Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 décembre 2015 4 17 /12 /décembre /2015 23:42
Salome – Marbre – 25 x 30 cm -  2011 – Courtesy l'artiste et Galerie Bernard Ceysson,

Salome – Marbre – 25 x 30 cm - 2011 – Courtesy l'artiste et Galerie Bernard Ceysson,

Sublime vanité de marbre, la Salomé de Jan Van Oost s'inspire de la tragédie en un acte d'Oscar Wilde, qui, en 1891, interprète l'épisode biblique de la jeune Salomé demandant la tête de Jean-Baptiste sur un plateau, pour avoir exécuté la danse des sept voiles. La délicatesse de la main de Salomé enfonçant ses doigts dans les orbites de Jean-Baptiste , mêlant la fascination de la beauté à l'effroi suggère avec force cette atmosphère fin de siècle, wildienne ou baudelairienne, de la vaine quête du sublime, créant, dit l'artiste, cette "mélancolie" de l'échec de la séduction.

Souvent l'artiste se réfère au spleen de Baudelaire, au roman gothique, à Edgar Allan Poe ou à William Blake pour exprimer la nature énigmatique du rapport entre la beauté et la mort, entre Eros et Thanatos. Ses figures macabres ont la propriété paradoxale du memento mori, suggérant tout à la fois "l'abandon de l'ego à la fatalité et la figure du mélancolique" (A. Jakubowicz)


 

L'oeuvre de Jan Van Oost, artiste Flamand né en 1961 à Deinze, est "viscéralement baroque" et dramaturgique: plateaux d'argent, épées et poignards, perle de nacre, associés à des matériaux précieux tels que les dalles de marbre, les verres de cristal, des chemises et des voiles de soie. « Mon œuvre", dit-il, "est un théâtre mental qui renvoie à des secrets : un projet, une conception de vie." Elle est dominée par son obsession pour deux grands thèmes existentiels et classiques, la mort et l'érotisme, qui le rattachent notamment au symbolisme belge de Wiertz, Spilliaert et Ensor mais aussi à la violence érotique de Sade et de Pasolini et à la morbidité de Bacon. Corps décharnés, crânes éparpillés, squelettes peuplent un oeuvre chargée "d'une gravité physique et morale, empreinte de spleen baudelairien [ dans laquelle] l'accent est mis sur le thème de la vanité entraînant avec lui la question de la séduction, l'ambiguïté entre l'exaltation de la vie, l'illusion de l'ordre et la rudesse de leur finitude."* Ses sculptures , comme ses dessins – ainsi de l'impressionnant "Cycle Baudelaire", constituée de 800 dessins inspirés des Fleurs du Mal, dans "l'horreur et l'extase de la vie" qu'ils évoquent - recèlent de la densité du tragique. Son œuvre ambitionne « une radiographie de l’être, un déploiement du corps en mouvement, de ses désirs et de ses sensations face à la vie et à la mort."

* Nadine Labedade

**Patrick Amine, Jan Van Oost. Exercices mimétiques et allégoriques, avril 2011

Partager cet article
Repost0

commentaires