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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 00:16

Copie-de-Boule-de-N-1-.jpg

 

« Bribes » – Installation, matière cotonnée, paillettes, tulle, poupée,  70 cm de diamètre, 2012

 

Ile vierge encore, dernier îlot d’innocence, peut-être, « qui sommeillait en nos yeux / Depuis les portes de l’enfance », comme dirait Brel, l’œuvre de Jamila Lamrani, créée spécialement pour l’exposition, cache en son cœur ingénu les dernières bribes de quelques rêves de petite fille. Des rêves de princesse, bien sûr, de contes de fées murmurés sous les voiles pudiques, enfouis dans les mémoires, perdus aujourd’hui dans les brouillards du réel et de l’oubli.

 

Tout cynique que l’on soit – et qui ne l’est pas aujourd’hui ?-, il ne faut jamais déchirer les rêves des petites filles ! 

Le travail de Jamila Lamrani se dessine comme un  « grand écart entre force et fragilité, douceur et violence »* oscillant, ou faisant le lien, entre son souci du monde contemporain, dans sa complexité et ses enjeux, son engagement, et la « sphère de l’intime »*, la persistance de l’enfance en nous, « pris en étau entre des aspirations contradictoires »*, entre imaginaire et réalité, mémoire  et existence. Dans sa quête de matérialisation de la mémoire, l’artiste tente de retisser les fils des non-dits, de dessiner la forme des secrets sous les voiles.

 

Avec, toujours, une extrême et délicate poésie, elle use de matériaux « simples, ordinaires, fragiles », à la réception sensible et immédiate. Des fils de laine ou des voiles de gaze, du papier de soie ou du coton, un papier qui découpe les formes, du noir et des blancs cotonneux…produisent de « douces architectures », des pleins et des vides, des objets que l’on devine, retenus, des espaces comme des lieux qu’on ne déflore pas.

 

Dans cette économie de moyens, Jamila Lamrani sait créer des oeuvres qui « disent ce rapport au réel qui existe même dans les limbes embrumées de nos rêves. »

 

*d’après Bernard Collet, janvier 2011

 

 

"SEULES LES PIERRES SONT INNOCENTES" - GALERIE TALMART - 22 Rue de Cloître St Merri- PAris 4ème -

DU 13 AVRIL AU 12 MAI 2012

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6 avril 2012 5 06 /04 /avril /2012 00:12

 

JacquesLizene.jpg

 

 

Il n’y a sans doute pas de figure plus délibérément imbécile que celle que dessine depuis quarante ans « l’art-vie » de Jacques Lizène. Concourrant en bonne position pour le titre d’artiste le plus médiocre de l'Histoire de l'art, le liégeois dénommé Jacques Lizène., autoproclamé "petit maître" de la médiocrité, se trouve l’heureux inventeur de l'art nul, de l'absence de talent érigé en attitude, du ratage comme liberté, de l'idiotie comme subversion et de l'absurde comme dernier terrain vague. Camarade de la pataphysique, de Rops, de Magritte, de Marïen, de Filliou, ou de Houellebecq, Jacques Lizène se fiche d'afficher tout esprit de sérieux que la position d'artiste post-post-moderne pourrait supposer et se moque des postures et des mythologies de l'art contemporain.

 

Etablir le lexique de ses facéties s’avèrerait impossible, mais, il peut : peindre avec sa propre matière fécale, sur un motif de « mur de briques », cumuler, sur son propre visage, et à tous les âges, le plus grand nombre possible de « Tentatives de sourire », produire d’hétéroclites «Sculptures nulles», entasser des tableaux à l’envers ou les accrocher de travers, inventer des « architectures foireuses », hybrider des bouts de meubles, de tableaux, de sculptures, de photos, qui n’ont rien à faire ensemble, peindre « à la Picasso », le plus médiocrement possible, les avions que Picasso n’a jamais peint, écrire des chansons minables pour un « Minable Music-hall », utiliser son sexe comme une marionnette, filmer ce qu’il n’y a rien à voir…Bref, perturber sans relâche l’ordre ordinaire, fusse-t-il subtil et intelligent, des choses, s’évertuer, avec l’énergie du désespoir, à l’absurde, l’improbable, l’aléatoire, le stupide, le piteux, l’incongru, le raté, le sans intérêt et sans importance, le ni fait ni à faire...

 

Dans ce méthodique et déraisonné dérèglement des systèmes, moins puéril qu’il n’y peut paraître, « on ne peut cependant », comme l’écrit Guy Scarpetta,  « qu’être ébloui par la profusion (et la richesse) de l’imagination qu’une telle dérision mobilise ». Scarpetta, encore, voit en Lizène, un  genre de dandy, « mais à condition de préciser que là où le dandysme ordinaire vise à la distinction (au double sens du mot), Lizène le fait quant à lui basculer du côté de la trivialité, du ratage, ou de ce qu’il nomme la « banlieue de l’art » ; ce serait, en quelque sorte, un dandysme négatif, désenchanté, désublimé, désidéalisé » *

 

*Guy Scarpetta, L'Energumène, dans "Jouons aves les vidéos mortes de Jacques Lizène", Editions L'Usine à Stars / L'Eclat / Yellow Now- côté Arts, 2009.

 

 

 

"SEULES LES PIERRES SONT INNOCENTES" - GALERIE TALMART - 22 Rue de Cloître St Merri- PAris 4ème -

DU 13 AVRIL AU 12 MAI 2012

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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 00:03

lionel-scoccimaro.jpg

 

Oeuvre présentée

Photographie issue de la série « Les Octodégénérés », Tirage lambda sur aluminium, 90x120, 3ex+1ea, 2001-2006

Courtesy Galerie Olivier Robert

 

Dans la série des « Octodégénérés », Lionel Scoccimaro met en scène Lucette, sa grand-mère, et son frère jumeau, Georges, en d’étranges portraits de famille, dans lesquels les « anciens », comme on le dit pudiquement aujourd’hui, se retrouvent en postures infantiles, tirant la langue, posant en maillot de bain et bouée, jouant au ballon ou au tricycle, ou, comme ici, s’amusant de jouets premier âge couchés sur un tapis de salon. Les « octodénégérés » provoquent d’emblée des réactions diverses, de la surprise à la gêne, du rire à l’effroi. Car on y trouve tout à la fois les « fantômes de l’enfance », la peur de la vieillesse, des corps dégénérescents -que Scoccimaro montre sans détour-, de la sénilité, de la mort, l’impossible insouciance. On en oublierait presque que ces images, auxquelles se sont prêtés de bonne grâce les aïeuls de l’artiste,  se veulent à la fois un affectueux hommage familial et un manifeste d’humour et de légèreté « jusqu ‘au bout ». Car ces vieux-là ne sont pas vraiment retombés en enfance, mais jouent l’enfance et l’innocence comme une dernière plaisanterie.

Car l’œuvre de Lionel Scoccimaro s’inscrit toujours dans une dimension profondément ludique, sans doute plus ou moins liée à l’enfance et à la nostalgie fantasmée qu’elle peut susciter, mais peut-être davantage encore à la fuite de l’esprit enfantin et libre. Ses œuvres prennent alors souvent une tournure sinon subversive, pour le moins dénuée de censure bien-pensante,  qu’il s’agisse de ses « Octodégénérés », mais aussi, par exemple, de ses culbutos géants, jolis jouets prenant la forme de sex-toys géants (« Custom made », 2003-2007)

Par ailleurs, l’hybridation d’images et de signes, puisés dans les différentes expressions de la culture populaire et de la contre-culture depuis les années 60, relevant à la fois de passions personnelles et d’un regard sur le monde contemporain, est au cœur de la stratégie artistique de Lionel Scoccimaro. Il ne craint ni la véritable « culture pop », ni le kitsch, ni ce que les contre-cultures ont pu produire. Ainsi, le monde des bikers, du rock, du surf, du skate, tout comme celui des telenovelas, des playmates, du custom ou du tuning, du catch, ou encore du cinéma érotico-kitsch des années 70, lui sont familiers. L’œuvre de Lionel Scoccimaro peut s’appréhender comme un laboratoire de chocs des cultures et des esthétismes, dans lequel le vulgaire et la violence peuvent espérer côtoyer le délicat et le sublime. Car il y a chez l’artiste une certaine sorte de formalisme, un intérêt et un goût pour la « belle œuvre », le travail des matières (le bois, le métal), des textures (le lisse, la surface) et des couleurs (l’éclatement chromatique, le brillant). Une manière, peut-être, de fusionner, de gré ou de force et non sans ironie, les expressions de cultures considérées comme mineures avec le monde dit « des œuvres d’art ».

 

"SEULES LES PIERRES SONT INNOCENTES" - GALERIE TALMART - 22 Rue de Cloître St Merri- PAris 4ème -

DU 13 AVRIL AU 12 MAI 2012

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29 mars 2012 4 29 /03 /mars /2012 23:57

raedfou.jpg

 

Oeuvre présentée

Photographie issue de la série « Deadline », argentique, tirage sur papier, 100x100, 2004-

 

La photographie extraite de la série « Deadline » présentée ici est le résultat d’un travail dans l’hôpital psychiatrique de Bethléem, en Cisjordanie. Comme dans la plupart des sociétés, les malades psychiatriques constituent un groupe en marge de la société palestinienne, stigmatisé et ostracisé. Pour Raed Bawayah, il s’agit de porter sur ces patients un regard d’humanité, loin des peurs et des préjugés qu’ils peuvent susciter, mais aussi de mettre le spectateur face à sa responsabilité sociale.

 

Pour nous, cette photographie, à la beauté immédiate, évoque une forme de pureté essentielle, ontologique, si, pour reprendre les mots de Michel Foucault « la déraison est ce qu’il y a de plus immédiatement proche de l’être, de plus enraciné en lui : tout ce qu’elle peut sacrifier ou abolir de sagesse, de vérité, et de raison, rend pur. »*

 

Raed Bawayah fait partie de ces artistes palestiniens davantage préoccupés par l’identité individuelle que par un contexte politique, soucieux « d’inscrire la société palestinienne dans la vie courante et normalisée. » : « À l’heure où l’écrasante majorité des photographes palestiniens est prise dans l’étau du photojournalisme et assure au quotidien la couverture du conflit en territoires occupés, j’adopte une autre approche », explique-t-il, « (…) Mes photographies reflètent la condition humaine, dans ses faiblesses et sa force, dans sa virilité et sa féminité, dans son enfance et sa vieillesse, dans son état « normal » et son état « anormal ». Dans mes photographies, vous voyez des arabes, des juifs, le Moyen-Orient, des immigrés, l’Europe, des malades mentaux, des guerres psychologiques. Vous y voyez aussi le sexe et la religion, entremêlés ou séparés. Vous y voyez également un espoir qui se dégage à travers les photos.".

 

Ses photographies ouvrent au même vertige de l’altérité que celles d’un Walker Evans ou d’une Diane Arbus, cherchant là à donner la parole aux « solitudes muettes ».

 

* Michel Foucault – Histoire de la folie à l’Age classique – Ed. Gallimard, 1972

 

 

"SEULES LES PIERRES SONT INNOCENTES" - GALERIE TALMART - 22 Rue de Cloître St Merri- PAris 4ème -

DU 13 AVRIL AU 12 MAI 2012

 

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27 mars 2012 2 27 /03 /mars /2012 22:59

C'est bien un artiste au travail!

 

"Le bon coin", l'installation de Dimitri Xenakis sur le plan d'eau du parc de Cluny, dans le cadre de l'exposition "Jardins en métamorphose", que je commissarie avec Anne-Laure Meyer, est en cours de fabrication!

 

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On a hâte! Et ce sera à partir du 10 mai 2012!

 

All copyrights: Dimitri Xenakis, 2012

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26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 23:47

birdie04_IGP2309.jpg 

 

Oeuvres présentées

« Birdie » - Série de 4 photographies, tirage sur aluminium, 40x40 chacune, 2011

« The fish inside me » - Vidéo 1’04– 2011

« Grosse tête en chute libre » - Vidéo 16’ – 2011

 

Résumer en quelques mots ce qui se passe dans les œuvres de Yassine Balbzioui présentées ici serait difficile : dans « Birdie », un homme à tête d’oiseau, à moins qu’il ne fut masqué,  scrute avec curiosité des balles de tennis devant vraisemblablement lui servie à jouer au golf. Dans « The fish inside me », un homme rame tant bien que mal dans sa baignoire d’enfant pour atteindre quelque rivage impossible, et la « Grosse tête en chute libre » dévale une colline en un slapstick de 16 secondes. Faut-il nécessairement chercher un sens, qu’il soit narratif ou symbolique, ou au moins quelque chose de rationnel et de rassurant, à ces images ? Hélas, il est à craindre que non…

 

Par delà le non-sens et le décalage, le comique du geste, en terme de rupture de cohérence, qui pourraient suggérer le monde de l’enfance, ces absurdes performances manifestent l’invisible- et incommode- envers des êtres, sur le fil ténu entre l’étrangeté et la folie. Et les êtres hybrides qu’affectionne l’artiste – ici, lui-même, masqué-,  aux confins de l’humain et de la bête, interrogent l’animalité en nous, révèlent cette part inexplorée, occultée par la pensée et le polissage de la civilisation, et pointent les basculements toujours possibles.

Car dans cette esthétique proche du carnavalesque, tendant vers la catégorie du grotesque, se dessine un art de la transgression et du renversement comme forme de « radicalité négatrice », dans le rejet des normes, de la bienséance et des évidences.

Mais l’hyperbole, construite avec humour et ironie, retourne tout pessimisme en rire salvateur. « Le rire causé par le grotesque a en soi quelque chose de profond, d'axiomatique et de primitif » disait Baudelaire (1). Yassine Balbzioui a compris en quoi la nature même du déguisement est comique, qui, se détachant du « corps habituel », pour reprendre l’expression de Bergson (2), produit le décalage et l’inattendu.

 

Sacrifiant son amour-propre sur l’autel de la dérision, Balbzioui n’a peur ni du ridicule ni de l’absurde, et son art est une manière de lutter contre la gravité, dans tous les sens du terme, et l’esprit de sérieux. Il est ainsi une forme de subversion, qui oppose sa force de résistance, au travers de ce geste régressif, de ce retour à la nature, aux idéalismes parfois dangereux et aux théories vides d’humanité. Alors le rire, plus que jamais grinçant et d’essence « satanique » (1), que provoquent les performances vidéo ou les photographies de Yassine Balbzioui exprime intensément les tiraillements de notre «nature contradictoire », entre ces deux infinis en nous, l’angélique et le diabolique, le sublime et l’animal.

Mais ce rire-là, résultant de la propension de l’artiste à user du non-sens, constitue, s’il faut en croire Bergson et d’autres avant lui, l’essence même de l’intelligence et de la créativité humaine, un pont jeté résolument entre la vie et l’art.

Car pour Balbzioui, il n’y a pas d’autre équation que celle de l’art à la vie, et, à la manière de Filliou, sans doute oserait-il proclamer que dans l’art comme dans la vie, rien n’est sérieux…bien qu’il n’y ait rien de plus sérieux. Cette idiotie de l’artiste, dont parlait Jouannais (3), est clairement pour lui un combat, une posture stratégique, une attitude construite et jouée, fondée dans la lucidité d’un homme engagé dans son art, dans la vie des formes comme dans celle des hommes de son temps.

 

 

 (1)Charles Baudelaire – « Curiosités esthétiques - De l'essence du rire (et généralement du comique dans les arts plastiques) » –publié en 1855 dans « Le portefeuille »

(2)Henri Bergson – « Le rire- Essai sur la signification du comique » - Ed.Alcan,1924 et PUF, 1959

(3)J.Y. Jouannais – «  L’idiotie » -  Ed Beaux-Arts Magazine, 2003

 

 

"SEULES LES PIERRES SONT INNOCENTES" - GALERIE TALMART - 22 Rue de Cloître St Merri- PAris 4ème -

DU 13 AVRIL AU 12 MAI 2012

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22 mars 2012 4 22 /03 /mars /2012 23:43

Une-bonne-Victoire.jpg

 

Oeuvre présentée

«Une bonne victoire… », Broderie au point de croix, 2011

Courtesy ArsenicGalerie

 

 

L’art de Moolinex est un  art sans censure et sans compromis, parfois ludique, souvent cynique, et quoiqu’il en soit hors des conventions. Dans un foisonnement visuel aux références tout azimuts, il aime à superposer les mondes, de la bande dessinée, de la peinture, du graphisme, de l’art brut et de l’art contemporain. Ses travaux sont autant de clashes esthétiques et culturels, dans lesquels s’entrechoquent les imageries populaires, le rock, le monde ouvrier, l’évocation du 3ème Reich, des calaveras à la mexicaine jusqu’aux tapisseries et aux napperons brodés au point de croix, dans un esprit finalement plus punk et décapant que  potache. Un monde singulier, cruel, politique, ou l’idiotie côtoie l’ironie de manière radicale avec un humour grinçant, refusant l’esprit de sérieux, les dogmatismes et les raccourcis idéologiques.

 

 Plasticien complet, Moolinex expérimente tous les médiums et tous les supports avec la même curiosité : typex, collages, découpages, peinture, dessin, assemblages, canevas, feutres, sculpture, peintures, canevas, collages… Musicien, il joue avec le groupe Magnétix. Moolinex navigue ainsi depuis plus de quinze ans dans les univers underground. Il a beaucoup travaillé avec des structures d'édition  indépendantes comme les Requins Marteaux ou Le Dernier Cri ou encore le collectif Ferraille dont il est un des membres fondateur. Moolinex développe depuis quelques années, à travers des carnets très singuliers, le concept bien personnel d' « Art Pute ». Il a été montré à Paris par le Regard Moderne et la galerie Arts Factory, mais aussi, entre autres à La Mauvaise Réputation (Bordeaux) et au Musée International des Arts Modestes, à Sète.

 

 

 

"SEULES LES PIERRES SONT INNOCENTES" - GALERIE TALMART - 22 Rue de Cloître St Merri- PAris 4ème -

DU 13 AVRIL AU 12 MAI 2012

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22 mars 2012 4 22 /03 /mars /2012 23:05

 

miroir

 

Vidéogramme "Minimal Action" - 2012

 

La Larcade Gallery présente, pour la première fois, un ensemble rétrospectif de l’artiste plasticienne française Luna, avec des œuvres, photographies et vidéos, de 2007 à aujourd’hui.

 

Si le travail de Luna s’inscrit résolument dans la filiation de femmes artistes engagées dans le double rapport au corps et à l’altérité, depuis Gina Pane – pour le geste performatif- jusque Sophie Calle – pour le jeu de la rencontre et les porosités entre réalité et fiction, images et textes-, en passant par la radicalité de Valie Export, et l’humanisme de Nan Goldin, elle enracine néanmoins son œuvre dans des questionnements jalonnant toute l’histoire de l’Art, et particulièrement depuis la Renaissance, tels que ceux liés à l’image et à la notion de représentation.

 

« 632- A picture of me », présente ainsi sous différents aspects et formats portraits et autoportraits, directs ou indirects, portraits chinois ou fantasmés, dans lesquels Luna croise différentes approches de cette question, récurrente dans son œuvre, de  la « représentation ».

Elle interprète alors la définition léonardienne de l’œuvre en « Cosa mentale », par laquelle l’artiste,  maîtresse de la représentation, introduit le spectateur dans le double espace ambiguë du réel et de la fiction. Dans ses photographies numériquement travaillées et étrangement picturales, Luna crée des réalités fictionnelles, ou des fictions réelles, lance des pistes, sème des indices, prépare ses plans, ménage les non-dits : un lieu, un lit défait, une attente, une femme dans un aéroport, une rencontre, les mots du désir, un regard…Au spectateur de produire les sous-textes, de reconstituer avec sa  propre histoire les supposés fictionnels. Glissements perpétuels entre ces deux dimensions, ses œuvres laissent toujours ouvertes les possibilités spéculatives et les perspectives. Chacune d’entre elle fonctionne comme une sorte de contemporaine « tavoletta  de Brunelleschi», un œilleton par lequel se rencontrent l’œuvre et la réalité, le construit et le visible, l’universel et l’intime.

 

Car si l’artiste se met en scène, faisant souvent d’elle-même le sujet de son œuvre, ce n’est pourtant pas « Luna » dans le miroir, silhouette gracile mise à distance par la picturalité de l’image. C’est une incarnation hors norme, un parti pris, une « persona », pour reprendre le mot de Jung,  assumée, ou retournée, une image d’un moi (a picture of me) sans Narcisse bien que reflet d’une femme, assurément…Alors l’image spéculaire, si nécessaire pour accéder à soi, se dérobe dans le miroir, s’ouvre à la rencontre de l’altérité, creuse son écart. Avec elle nous traversons le miroir et passons de l’autre côté, vers le spectacle de l’autre qui nous renvoie à nous même lorsque nous en contemplons l’image : puissance de l’identification, part d’identité invisible, celle du regardeur qui, dans l’ombre, dit ce qu’est l’œuvre, processus si bien décrit par Foucault: « c’est que peut-être, (…), l’invisibilité profonde de ce qu’on voit est solidaire de l’invisibilité de celui qui voit »*

 

C’est dans cette solidarité là, avec son incessible mystère et sa bienveillance, que nous accueille l’œuvre de Luna.

 

* Michel Foucault – Les mots et les choses, 1966 – Ed. NRF Gallimard –

 

 

Depuis 2009, la Larcade Gallery invite des artistes contemporains plasticiens, sculpteurs, peintres, designers, photographes, vidéastes à explorer avec elle le concept de « galerie environnementale ». Pour Céline-Héloise Larcade, directrice de la galerie, il s’agit de réfléchir  sur l’espace du vivant, non pas seulement celui de la nature, mais celui, habité, de la ville, de l’architecture, de la société et du monde, d’élargir le concept d’environnement à ses réelles dimensions historiques, politiques, sociétales, individuelles, pour une conscience écologique globalisante. A l’instar de la réflexion menée à la fin des années 90 par le philosophe français,Félix Guattari, la programmation de la Larcade Gallery s’articule donc autour de la notion d’ « écosophie »*. Aujourd’hui, avec Luna, la Larcade Gallery affine son concept et resserre sa programmation autour d’artistes permettant une programmation engagée et résistante face à ces problématiques plus que jamais contemporaines.

 

*Concept forgé par le philosophe norvégien Arne Naess en 1960, puis repris dans l’ouvrage de Félix Guattari dans l’ouvrage de référence « Les trois écologies », publié en 1989 aux Editions Galilée

 

 

Autour de l’exposition :

 

Soirée Vidéos – Samedi 26 mai, à partir de 18 heures – Présentation de plusieurs séries de vidéos produites entre 2007 et 2011

 

Soirée Littéraire – Samedi 30 juin, à partir de 18h –  Signature exceptionnelle de

Fabrice Gaignault  pour « L’eau noire » - Editions Stock  et  Marie L pour « 182 autoportraits en sous-sol » - Editions United Dead Artists

 

A cette occasion, sera présentée la nouvelle vidéo de Luna, « Tentative IV » - 2012, réalisée au Train Bleu, Gare de Lyon, Paris,  avec Fabrice Gaignault et Marie L.

 

 

 

« 632 -  A picture of me » - LUNA

Commissaire: Marie Deparis-Yafil

20 mai- 20 juillet 2012

LARCADE GALLERY – Environmental Art – 69 rue Quincampoix – 75003 Paris

(Métro Etienne Marcel ou Rambuteau)

Du mardi au samedi, de 13h à 19h – et sur rdv-

Tel. +33 (0)1 49 96 53 40 – Cel. +33 (0)6 73 97 07 17

info@larcadegallery.com

www.larcadegallery.com

 

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21 mars 2012 3 21 /03 /mars /2012 22:26

 

 

 

 

invitation-recto-1-.jpg

invitation verso

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 23:29

fatmigod-ok.jpg

 

Oeuvre présentée

« Dieu me pardonne » - Vidéo - 8 min 15, SD, 4/3, couleur, stéréo, 2001-2004, France,
Crédit photo: Studio Fatmi

Courtesy mounir fatmi et Galerie Eric Hussenot

 

 

Cette vidéo de mounir fatmi est réalisée à partir d'images télévisuelles enregistrées entre 2001 et 2004. Une grande partie de ces images ont été collectées au cours d'une résidence où les participants étaient invités à enregistrer leur zapping télévisuel sur les chaînes du monde entier. Un hadith, propos rapporté du prophète Mahomet, concernant la femme, sert de fil conducteur : "Le premier regard porté sur la femme est pour vous, le deuxième est pour le diable, le troisième est un crime."
 
Ici, est mis en jeu ce troisième regard, celui, coupable et d’une certaine manière complice, du voyeur que chacun devient  en s’habituant à la surenchère de violence télévisuelle, oubliant les drames réels qu’elle exhibe. Fasciné par la beauté du désastre, le spectateur-voyeur y trouve l’écho du monstre qui en chacun de nous sommeille, l’expression de cette « banalité du mal », pour reprendre le paradoxe d’Hannah Arendt, qui, loin des fondements des idéologies et des convictions profondes et libres, pousse au crime des hommes aussi ordinaires que lui. Fascination et reconnaissance.

 

Les images samplées, arrachées à leurs contextes, s’interpénètrent, s’entrechoquent, se phagocytent. Kaléidoscope de clichés du temps présent, elles offrent une vision endoscopique d’un monde en colère, une vision esthétique, et esthétisée, du pire. Images érotiques, images d’armes et de guerre, de prophètes et de terroristes, images abstraites comme des tableaux en mouvement, images d’armes et de catastrophes, de fuites et de dédoublements, de bourreaux et de victimes…dans le rythme effréné de ce magma d’images aperçues à la télévision, tout semble se valoir, sans enjeu ni profondeur, et tout semble catastrophique, du dérisoire au plus violent.

 

A cela mounir fatmi semble opposer une autre forme de relativisme, face aux religions, à la vérité, aux médias, à la portée de l’Histoire, au poids réel des destinées individuelles.

 

En même temps, il se dégage de Dieu me pardonne une certaine spiritualité radicale, l’idée d’un monde en bouillonnement physique et métaphysique, à la limite de l’implosion, pris dans un tourbillon dialectique dans laquelle la violence et le désir, la bonne volonté et le mal radical, confondent et dissolvent toutes les structures du monde.

 

 

"SEULES LES PIERRES SONT INNOCENTES" - GALERIE TALMART - 22 Rue de Cloître St Merri- PAris 4ème -

DU 13 AVRIL AU 12 MAI 2012

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