Vidéogramme "Minimal Action" - 2012
La Larcade Gallery présente, pour la première fois, un ensemble rétrospectif de l’artiste plasticienne française Luna, avec des œuvres, photographies et vidéos, de 2007 à aujourd’hui.
Si le travail de Luna s’inscrit résolument dans la filiation de femmes artistes engagées dans le double rapport au corps et à l’altérité, depuis Gina Pane – pour le geste performatif- jusque Sophie Calle – pour le jeu de la rencontre et les porosités entre réalité et fiction, images et textes-, en passant par la radicalité de Valie Export, et l’humanisme de Nan Goldin, elle enracine néanmoins son œuvre dans des questionnements jalonnant toute l’histoire de l’Art, et particulièrement depuis la Renaissance, tels que ceux liés à l’image et à la notion de représentation.
« 632- A picture of me », présente ainsi sous différents aspects et formats portraits et autoportraits, directs ou indirects, portraits chinois ou fantasmés, dans lesquels Luna croise différentes approches de cette question, récurrente dans son œuvre, de la « représentation ».
Elle interprète alors la définition léonardienne de l’œuvre en « Cosa mentale », par laquelle l’artiste, maîtresse de la représentation, introduit le spectateur dans le double espace ambiguë du réel et de la fiction. Dans ses photographies numériquement travaillées et étrangement picturales, Luna crée des réalités fictionnelles, ou des fictions réelles, lance des pistes, sème des indices, prépare ses plans, ménage les non-dits : un lieu, un lit défait, une attente, une femme dans un aéroport, une rencontre, les mots du désir, un regard…Au spectateur de produire les sous-textes, de reconstituer avec sa propre histoire les supposés fictionnels. Glissements perpétuels entre ces deux dimensions, ses œuvres laissent toujours ouvertes les possibilités spéculatives et les perspectives. Chacune d’entre elle fonctionne comme une sorte de contemporaine « tavoletta de Brunelleschi», un œilleton par lequel se rencontrent l’œuvre et la réalité, le construit et le visible, l’universel et l’intime.
Car si l’artiste se met en scène, faisant souvent d’elle-même le sujet de son œuvre, ce n’est pourtant pas « Luna » dans le miroir, silhouette gracile mise à distance par la picturalité de l’image. C’est une incarnation hors norme, un parti pris, une « persona », pour reprendre le mot de Jung, assumée, ou retournée, une image d’un moi (a picture of me) sans Narcisse bien que reflet d’une femme, assurément…Alors l’image spéculaire, si nécessaire pour accéder à soi, se dérobe dans le miroir, s’ouvre à la rencontre de l’altérité, creuse son écart. Avec elle nous traversons le miroir et passons de l’autre côté, vers le spectacle de l’autre qui nous renvoie à nous même lorsque nous en contemplons l’image : puissance de l’identification, part d’identité invisible, celle du regardeur qui, dans l’ombre, dit ce qu’est l’œuvre, processus si bien décrit par Foucault: « c’est que peut-être, (…), l’invisibilité profonde de ce qu’on voit est solidaire de l’invisibilité de celui qui voit »*
C’est dans cette solidarité là, avec son incessible mystère et sa bienveillance, que nous accueille l’œuvre de Luna.
* Michel Foucault – Les mots et les choses, 1966 – Ed. NRF Gallimard –
Depuis 2009, la Larcade Gallery invite des artistes contemporains plasticiens, sculpteurs, peintres, designers, photographes, vidéastes à explorer avec elle le concept de « galerie environnementale ». Pour Céline-Héloise Larcade, directrice de la galerie, il s’agit de réfléchir sur l’espace du vivant, non pas seulement celui de la nature, mais celui, habité, de la ville, de l’architecture, de la société et du monde, d’élargir le concept d’environnement à ses réelles dimensions historiques, politiques, sociétales, individuelles, pour une conscience écologique globalisante. A l’instar de la réflexion menée à la fin des années 90 par le philosophe français,Félix Guattari, la programmation de la Larcade Gallery s’articule donc autour de la notion d’ « écosophie »*. Aujourd’hui, avec Luna, la Larcade Gallery affine son concept et resserre sa programmation autour d’artistes permettant une programmation engagée et résistante face à ces problématiques plus que jamais contemporaines.
*Concept forgé par le philosophe norvégien Arne Naess en 1960, puis repris dans l’ouvrage de Félix Guattari dans l’ouvrage de référence « Les trois écologies », publié en 1989 aux Editions Galilée
Autour de l’exposition :
Soirée Vidéos – Samedi 26 mai, à partir de 18 heures – Présentation de plusieurs séries de vidéos produites entre 2007 et 2011
Soirée Littéraire – Samedi 30 juin, à partir de 18h – Signature exceptionnelle de
Fabrice Gaignault pour « L’eau noire » - Editions Stock et Marie L pour « 182 autoportraits en sous-sol » - Editions United Dead Artists
A cette occasion, sera présentée la nouvelle vidéo de Luna, « Tentative IV » - 2012, réalisée au Train Bleu, Gare de Lyon, Paris, avec Fabrice Gaignault et Marie L.
« 632 - A picture of me » - LUNA
Commissaire: Marie Deparis-Yafil
20 mai- 20 juillet 2012
LARCADE GALLERY – Environmental Art – 69 rue Quincampoix – 75003 Paris
(Métro Etienne Marcel ou Rambuteau)
Du mardi au samedi, de 13h à 19h – et sur rdv-
Tel. +33 (0)1 49 96 53 40 – Cel. +33 (0)6 73 97 07 17
info@larcadegallery.com
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