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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 09:38

 

 

 

Voici le printemps et le temps des salons du dessin, devenus incontournables ces dernières années.

Cette année, pour se démarquer du traditionnel Salon du dessin, qui a lieu, lui, au Palais de la Bourse, le salon du dessin contemporain s'appelle désormais Drawing Now, paraitra que ça fait plus contemporain...ce qu'il est, indéniablement.

 

drawing-now-paris.png

 

Beaucoup de galeries se pressent aujourd'hui pour participer à Drawing Now, toujours sous la houlette de Philippe Piguet. Parmi elles, on retrouvera:

La galerie genevoise Analix Forever, dans laquelle mounir fatmi a exposé récemment et que l'on retrouvera d'ailleurs sur le stand de ArtParis

L'Espace à Vendre/Le Cabinet, bien sûr, avec les dessins d'Emmanuel Régent, qui avait fait un énorme carton l'année dernière sur le salon

La galerie d'Isabelle Gounod, toujours subtile dans ses choix, ainsi que Marion Meyer Contemporain

La galerie Charlotte Norberg, avec cette année une nouvelle venue, Brankica Zilovic, mais aussi Juliette Jouannais et Anne Emery

Chez Olivier Robert, des dessins de Julien Beneyton, dont les peintures récemment exposées à la galerie m'avaient intéressée.

La galerie Bertrand Grimont poursuit son ascension et sera présente avec, entre autres, Jean-François Leroy ou Guillaume Constantin, actullement exposé à la galerie

A voir aussi, les stands de la galerie Alberta Pane -ex-KernotArt-, galerie de Marie Denis, dont j'apprécie toujours l'enthousiasme et la créativité et chez Samantha Sellem, les dessins de Marcos Carrasquer...cela me fait penser qu'il ne faut pas oublie de passer chez Arsenicgalerie, rue Guénégaud dans le 6ème, nouvelle galerie dédiée aux arts graphiques, où on peut voir actuellement des oeuvres de Ichiba, Nuvish et Moolinex.

 

La saison du dessin, c'est aussi Chic Dessin, à l'Atelier Richelieu. Ici , on pourra visiter les stands des galeries Talmart et Pierrick Touchefeu (qui exposera bientôt François Fries), mais aussi, et surtout, passer voir les oeuvres de Sandra Krasker sur le stand de Mondapart.

 

Après tout cela, il faudra encore trouver le courage d'arpenter le Grand Palais pour découvrir ArtParis. On y retrouvera donc mounir fatmi sur le stand d'Analix Forever, mais aussi Malachi Farrell, dont j'apprécie le travail, chez Patricia Dorfmann (qui est-fut?- la galerie de Zevs). Chez Lelong, il y aura sans doute du Toguo, qui reste une valeur sûre. Marion Meyer Contemporain fait coup double en prenant aussi un stand sur ArtParis, et chez Guy Pieters, il est probable que l'on trouve de la star belge, du Fabre ou du Delvoye. Olivier Robert, présent aussi sur ArtParis, montre l'oeuvre de Lionel Scoccimaro, que nous avions montré dans "Figure libre", artiste dont j'apprécie particulièrement le travail autour de la contreculture. Caroline Smulders et son ILOVEMY JOB présentera aussi du Emmanuel Régent, avec du Robert Longo, ce qui n'est pas mal! Et on retrouvera Laurent Perbos -qui fut aussi présent dans "Figure libre"- chez VIPart.

 

Je ne parlerai que peu du projets "Nuits parisiennes", dont les modalités d'accès me semblent tellement VIP que ça frôle l'incorrect. Dommage, on aurait pu voir du Farrell à l'Espace Ricard (ah, on me dit que là, le samedi sera entrée libre...), du fatmi à la Villa L. (????) et aussi une de ces fameuses fleurs de lotus respirantes de Choi Jeong Hwa.

 

 

Spring Break!

 

 

 

Salon du dessin - Palais de la Bourse (Palais Brongniart) dans le 2ème- 30 mars-4 avril

www.salondudessin.com

Drawing Now- Carrousel du Louvre, Paris 1er- 25-28 mars

www.drawingnowparis.com

Chic Dessin- Atelier Richelieu, Paris 2ème- 1-3 avril

www.chic-artfair.com

ArtParis-Grand Palais- Paris 8ème- 31 mars- 3 avril

www.artparis.fr

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19 mars 2011 6 19 /03 /mars /2011 23:03

 

Quelques images de l'exposition, in situ...

 

 

 

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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 10:59

 

Quelques clichés de l'exposition de Yassine Balbzioui, "The fish inside me", au Château de La Louvière à Montluçon jusqu'au 3 avril 2011

 

(Rencontre avec l'artiste le 25 mars à partir de 18h)

 

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10 mars 2011 4 10 /03 /mars /2011 21:47

 

L'ouverture d'une nouvelle galerie, en ces temps de crise, est un véritable challenge. Et ouvrir une galerie principalement dédiée à la création graphique alternative, qui pour avoir son public et ses lieux, reste souvent confinée à une diffusion underground et des lieux eux aussi alternatifs - librairies ou éditeurs spécialisés- en est un également.

 

Judith Schoffel et Christophe De Fabry tentent donc cette nouvelle aventure, avec dans leurs bagages l'expérience acquise dans un tout autre domaine de l'art: celui de l'Art primitif, dont Judith Schoffel est experte, auprès de sa mère Christine Valluet, dans la galerie Schoffel-Valluet.

L’idée d’ouvrir Arsenicgalerie, comme un département spécifique et indépendant d'une galerie historiquement dédiée à l’Art primitif est ainsi née de leur passion commune pour l’art contemporain -et en particulier pour la création graphique alternative- mais aussi pour des mouvements artistiques tels que le surréalisme ou l’art brut.

Pour eux, il n’y a pas de rupture radicale entre les mondes anciens et le monde contemporain, mais une réactivation permanente de questionnements, de peurs, d’espoirs fondamentaux, dans la recherche d’une même unité première, d’une même manière d’aller à l’essentiel.

Cette recherche de l’essentiel est précisément ce qui constitue le coeur du projet de la Galerie.

 

D’une manière ou d’une autre, parce qu’elles renvoient aux mouvements les plus intimes des passions humaines, les oeuvres exposées à l’Arsenicgalerie promettent de ne jamais laisser indifférent.

 

La première exposition d’art contemporain de l’Arsenicgalerie explore donc les expressions les plus primitives et les plus intimes de trois artistes aux univers et aux horizons différents mais qui tous, sur les terrains fertiles de leurs imaginaires débridés, manifestent avec énergie, humour, violence, leur sensibilité aux réalités protéiformes du monde contemporain.

 

DAISUKE ICHIBA (Japon)

 

ichiba2.jpgAux frontières du graphisme trash, du comic-book, de l’art contemporain et de la poésie, l’art de Daisuke Ichiba est cependant profondément irrigué par la tradition et la culture japonaise.

Réalisant la synthèse du manga et de l’estampe, son univers, entre cauchemar hallucinatoire, folie et érotisme, se nourrit des codes des uns et des autres. On y trouve pêle-mêle le personnage récurrent de l’écolière, triste et souvent borgne, qui semble renvoyer au « daruma », des yakuzas et des samouraïs, mais aussi des êtres étranges, monstrueux ou grotesques, évoquant la figure ancestrale du « yokaï », tels que l’on peut en rencontrer dans les mangas de Shigeru Mizuki ou les films de Miyazaki.

Son traitement de la violence, dans lequel se côtoient le sexe, la jeunesse et la mort, son humour noir, combinés à un trait ciselé, un sens du motif et du détail, le définissent comme « bijin-gaka » (« peintre de la beauté »), une beauté vue comme l’autre visage de l’abject.

« L’humain », dit Ichiba, « réunit la tendresse et la violence. Si vous dépecez le visage d’une jolie femme, vous trouverez chair et viscères. Choisir de créer quelque chose qui n’est que beau est superficiel. C’est pourquoi je peins les deux. On ne peut pas les séparer. L’expression qui en résulte est le chaos. Dans mon travail, je projette le chaos, l’anarchie, l’anxiété, le grotesque, l’absurde et l’irrationnel.En faisant cela, j’atteins une harmonie. C’est mon art. Pour dire simplement, je peins l’humanité »

Daisuke Ichiba ne craint pas d’affronter les « monstres », qui ne sont pas ailleurs mais en nous, à l’instar de Mishima ou Izumi. Son oeuvre gothique se dessine comme l’envers ou l’ombre du masque « Kawaii ».

 

Figure de la contre-culture nipponne « otaku », Daisuke Ichiba, né en 1963, fut fortement marqué par l’âge d’or du manga et les avants gardes. Il commence à peindre à la fin des années 80 et dans les années 90, il auto édite son premier livre « 37 years old bastard ». Depuis, il publie environ un livre par an. Remarqué par le grand dessinateur manga Takashi Nemoto, en 2006, il est publié par Le dernier cri et Le lézard noir. Depuis quelques années, Ichiba s’essaie également à la photographie.

 

 

NUVISH (France)

 

nuvish.jpgNourri aux comics underground américains comme aux maîtres de l’art brut, le travail de Nuvish « s’inscrit comme un chaînon manquant entre un art naïf et populaire », l’exécution presque austère d’une gravure de Dürer, et l’expressionnisme d’un Otto Dix. Son dessin d’une obsessionnelle précision et le caractère torturé et onirique des images et des thèmes développés le place naturellement auprès des singuliers de l’art.

Ni plasticien, ni vraiment peintre, Nuvish Mircovich développe un travail graphique à la marque très personnelle, emprunte d’une atmosphère surréelle et parfois inquiète.

La grande minutie d’exécution dans le dessin, le trait, le souci du détail rapproche sa production de l’esprit et d’une certaine tradition des miniaturistes médiévaux et des gravures curieuses « où sont convoqués les tourments de l’âme et du corps, la nature indomptable et l’humilité de l’homme face au divin arrangement du monde ».

Le monde de Nuvish se dessine à la fois comme une nef des fous, un jardin des délices et un purgatoire, évoquant aussi les univers oniriques et parfois mystiques de Bosch ou de Bruegel l’Ancien, entre allégorie, fantasmagorie et surréalisme.

 

David Mircovich, alias Nuvish, né en 1975, vit et travaille à Grenoble. La pratique du dessin occupe sa vie depuis son plus jeune âge. Si ses oeuvres sur papier ont déjà été montrés en de nombreux lieux d’art et galeries, dans le cadre d’expositions personnelles et collectives, elle a aussi été largement éditée, notamment par l’éditeur indépendant et collectif artistique « Le dernier Cri », expérimentation éditoriale et radicale menée par Pakito Bolino et Caroline Sury depuis plus de quinze ans à Marseille. Nuvish a par ailleurs publié dans le cadre d’une commande une série de grands dessins sur la psychanalyse pour le quotidien «Le Monde». Il a aussi participé à plusieurs films d’animations en collaboration avec le Dernier Cri dans le cadre d’une coproduction de CANAL+. Ces animations éditées en DVD/VHS ont connu plusieurs diffusions télévisées.

 

 

MOOLINEX (France)

 

moolinexL’art de Moolinex est un  art sans censure et sans compromis, parfois ludique, souvent cynique, et quoiqu’il en soit hors des conventions. Dans un foisonnement visuel aux références tout azimuts, il aime à superposer les mondes, de la bande dessinée, de la peinture, du graphisme, de l’art brut et de l’art contemporain. Ses travaux sont autant de clashes esthétiques et culturels, dans lesquels s’entrechoquent les imageries populaires, le rock, le monde ouvrier, l’école, l’évocation du 3ème Reich, les calaveras à la mexicaine jusqu’aux tapisseries et aux napperons brodés au point de croix. La vie, l’amour, le sexe, la mort…dans un esprit finalement plus punk et décapant que  potache. Un monde singulier, cruel, politique, ou l’idiotie côtoie l’ironie de manière radicale avec un humour grinçant, refusant l’esprit de sérieux, les dogmatismes et les raccourcis idéologiques.

Certaines des œuvres de Moolinex exposées ici se présentent comme une sorte de « matrice » de travaux publiés ailleurs, au travers de séries de dessins en noir et blanc moins narratifs qu’à l’accoutumée. Entre l’homme machine et la brutalité de la nature, elles semblent opposer une prolifération organique à l’idée d’un réseau connectique, cables, prises et fils électriques, à la technologie et à l’impérialisme machinique, qui prend aussi le visage inquiétant d’un barillet de revolver. Les références s’entrecroisent et se multiplient.

 

Né en 1966 à Nogent sur Marne, Moolinex vit et travaille à Poitiers. Plasticien complet, il expérimente tous les médiums et tous les supports avec la même curiosité : typex, collages, découpages, peinture, dessin, assemblages, canevas,feutres, sculpture, peintures, canevas, collages… Musicien, il joue avec le groupe Magnétix.Moolinex navigue ainsi depuis plus de quinze ans dans les univers underground. Il a beaucoup travaillé avec des structures d'édition  indépendantes comme les Requins Marteaux ou Le Dernier Cri ou encore le collectif Ferraille dont il est un des membres fondateur. Moolinex développe depuis quelques années, à travers des carnets très singuliers, le concept bien personnel d' « Art Pute ». Il a été montré à Paris par le Regard Moderne et la galerie Arts Factory, mais aussi, entre autres à La Mauvaise Réputation (Bordeaux) et au Musée International des Arts Modestes, à Sète.

 

 

« LES PRIMITIFS CONTEMPORAINS » - ARSENICGALERIE

Du samedi 19 Mars au samedi 16 Avril 2011

Vernissage samedi 19 Mars à partir de 16h

14 rue Guénégaud- Paris 6ème

www.arsenicgalerie.com

contact@arsenicgalerie.com

Tel : 06 12 94 13 33 ou 06 63 75 50 89

 

Textes réalisés à l'occasion de l'exposition pour l'Arsenicgalerie.

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24 novembre 2010 3 24 /11 /novembre /2010 21:49

 

DESSIN-FUSAIN-2.jpgL’œuvre de Corine Borgnet, sous des dehors ludiques et insolites, est tout entier tourné vers le monde de l’enfance, qu’elle conçoit comme originel et ultime territoire de liberté. Non qu’elle ait précisément la nostalgie de cette « parenthèse enchantée », mais qu’elle conçoit ce moment de l’existence comme un espace-temps privilégié dans lequel la double emprise du principe de plaisir et des effrois de l’enfance, source de tous les imaginaires, ne se sont pas encore heurtés à la rationalité, au principe de réalité et aux nécessités économiques. Et c’est dans cet esprit fantasque et libre que Corine Borgnet puise le moteur de sa créativité, comme une lutte perpétuelle contre la perte de l’esprit et des rêves de l’enfance. En reprendre possession fut d’ailleurs ce qui l’amena à se tourner de nouveau vers l’art, après un détour par les tours de bureaux new-yorkaises.

 

Pour autant, le monde « enfantin » de Corine Borgnet n’est pas un monde infantile, et n’a que peu à voir avec l’imagerie édulcorée, aseptisée, rassurante et mièvre d’un quelconque studio d’animation. Ici, le « joli » et les fleurs, les Lolitas ou les ailes d’anges, l’aspect lisse des sculptures de résine, ne sont jamais que fragile vernis posé sur le sombre et l’étrange, l’inquiétant, le sans nom, sans visage, dévoré par les peurs enfantines et les angoisses adolescentes, une mince protection contre la beauté envoûtante de ces mondes-là.

Si son travail n’est pas narratif en tant que tel, il repose néanmoins sur une base narrative complexe. Au travers d’évocations de contes, de légendes, de mythes ou de personnages de la littérature, du Chaperon Rouge au Magicien d’Oz, de Peau d’Ane à Ophélie, du Cyclope à la Méduse – autant de récits à la portée universelle- s’expriment des questionnements identitaires et psychologiques essentiels. Les déplacements intimes, les mues profondes, les mutations et les métamorphoses, les ressorts psychologiques de ces transformations, qui marquent autant l’éveil de la sexualité que la perte de l’innocence, une certaine brutalité et une forme de douceur, la confrontation à la mort, semblent marquer profondément les corps qu’elle produit, corps morcelés comme si ses sujets étaient victimes d’une sorte de dysmorphophobie, jusque dans certaines têtes, posées là comme des « coquilles vides », des peaux reptiliennes laissant leur empreinte vidée de substance (« shell », 2005).

 L’univers de l’artiste se dessine donc autour de la culture classique, mais semble puiser aussi dans le foisonnement d’images des mondes du gothique, de l’underground et du punk, des films d’horreur japonais, des ambiances particulières de certains films de Gus Van Sant, sur ces mondes adolescents, en quête de repères, en recherche d’identité.

Son travail penche parfois vers une certaine mélancolie. Elle dessine des apparitions, au fusain, suggérant le visage de la blanche Ophélie « sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles », pour reprendre le ver de Rimbaud, dans un esprit expressionniste et symboliste ou celui d’un Narcisse, figure parabolique de l’adolescence fascinée de soi, de l’expérience de la sensibilité et de la souffrance, qui ne pourra vieillir que s’« il ne se connaît pas » aura prédit Tirésias. Ce sont des histoires de solitude, des mondes de mystère et d’étrangeté pure, d’associations libres et de glissements poétiques et inattendus, à la fois que une sorte de quête de pureté…

 

Bien que formellement différent du travail de sculpture en résine, le projet de « Tour de Babel » en Post-it, dont la première version naquit en 2001, n’en est au fond pas si éloigné. Le détournement en matériau plastique de ce petit bout de papier, symbole du monde de l’entreprise, des bureaux et du travail, offre comme une alternative, une ligne de fuite hors du monde des adultes, une manière d’échapper aux contraintes du monde du travail en se réappropriant un de ses supports. Collectés par centaines, auprès d’amis, à l’Université de Columbia comme au siège de l’ONU, Tour de Babel par excellence, où elle travaillé, dans cette haute structure de plus de 4 mètres, apparemment instable, tous ces Post it utilisés, griffonnés, gribouillés, couverts de dessins ou de mots en toutes les langues, manifestent dans le même temps une variation contemporaine, moins grave malgré la fragilité assumée, du mythe de Babel. Dans ce mythe, Dieu avait mis en échec leur arrogance en introduisant la confusion entre les hommes par la diversité des langues. Depuis, ce projet inachevé représente l’« espoir » d’une langue et d’une compréhension universelles. Projet que l’artiste réactive aujourd’hui, avec une nouvelle Tour de Babel à venir…

Puis, c’est encore avec ce matériau inhabituel que Corine Borgnet explorera, dans « The Cure », le monde de la thérapie analytique. Ici aussi, le thème de la fracture entre l’enfance et le monde adulte, articulation fondamentale de la cure analytique, apparaît comme la substance même de l’oeuvre.

 

Inspirée par l’oeuvre des héritiers du Pop art américain en passant par le Ready Made, son travail rejoint parfois, dans sa dimension métaphorique et poétique, une forme de l’absurde et de la transgression proche de celle de l’artiste américain Robert Gober, ou de Bryan Crockett, avec qui elle a longuement collaboré, dans cette manière d’explorer les mythes, plus ou moins dionysiaques, ou évoquant, par contraste, des âges d’or et la réalité contemporaine.

Corine Borgnet pose une attention particulière au processus de matérialisation de son intention, avec un souci de cohérence dans le sens qu’elle entend insuffler à son travail. L’artiste explique ainsi séparer à dessein le « portrait » du corps, afin de ne pas personnifier la sculpture, de la rendre littérale, ou de restreindre la projection imaginaire du spectateur sur l’œuvre. Il s’agit, dit-elle, qu’il « reste une image, un souvenir, une sensation », une silhouette dans le flou mémoriel davantage qu’un objet en tant que tel. Dans le même ordre de réflexion, elle a choisi un matériau simple et lisse, la résine, presque un « non-matériau », pour que le regard et l’attention ne se focalisent pas sur la matière –le signifiant- mais sur l’image – le signifié que la forme renvoie-. La poiesis doit l’emporter sur la virtuosité technique.

Différent est le traitement du portrait, qu’il s’agisse de photographies ou de dessins au fusain parfois rehaussés de peinture acrylique. Ici importe l’intensité expressive, entre expressionnisme, romantisme et onirisme. Dans une filiation cohérente avec l’esprit des sculptures de résine, des visages d’enfants ou d’adolescents émergent et se reflètent dans l’eau comme dans un miroir, miroir ou profondeur, lieu ou se lover ou lieu ou se noyer et se perdre, maternel et dangereux, originel et final. Entre Ophélie, Echo et Narcisse, des paysages crépusculaires de tourmente, d’ombre et de trouées de lumière, développent un univers fantasmagorique avec un remarquable sens de l’atmosphère, presque cinématographique.

 

D’œuvre en œuvre, Corine Borgnet esquisse ainsi les contours d’une mythologie à la fois intime et universelle, dont l’étrangeté poétique nous fait écho et ravive nos passés et nos failles.

 

Texte réalisé à l'occasion de l'exposition de Corine Borgnet à la Galerie Art Present- (avec Jacques Pelissier) -79 rue Quincampoix - 75003 Paris - Du 27 novembre au 12 décembre 2010 

 

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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 21:01

 

Une fois n'est pas coutume, une petite pause hors du monde de l'art contemporain...

 

Depuis quelques mois, je collabore avec la Galerie Schoffel Valluet, galerie historiquement dédiée aux Arts Primitifs, et qui va ouvrir sous peu un département dévolu à l'art contemporain. Première étape de cette diversification, une incursion du côté de l'art moderne, avec une exposition rare, réalisée en association avec la Galerie Samy Kinge: "Dialogue des mondes: Victor Brauner et les Arts Primitifs". 

 

 

brauner_civilization.jpg

 

 

« Dialogue des mondes: Victor Brauner et les arts primitifs »

 

La galerie Schoffel Valluet et la Galerie Samy Kinge présentent conjointement « Dialogue des mondes : Victor Brauner et les arts primitifs », double exposition mettant en regard une vingtaine d’œuvres sur papier de Victor Brauner et une trentaine de pièces d’art primitif, provenant d’Afrique, mais aussi d’Océanie et d’Amérique du Nord.

Victor Brauner, né en Roumanie en 1903, tient une place particulière dans l’histoire de l’art du 20ème siècle. D’abord proche du constructivisme, sa peinture est ensuite formellement dominée par « l’illusionnisme onirique » propre au surréalisme  même si on peut aussi y reconnaitre « un goût prononcé pour le portrait-charge et la caricature, et une fascination pour la ligne "prenant librement ses ébats" des dessins de Paul Klee. »* Après-guerre, il s’éloigne du surréalisme et à partir des années 50, son art peut être qualifié de « primitiviste », bien que l’on puisse déceler dès 1934 dans son travail des emprunts à l’art primitif, comme les cubistes et certains expressionnistes ont pu le faire avant lui.

C’est donc logiquement que les galeries Schoffel-Valluet et Samy Kinge ont choisi de montrer des dessins des années 50 et 60, en même temps qu’une sélection d’œuvres primitives principalement africaines, océaniennes et amérindiennes leur faisant écho. Victor Brauner lui-même possédait une collection d’art primitif, à l’instar de Breton ou d’Eluard, collection désormais conservée au Musée des Beaux-Arts de Saint Etienne.

Si ces correspondances rendent sensibles les proximités de formes, le propos de cette exposition cherche aussi et surtout à montrer comment l’art primitif a pu ouvrir les artistes de cette époque à un « nouveau territoire de rêve », et comment l’attirance de Brauner pour ces formes d’art tenait autant sinon davantage de la fascination pour les forces magiques de ces objets tribaux que du pur intérêt plastique.

Breton aurait dit de Brauner qu’il était l’artiste magique par excellence. Particulièrement sensible à l’ésotérisme et à l’alchimie, Brauner, en artiste « médiumnique », s’est ensuite nourri de la dimension spirituelle et céleste de l’art et de la pensée tribale, réalisant une sorte de syncrétisme entre chamanisme, magie, animisme, mythologie, psychanalyse et pouvoir des fétiches.

Ainsi, si les œuvres sur papier exposées ici permettent de découvrir un aspect de l’œuvre de Victor Brauner, elles contribuent aussi à dessiner les contours d’une figure typique de l’artiste du 20ème siècle, en prise avec l’exploration de nouveaux continents et de nouveaux pouvoirs, ceux de la « pensée sauvage » et ceux de l’inconscient.

 

Un catalogue est édité à l’occasion de cette exposition, avec un texte de Didier Semin, historien de l’art et conservateur, et une préface de Jeanne Brun, conservatrice du Musée d'Art Moderne de St Etienne.

 

*Didier Semin

 

A voir, avant de découvrir une programmation alternant art primitif et art contemporain, du 21 octobre au 4 décembre 2010 à la Galerie Schoffel Valluet - 14 rue Génégaud, Paris 6è -

Et aussi à la Galerie Samy Kinge, 54 rue de Verneuil, Paris 7è

 

Texte réalisé pour la Galerie Schoffel Valluet

 

Photo: Prelude to civilization, Victor Brauner

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16 octobre 2010 6 16 /10 /octobre /2010 15:34

fatmi-Aime-Amerique-copie-1.jpg

 

Pas mal, hmmm? La proposition de mounir fatmi dérange avec force et subtilité le parfait ordonnancement architectural du Louvre et des Jardins, déstabilisant l'harmonie du lieu et créant une sorte de malaise, dans le vertige de ces lignes désaxées.

On pourra trouver le texte sur la première version de cette pièce, datant de 2007, sur le site de l'artiste. Quant à moi, j'avais écrit le texte suivant, pour l'artiste, à propos des "Pièges" ou "Obstacles", forme d'installation récurrente depuis plusieurs années chez l'artiste.

 

 

"Les barres de saut d’obstacles, appartenant initialement au monde hippique, sont des signes récurrents, matériel détourné en matériau plastique, du vocabulaire formel de mounir fatmi.

Plusieurs versions des Obstacles ont ainsi été présentées, dans des configurations contextuelles variées, comme une sorte de sculpture polymorphe. Bien droites entre leurs échelles , au sol, en équilibre précaire, brisées, les barres de saut d’obstacles permettent un jeu de construction-déconstruction ouvrant à un entrelacs de points de vue, offrant une richesse d’angles d’approche, esthétique, perceptif et physique, conceptuel, existenciel, socio-politique.

Si les Obstacles peuvent évoquer tout à la fois le ready-made, le pop ou le constructivisme, c’est qu’ils portent en eux l’affirmation d’une esthétique de la densité et de l’enchevêtrement , dans laquelle les représentations esthétiques de l’histoire de l’art s’inscrivent comme autant de partitions alphabétiques avec lesquelles joue l’artiste.

Présence à la fois massive et fragile, le contournement d’un tel obstacle révèle, comme en un objet cinétique, une réalité mobile-immobile de l’objet, un univers de formes incarnées, signifiantes et inachevées, dans lequel la matière et l’espace, l’équilibre et l’effondrement, le chaos et la faille, le triomphe et l’échec se manifestent comme les différentes faces du même objet.

Installés de telle sorte qu’ils entravent la progression physique du visiteur, les Obstacles fonctionnent alors comme un « piège ». Littéralement « obstacles », ils opposent au corps la résistance et la complexité du monde, réinvestissent la conscience du « corps propre », matérialise le système de l’être-au-monde, entre lutte, dialogue et engagement.

Les récentes installations d’obstacles, placée à l’entrée du lieu d’exposition se veulent, explique mounir fatmi, « catalyseurs de conversation, propositions pour engager le dialogue ».

Dans cette mise à distance toujours critique, les Obstacles confirme la vision d’une humanité nécessairement inachevée, pour laquelle seul un état permanent de précarité permet de déconstruire les certitudes, une existence humaine dans laquelle la constitution de son identité, la coïncidence avec soi-même, la saisie de l’altérité, la liberté exige de s’affranchir de bien des déterminismes.

A cette question des déterminismes qu’il s’agit de dépasser, parmi lesquels ceux du contexte socio-culturel -celui de l’artiste, celui de l’étranger- se juxtapose la question, plus cruciale encore, des frontières et des nations et, pour reprendre le mot de Merleau-Ponty, tous les « déraillements de l’Histoire »."

 

 

 

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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 12:33

 Je ressors ce texte que j'avais écrit pour Wela il y a quelques temps, à l'occasion de son exposition à Chartres dans le cadre de "Art Pologne Aujourd'hui"

 

Elisabeth--WELA--Wierzbicka-3541-1.jpg"Lignes et traits, formes et couleurs parfois, l’œuvre de Wela nous surprend d’abord, car contre toute attente, nous sommes en présence… de papier et de crayon. Wela dessine, depuis toujours, perpétuant ainsi la traditionnelle excellence pour les arts graphiques des artistes venant de l’Est de l’Europe. Aux Beaux-arts de Cracovie, au cœur de sa Pologne natale, Wela étudia donc la peinture, la sculpture, tout comme la gravure, et le dessin.

 

Mais après quelques détours par la gravure –qu’elle pratique toujours à l’occasion-, l’art de la mine de plomb l’emporte sur les autres formes d’expressions, privilégiant la liberté, la spontanéité du geste créatif et le contact direct avec la matière. Wela choisit la simplicité du trait noir sur le blanc du papier, auquel vient parfois s’ajouter un ocre profond, en même temps que la puissance des lignes, travaillées dans l’épaisseur, denses, profondes. L’artiste sait à merveille en entretenir la tension dramatique : fluides ici, là enchevêtrées, précises parfois, floues jusqu’à l’effacement, ailleurs. Sur la surface plane, le dessin prend toute sa matérialité, et l’on pressent le rapport organique, charnel, qu’elle entretient avec lui.

 

Loin d’être anecdotique, confiné aux travaux préparatoires ou aux fonds d’atelier, le dessin se déploie alors dans des dimensions spatiales et poétiques inhabituelles. Car tandis que celui-ci connaît aujourd’hui un renouveau, et un regain d’intérêt, le travail graphique de Wela s’inscrit avec force dans une volonté très contemporaine de montrer le dessin autrement.

 

D’abord le sortir du cadre, au propre comme au figuré ! Des polyptiques où le dessin se poursuit de tableau en tableau à ses œuvres les plus monumentales, Wela porte le dessin ailleurs, autrement, le descend des cimaises, l’extrait de l’exiguïté de la galerie. Le voici tridimensionnel, sculptural. Le voici s’invitant dans l’espace public, haut de six mètres, multiplié en cinq cent colonnes, accroché aux arbres ou flottant au vent !

On ne regarde pas une œuvre de Wela, on y pénètre, on s’y engage. Ses installations puisent sans ambiguïté dans le mythe de « l’œuvre totale », dans le désir de l’artiste de produire des univers immergents, l’espace d’un instant. Naissent ces «œuvres à vivre », dans lesquelles les spectateurs sont pris à parti, invités, enveloppés.

 

Ainsi l’impressionnant « Passage suspendu »*, où, pénétrant dans le dessin, dont l’image se répète, se déforme, se diffracte grâce à une colonne d’acier que l’on peut tourner sur elle même, le spectateur devenu acteur entre dans un monde aux contours inconnus et mouvants. Un monde fictionnel, bien que non narratif, un monde imaginaire, au sens propre, intrinsèquement lié à la sensibilité, celle d’une perception à la fois libérée et hypnotique.

 

Wela aime en effet à emmener le spectateur dans un entre-deux, subtil déséquilibre entre réalité et irréalité, présence et fugacité, décomposant la vision pour mieux la recomposer.

 

Ainsi ses colonnes -forme récurrente chez Wela-, à la verticalité visuellement très suggestive, composent des installations combinatoires ouvrant sur des manières nouvelles d’expérimenter l’œuvre dans le déplacement. Amenant le spectateur à se promener dans le dessin, Wela lui offre le moyen de créer perceptions, perspectives et points de vue nécessairement inédits : la déambulation se fait appropriation de l’œuvre, le contexte se mue en subjectivité. Il y a chez Wela une sorte de générosité, un sens du partage, dans cette manière qu’elle a, au travers de ses œuvres métaphores, d’inviter à une interprétation vécue, ressentie.

 

Car la démarche de Wela ne saurait se réduire à une poétique de la forme. Certes le dessin est plutôt abstrait, dans le mouvement et l’impression davantage que dans la figuration – parfois, Giacometti dessinateur n’est pas loin-, jouant sur les contrastes, les formes, les plans et les espaces. Mais tout cela est sous-tendu par une densité, une épaisseur émotionnelle, une sorte de sérénité emprunte d’une mélancolie qu’on pourrait parfois prendre pour de la solennité mémoriale, mais on aurait –un peu- tort.

 

Installations urbaines ou environnementales, architecturales ou sculpturales, parfois en contrepoint de la nature…Le charme opère. Avec, au fond, une assez belle économie de moyen et un remarquable sens de la mise en espace, Wela parvient à montrer le dessin, dans une troisième dimension complètement novatrice, et toujours profondément intelligente, efficace, et poétique."

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29 septembre 2010 3 29 /09 /septembre /2010 22:10

Femmeecorchee1.jpgJe ne peux évidemment qu'encourager tous ceux qui passeront cette nuit dehors, à pousser jusqu'au bout de la ligne 1 pour y découvrir "LUX", le projet de ZEVS...

 

Mais, sans itinéraire, et dans cette manifestation placée sous le signe du spectaculaire, je proposerai un contrepoint délicat, celui du dessin.
A découvrir, les dessins de Sandra Krasker à l'étonnant et très fréquenté ex-squat devenu vraie maison des artistes le 59 Rivoli. Je pense que j'aurai bientôt l'occasionde reparler du remarquable travail de Sandra.

A redécouvrir, les dessins de Emmanuel Régent dans l'exposition "Au bout de la main", dans le 10ème.

 

NUIT BLANCHE 2010- dans la nuit du 2 au 3 octobre-

Sandra Krasker- 59Rivoli- 59, rue de Rivoli- Paris 1er

Emmanuel Régent - "Au bout de la main" - Les douches La Galerie - 5 rue Legouvé - Paris 10e

 

Photo: Femme écorchée - Sandra Krasker

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23 septembre 2010 4 23 /09 /septembre /2010 13:03

 Il reste encore quelques jours pour découvrir l'exposition "Un rêve utile", curaté (j'aurais envie de dire: évidemment) par Simon Njami, vue d'ensemble de la photographie africaine contemporaine. Dans la sélection, on retrouvera les photographies de Mouna Karray, dont j'ai déjà parlé ici.

 

Un rêve utile

photographie africaine 1960-2010
Samedi 26.06  au  26.09.2010
Palais des Beaux-Arts, Bruxelles

 

On  retrouvera Mouna Karray à la Biennale de Lubumbashi, au Congo

Pendant cinq jours, la ville sera transformée en un grand patchwork qui accueillera les œuvres des artistes suivants (sous réserve), sélectionnés sous le commissariat artistique de Simon Njami :

En photographie :

  • Adama Bamba (Mali)
  • Dimitri Fagbohoun (Bénin)
  • Jellel Gasteli (Tunisie)
  • Kiluanji Kia Henda (Angola)
  • Kiripi Katembo Siku (R.D.Congo)
  • Mouna Karray (Tunisie)
  • Pierrot Men (Madagascar)
  • Zineb Sedira (Algérie)
  • Zwelethu Mthethwa (Afrique du Sud)

En vidéo :

  • Bili Bidjoka (Cameroun)
  • Jimmy Ogonga (Kenya)
  • Kader Attia (Algérie)
  • Moataz Nasr (Egypte)
  • Myriam Mihindou (Gabon)

2ème édition
Rencontres Picha,
Biennale de Lubumbashi
du 13 au 17 octobre 2010

 

Enfin, on pourra voir ou revoir la très belle série MurMurer, dans le cadre de l'exposition "L’autre bord #1", questionnant le croisement des territoires et les frontières au coeur du bassin méditérannéen, et en prémisse de l'année de Marseille, Capitale Européenne de la Culture.


« Marseille, ville ouverte. Dans un monde où règnent les territoires et les identités, les frontières et les nationalités, Marseille est une rive et un rivage, un bord de mer. Marseille, en ce sens, est une ville sans frontières. La Méditerranée, qui la borde, est l’espace flottant qui, des désirs, quelquefois, comme dans toute odyssée, lorsque la chance sourit, peut faire une réalité."

Seloua Luste Boulbina - Commissaire de l'exposition

 

                                                                            Note sur la série Murmurer par  Mouna Karray-

 
karray.jpg"Sfax est ma ville natale, cité portuaire et industrielle du sud de la Tunisie.
Depuis quatre décennies, une série de décisions politiques a progressivement transformé des lieux publics de Sfax en lieux interdits et incertains... Ces lieux disparaissent mais aussi réapparaissent cependant que leur limites et frontières résistent curieusement aux changements... Ces limites sont des constructions volontaires ou bien ont surgi, au fil du temps, de manière involontaire. Leurs fonctions sont ambiguës, on ne sait pas si elles barrent un passage ou invitent à un passage indiscret... Curieusement, années après années, ces lieux ont réussi à redessiner le paysage urbain : les enceintes des maisons sont à l’image de ces frontières. "

 

"L'autre bord" - Du 14 octobre au 7 décembre 2010 // Vernissage le 14 octobre 2010 à la galerie des grands bains douches et le 15 octobre 2010 à la galerie Montgrand, Marseille - http://art-cade.net/art-cade/spip.php?article18


Mouna Karray (1970) vit et travaille entre la France et la Tunisie. Elle entre en 1989 à l’Institut Supérieur d’Animation Culturelle de Tunis. Durant quatre années, elle s’y initie au cinéma, à la vidéo, puis à la photographie. En 1995, elle réalise à Tunis sa première exposition personnelle, Alchimère. Elle obtient une bourse de l’Etat japonais : en 1997, elle s’inscrit à la Nihon University puis au Tokyo Institute of Polytechnics and Arts –, dont elle sortira en 2002 titulaire d’un Master en Média de l’Image, spécialité Photographie. Au cours de ce séjour, Mouna Karray entame de nombreux travaux et participe à plusieurs expositions. C’est à Tokyo aussi qu’elle initie les premiers diptyques du projet Au risque de l’identité, qui se poursuit encore aujourd’hui. Elle réalise en 2004 le commissariat d’une exposition d’art contemporain, « Zones », questionnant la notion de « territoire ». En 2005, Mouna Karray obtient une résidence d’artiste à la Cité Internationale des Arts et s’installe à Paris. Dès lors, elle participe à de nombreuses expositions collectives, en France, en Tunisie, mais aussi à Niamey au Niger ou à Bamako, au Mali (pour les Nouvelles Rencontres Africaines de la Photographie). En 2007, elle développe la série Murmurer, qui, au travers de clichés des murs de Sfax, murs à l’abandon dont on ne sait ce qu’ils furent ni pourquoi ils sont encore debout, réinitie la réflexion, récurrente chez l’artiste, autour des frontières, des limites, physiques ou non, des passages, des dualités et des altérités.

 

(texte réalisé pour l'artiste,  visible sur le site de l'artiste www.mounakarray.com )

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