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23 octobre 2013 3 23 /10 /octobre /2013 10:40

 

 

La vidéo "Sleep Al Naïm" de mounir fatmi a parfois été présentée dans des contextes suscitant la polémique, notamment l'année dernière, la figure de Salman Rushdie faisant encore l'objet de censure.

J'ai voulu présenter ce projet, qe je connais depuis longtemps, dans un contexte différent, qui, s'il n'élude pas complètement la dimension politique, remet tout de même la vidéo dans un environnement plus apaisé.

En accord avec l'artiste, nous avons opté pour la version "courte" de la vidéo, qui originellement, fait la même longueur que le "Sleep" de Andy Warhol, soit environ 6 heures, tandiq que cette version supporte mieux le format "écran tv" et la typologie de l'exposition.

 

 

sleep fatmi

 

mounir fatmi

« Sleep Al Naïm »

Vidéo, HD, Noir et Blanc, 26 mn, 2005-2012

 Courtesy l’artiste et Galerie Yvon Lambert, Paris

 

Commencé en 2005, le projet vidéo de mounir fatmi, baptisé « Sleep », (en référence directe au film expérimental pop et minimaliste d’Andy Warhol qui, en 1963, montrait durant 6 heures l’image continue du poète John Giorno) connaît un destin mouvementé.

32 ans après Warhol, mounir fatmi avait cherché à réactiver ce dispositif, la figure du dormeur incarnée aujourd’hui par Salman Rushdie modifiant la perception du projet warholien. Dépassant le sommeil « obsolète » de John Giorno devant la caméra de l’artiste américain, le repos de l’écrivain britannique, dans son contexte littéraire, politique et polémique, sous le regard de l’artiste marocain, se fait nécessaire et paradoxal.

Le « Sleep » de mounir fatmi suggère ainsi l’ambivalence de cet abandon physique, tranquille et intranquille à la fois. Compte tenu des menaces qui pèsent sur sa vie depuis tant d’années, plonger dans le sommeil reste une manière pour Salman Rushdie de se mettre en état de vulnérabilité. Mais dans le même temps, ce temps d’inconscience accordée exprime force et confiance : le sommeil du juste.

Depuis 2005, l’artiste avait tenté à maintes reprises de rentrer en contact avec Salman Rushdie, sans succès. Face à la difficulté que représente une telle rencontre, eu égard au secret qui entoure l’écrivain, mounir fatmi a opté, afin de réaliser cette vidéo performance, pour la technologie de l’imagerie numérique en 3D, l’amenant à réfléchir, en démiurge, à la création d’un visage, d’un corps, d’une présence. « Jouer à être Dieu », dit-il, et associer sa propre respiration au corps de l’écrivain.

mounir fatmi finira par rencontrer Salman Rushdie, en 2012, alors que le film est fini…

La présentation de cette vidéo dans l’espace public ne se fera pas sans difficulté, celle-ci ayant été, par exemple, retirée de la programmation de l’Institut du Monde Arabe début 2013, la polémique et la censure autour de l’écrivain n’ayant apparemment pas faibli, presque un quart de siècle après les « Versets Sataniques ».

Présentée ici dans un contexte plus apaisé, « Sleep» déploie ici sa dimension autant poétique que politique, et aborde le sommeil comme une sorte d’acte de résistance.

 

Le travail de mounir fatmi s’élabore en une axiologie rhyzomatique, une écriture comme un entrelacs de points de vue et de connexions. Avec un œil critique sur les réalités et les fantasmes du monde contemporain, il écrit que celui-ci ne peut se lire que dans la complexité, la confusion parfois, de ses approches.

Ses oeuvres multiplient les lectures, dans des stratifications sémantiques mettant en réseau tous les domaines de la pensée. Ses préoccupations sont autant esthétiques que formelles, politiques que sociologiques, économiques qu’éthiques, métaphysiques que religieuses.
Cassettes VHS, câbles d’antenne, barres d’obstacle, casques de chantier : ces matériaux techniques, pauvres ou ordinaires, sont détournés, réhabilités en vocables plastiques. Leur usage ne se limite pas à une transposition duchampienne mais joue sur le double registre de la sémantique et de la métaphore, pour ce qu’ils sont et pour ce qu’ils représentent.
Les œuvres de mounir fatmi fonctionnent comme des stratégies, des pièges. Objets anodins mus en bombes critiques, ils pointent les mécanismes de notre relation fantasmatique au monde dans les idéologies comme pour la conscience individuelle, l’architecture contemporaine ou l’économie, la politique ou l’idée de modernité, dans sa part de fascination pour l’invisible. Tout en confrontant des moments de l’histoire de l’art, ils questionnent la transmission des savoirs, le pouvoir de suggestion des images dans le vortex médiatique, la séduction de la violence et la force critique de la déconstruction, les utopies, le poids de l’Histoire ou de l’architecture sur les destinées individuelles.

 

(texte extrait du catalogue, parution à l'occasion de l'exposition)

 

 

 

"Au-delà de mes rêves" - Du 26 octobre au 23 février 2013

 

Commissariat: Marie Deparis-Yafil et commissariat général: Fabrice Bassemon et Magali Briat-Philippe

 

 

 

H2M - Espace d'Art Contemporain

 

Hotel Marron de Meillonnas

 

5 rue Teynière

 

01000 Bourg-en-Bresse

 

Exposition ouverte du mercredi au dimanche de 13h à 18h

 

Entrée libre

 

 

 

et

 

 

 

Monastère royal de Brou

 

63 boulevard de Brou

 

01000 Bourg-en-Bresse

 

Exposition ouverte tous les jours de 9h à 12h et de 14h à 17h

 

Entrée payante

 

 

 

Catalogue de l'exposition disponible aux boutiques du Monastère et sur demande par correspondance.

 

(sauf 1er novembre, 25 décembre et 1er janvier)

 

 

 

Exposition labellisée Résonance de la Biennale de Lyon 2013

 

 

 

Avec le soutien de:

 

Ministère de la Culture, Région Rhônes-Alpes, Conseil Général de l'Ain

 

En partenariat média avec Télérama

 

 

 

Sur une initiative de

 

Musée de France, Ville de Bourg-en-Bresse / Chemins de la Culture, Centre des Monuments Nationaux

 

 

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