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27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 22:39

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Oeuvres présentées

« Echo », dessin au fusain, 66x84, 2007

« Autoportrait aux bottes roses », sculpture - résine, acrylique, caoutchouc, 90 cm, 2010

 

 

Le monde « enfantin » de Corine Borgnet n’est pas un monde infantile. Ici, le « joli » et les fleurs, les Lolitas ou les ailes d’anges que l’on trouve ici ou là dans ses oeuvres, l’aspect lisse de ses sculptures de résine, ne sont jamais que fragile vernis posé sur le sombre et l’étrange, l’inquiétant, le sans nom, sans visage, dévoré par les peurs enfantines et les angoisses adolescentes, une mince protection contre la beauté envoûtante de ces mondes-là.

Son travail penche parfois vers une certaine mélancolie. Elle dessine des apparitions, au fusain, suggérant le visage de la blanche Ophélie « sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles », pour reprendre le ver de Rimbaud, dans un esprit expressionniste et symboliste, ou celui d’un Narcisse, figure parabolique de l’adolescence fascinée de soi, de l’expérience de la sensibilité et de la souffrance, qui ne pourra vieillir que s’« il ne se connaît pas » aura prédit Tirésias. Ce sont des histoires de solitude, des mondes de mystère et d’étrangeté pure, d’associations libres et de glissements poétiques et inattendus, à la fois que une sorte de quête de pureté…

Comme dans « Echo », présenté ici, des visages d’enfants ou d’adolescents émergent et se reflètent dans l’eau comme dans un miroir, miroir ou profondeur, lieu ou se lover ou lieu ou se noyer et se perdre, maternel et dangereux, originel et final.

 

L’œuvre de Corine Borgnet, sous des dehors ludiques et insolites, est donc tout entier tourné vers le monde de l’enfance, territoire de liberté, espace-temps privilégié dans lequel la double emprise du principe de plaisir et des effrois de l’enfance, source de tous les imaginaires, ne se sont pas encore heurtés à la rationalité, au principe de réalité et aux nécessités économiques.

 

Si son travail n’est pas narratif en tant que tel, il repose néanmoins sur une base narrative complexe. Au travers d’évocations de contes, de légendes, de mythes ou de personnages de la littérature, du Chaperon Rouge au Magicien d’Oz, de Peau d’Ane à Ophélie, du Cyclope à la Méduse – autant de récits à la portée universelle- s’expriment des questionnements identitaires et psychologiques essentiels. Les déplacements intimes, les mues profondes, les mutations et les métamorphoses, les ressorts psychologiques de ces transformations, qui marquent autant l’éveil de la sexualité que la perte de l’innocence, une certaine brutalité et une forme de douceur, la confrontation à la mort, semblent marquer profondément les corps qu’elle produit, corps morcelés comme peuvent l’être les souvenirs.

L’univers de l’artiste se dessine donc autour de la culture classique, mais semble puiser aussi dans le foisonnement d’images des mondes du gothique, de l’underground et du punk, des films d’horreur japonais, des ambiances particulières de certains films de Gus Van Sant, sur ces mondes adolescents, en quête de repères, en recherche d’identité.

 

Inspirée par l’oeuvre des héritiers du Pop art américain en passant par le Ready Made, son travail rejoint parfois, dans sa dimension métaphorique et poétique, une forme de l’absurde et de la transgression proche de celle de l’artiste américain Robert Gober, ou de Bryan Crockett, avec qui elle a longuement collaboré, dans cette manière d’explorer les mythes, plus ou moins dionysiaques, ou évoquant, par contraste, des âges d’or et la réalité contemporaine.

 

Corine Borgnet esquisse ainsi les contours d’une mythologie à la fois intime et universelle, dont l’étrangeté poétique nous fait écho et ravive nos passés et nos failles.

 

 

"SEULES LES PIERRES SONT INNOCENTES" - GALERIE TALMART - 22 Rue de Cloître St Merri- PAris 4ème -

DU 13 AVRIL AU 12 MAI 2012

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