Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 janvier 2016 1 25 /01 /janvier /2016 12:27
L'escarpolette - technique mixte - 250 x 120 x 320 - 2012- photo copyright Jielbe

L'escarpolette - technique mixte - 250 x 120 x 320 - 2012- photo copyright Jielbe

L'escarpolette de Piet.sO offre une expérience inédite au visiteur du Monastère. Au cœur de l'exposition, chacun pourra s'essayer à incarner, le temps d'un tour de balançoire, la frivolité du temps des fêtes galantes. Référence directe au célèbre tableau de Fragonard, fantasme, dit l'histoire, d'un commanditaire désireux d'apercevoir ce qui était caché*, l'oeuvre de Piet.sO fait aussi écho à une autre œuvre présente dans le musée, dans l'esprit de la scène de genre, L'escarpolette du peintre François Eisen (1770).. Mais ici, comme chez Fragonard, affleure de manière diffuse le sentiment que ce monde de grâce lascive a quelque chose de fugace et d'éphémère.

Pour Piet.sO, cette escarpolette, dans sa magie ludique, éveille des souvenirs de l'enfance : «J’ai rencontré l’oeuvre de Jean-Honoré Fragonard en me goinfrant de sucreries. C’était dans les années 70’, un Noël où mes parents aimaient nous offrir des boîtes de chocolats dont les couvercles étaient imprimés de tableaux classiques très populaires.(...) J’ai donc découvert Les heureux hasards de l’escarpolette sur le couvercle d’une boîte de chocolats pour Noël et le souvenir de ce tableau a pour moi, ce goût sucré de l’enfance qui découvre cet étrange monde adulte qui joue à la balançoire en costume extraordinaire. J’étais très étonnée d’y retrouver le soulier de Cendrillon, lien qui devenait évident dans la relation amoureuse. J’allais pouvoir encore alimenter mon propre pays imaginaire et y ajouter l’érotisme joyeux et joueur de l’escarpolette. Cette quête du pays de Cocagne, construit par fragments, indicible…. prenait racine sur un manque. Ma famille venait de nulle part. Le pays d’où avaient surgi mes grands-parents était inaccessible, englouti par l’histoire, érodé comme leurs pauvres souvenirs. Ce monde, par contre, il le portait bien en eux. Il surgissait parfois de leurs gestes, d’un regard embrumé. On pouvait l’attraper au vol, on pouvait y puiser des forces mais aussi de la mélancolie. Il englobait la posture souveraine de mes grands-mères, les tourments de la forêt des contes, tout élément merveilleux glané alentour qui pouvait m’ouvrir la voie de cette initiation particulière de la petite fille en princesse-fée douée des pouvoirs de construire en soi son propre château, de réduire à néant Barbe Bleue, d’offrir son soulier à qui lui plaît. C’est de ce pays fabuleux que me viennent les images les plus fortes et presque insaisissables qui sont à l’origine de mes oeuvres, tentatives incertaines de le rendre tangible.

Avec mon installation, je souhaite offrir au public une expérience de cette oscillation entre la joie et la mélancolie propre aux séjours prolongés dans ses pays imaginaires. Lieux ou temps fantasmés surgissent dans l’ascension lumineuse et sonore, des voix d’enfants, des fontaines, un arbre-lustre qui s’illumine, puis le silence et l’ombre, en symétrie, en mouvement perpétuel. La dentelle du jupon du tableau a vieilli, mais on peut la balancer encore, comme le souvenir d’un amour perdu.» 

 

*« Je désirerais que vous peignissiez Madame sur une escarpolette qu'un évêque mettrait en branle. Vous me placerez de façon, moi, que je sois à portée de voir les jambes de cette belle enfant et mieux même, si vous voulez égayer votre tableau. »( Monsieur le Baron de Saint-Julien, receveur général des biens du clergé)

Partager cet article
Repost0

commentaires

Recherche

Liens