Missing, 2019 - Tapis découpé, 122 X185  cm (lot N° 36)

Missing, 2019 - Tapis découpé, 122 X185 cm (lot N° 36)

On pourra aussi y découvrir, pour la première fois à Paris, deux peintures de l'artiste sénégalais Yancouba Badji, "héros" du film documentaire Tilo Koto, de Sophie Bachelier et Valérie Malek, que certains d'entre vous auront peut-être pu découvrir dimanche 3 novembre au Musée National de l'Histoire de l'Immigration (avant-première nationale)

Viol à la prison de Zavia, Lybie, octobre 2018 - Huile sur toile, 60 x 99 cm ( lot 37) - Like a bird in the sky, juin 2019 - Huile sur papier tissé, 100x 65 cm (lot 38)

Viol à la prison de Zavia, Lybie, octobre 2018 - Huile sur toile, 60 x 99 cm ( lot 37) - Like a bird in the sky, juin 2019 - Huile sur papier tissé, 100x 65 cm (lot 38)

A cette occasion, j'ai eu le grand plaisir de rédiger un texte présentant les oeuvres de ces deux artistes pour le catalogue de la vente.

L'un reste, l'autre part - Des oeuvres de Sadek RAHIM et YANCOUBA BADJI chez PIASA, Paris, à partir du 4 novembreL'un reste, l'autre part - Des oeuvres de Sadek RAHIM et YANCOUBA BADJI chez PIASA, Paris, à partir du 4 novembre

L'un reste, l'autre part

Sadek Rahim, Yancouba Badji

 

Les œuvres de l'artiste algérien Sadek Rahim, comme celles du peintre sénégalais Yancouba Badji, évoquent toutes deux, avec toute la force de leur regard concerné, les questions de la migration, du départ, de l'exil, de l'arrachement, de la vie et de la mort. Plus que des questions, ce sont pour chacun d'eux des réalités, souvent poignantes, parfois tragiques, de l'Afrique contemporaine, qu'ils abordent dans leur art et dont ils nous livrent le récit.

 

Sadek Rahim est un des rares artistes menant une carrière internationale (Londres, Dubaï, Buenos Aires, Saint-Louis du Sénégal, New-York...) tout en vivant et travaillant à Oran, sa ville natale. Le Musée national d'Art Moderne et Contemporain d'Oran vient d'ailleurs de lui consacrer une grande exposition personnelle, « Gravity3 » – une première dans l'Histoire de l'Art en Algérie-, dont est issue « Missing », l'oeuvre présentée.

Depuis plusieurs années, l’immigration clandestine des jeunes algériens vers l’Europe, le déracinement, le désir d'exil, et l'illusion de l'eldorado ont été au coeur du travail de Sadek Rahim, soutenu par une réflexion nourrie des textes de Sayad ou de Bourdieu.

Elément domestique commun à tous les intérieurs algériens, le tapis cristallise, matérialise, l'idée du départ au travers du mythe de la lévitation qui lui est attaché. Le tapis « volant » est l'objet qui permet, littéralement, de s'arracher à la pesanteur, de voler vers une destination meilleure. L'utilisation du tapis domestique, transfiguré en objet plastique, est un élément récurrent de l'esthétique et de la sémantique de Sadek Rahim. Jouant sur les plans de la pesanteur – ce qui retient au sol- et de l'envolée – le tapis « volant »-, il s'agit de mettre en échec ce mythe comme métaphore de l'échec du mythe de l' « Eldorado » (l'image erronnée d'une Europe utopique). D'oeuvre en œuvre le tapis est déconstruit, mis en pièce, disséminé en particules volatiles, réduit en cendres ou comme ici, privé de ses motifs floraux, découpés, manquants, comme manquent ceux qui sont partis en mer et ne sont jamais revenus, ni arrivés nulle part. Dans le même temps, le tapis est réhabilité en création plastique, comme un nouveau départ.

 

Yancouba Badji, quant à lui, a vécu l'exil, d'abord de la Casamance vers la Gambie, lorsque son père, instituteur et libre penseur, meurt, puis à nouveau lorsqu'en 2016, menacé par la dictature de Yaya Jammeh, il quitte la Gambie dans l'espoir de rejoindre le Maroc. Il connait alors la Lybie et la torture, l'errance, abandonné dans le Sahara, les camps, la mort en Méditerranée : la traversée d’un enfer qu’il exprime et sublime par la peinture.

Car Yancouba Badji est avant tout un artiste. « De la peinture à l'huile et des pinceaux », voilà ce qu'il demande d'abord, quand il rencontre la documentariste Sophie Bachelier dans un camp de rétention tunisien ; elle fera de lui, avec sa co-réalisatrice Valérie Malek, le « héros » du film « Tilo Koto ».

Au-delà d'une qualité d'exécution indéniable, maîtrisée, directe et poignante, la peinture de Yancouba Badji est un des premiers témoignages artistiques et vécus de l'enfer des migrants de la Méditerranée, un témoignage précieux, rare, urgent, vital et fiévreux. Mais si l'oeuvre de Yancouba Badji est une œuvre de résilience, elle donne aussi et surtout à voir la peinture prometteuse d'un artiste émergent, brillant et singulier.

 

 

 

Sadek Rahim, né à Oran en 1971. Vit et travaille à Oran (Algérie)

Yancouba Badji, né à Goudomp en 1979. Vit et travaille entre la Casamance (Sénégal) et Paris (France). A Goudomp, où il vit à nouveau, Yancouba Badji a fondé « Tilo Koto », un lieu de ressources, d'information et d'art pour la jeunesse casamancaise.

 

 

 

PIASA - Art Contemporain Africain -

Exposition publique:

Lundi 4 novembre - 10/18 h

Mardi 5 novembre - 10/18h - VERNISSAGE A 18h, en présence de Yancouba Badji

Mercredi 6 novembre - 10/18h

Jeudi 7 novembre- 10/12h - Vente à 18h

 Pour enchérir:  Téléphone pendant l'exposition et la vente: +33 1 53 34 10 10

ou sur internet: www.piasa.fr

ou sur place

118 rue du Faubourg Saint Honoré - Paris 8ème

Partager cet article
Repost0

commentaires

Recherche

Liens