C'est avec une grand joie que j'ai pu obtenir le retirage de cette photographie, dont je connais l'existence depuis longtemps, de John Isaacs. c'est une partie moins connue du corpus de cet artiste anglais issu du groupe des Young British Artists, surtout renommé pour ses incroyables sculptures violemment critiques, que certains d'entre vous auront peut-être pu voir notamment à feu La Maison Rouge
Plus modeste mais tout aussi éclairante, "Voices fom the ID" est une photographie fascinante, qui sans doute fait écho à mon "aérodromophobie", que je maîtrise avec peine.
Voices from the ID - aeroplane – C-print sur Dibond, 01 / Ed. De 6 – 70 x 93 cm - 2001 – Courtesy l'artiste
John ISAACS
Voices from the ID - aeroplane – C-print sur Dibond, 01 / Ed. De 6 – 70 x 93 cm - 2001 – Courtesy l'artiste
Un avion saisi en plein vol, rappelant cette étrange vision d'immobilité que l'on peut souvent constater en levant les yeux vers le ciel mitryien. Une vision absurde, impossible, renforcée par celle, plus fantasmatique encore, de ces bagages ficelés sur la carlingue, comme sur le toit d'une voiture en partance pour quelque transhumance estivale.
Sans indice particulier pourtant, cette image a quelque chose d'inquiétant et d'inconfortable, comme la sensation d'un danger sournois; elle est à l'image de ce que John Isaacs souligne, au travers de ses œuvres, qu'il s'agisse de ses célèbres sculptures de chairs baveuses ou de ses photographies, de la société contemporaine, entre grandeur et décadence, perdue par ses excès. Son avion est l'équivalent d'un train fantôme sur fond de ciel bleu, dont on ne sait s'il atteindra jamais sa destination, surtout si elle est censée être paradiasiaque.
John Isaacs s'inscrit dans la lignée des artistes Young British Artists (Damien Hirst ou les Frères Chapman). Son travail, connu pour ses impressionnantes sculptures de chairs, réalisées en cire à la manière des écorchés du XVIIe siècle, explore la manière dont nous percevons notre monde, et la manière dont il existe réellement, nourrie par nos désillusions de consommateurs, mais vouée à l’effondrement face à une réalité reniée. Depuis 1990, Isaacs produit des œuvres majeures qui ont été exposées dans de nombreuses institutions de renommée internationale (Exposition Young British Artists 6 chez Saatchi Londres (1993)), «Century City» à la Tate Modern, «Minimal Maximal» au Musée National de Kyoto (2001), il a également fait l'objet d'une exposition à la Maison Rouge, à Paris.
Né en 1968 à Lancaster (R-U), il vit et travaille entre Londres et Berlin.
Merci à John Isaacs pour son enthousiame!