L'amour filial, toujours....
Ensemble de 5 photographies tirées de la série Maison de famille, 2012 – 30 x 40 chaque, encadré – Tirage sur papier baryté Hahnemühle Photo Rag Baryta
Ecouter Nathalie Déposé dans une interview sur "Maison de famille" réalisée par Alexandra Negler
Ensemble de 5 photographies tirées de la série Maison de famille, 2012 – 30 x 40 chaque, encadré – Tirage sur papier baryté Hahnemühle Photo Rag Baryta
A l'ombre d'Eros, lorsque la vie se retire, il reste la mémoire et les souvenirs, que supportent et matérialisent les lieux, les objets, qui furent quotidien heureux et aimé un jour. Le travail délicat de Nathalie Déposé exprime ce moment intermédiaire où la vie n'est plus mais où la mort, si tant est que le souvenir lui résiste, n'a pas encore complètement gagné la bataille de l'oubli. Elle photographie les traces de vie, “ce qui reste”, si fragile...La maison est presque vide -quelques meubles encore à débarrasser, un coup de peinture sur les traces laissées par les objets trop longtemps accrochés au mur-, bientôt vendue, et d'autres vies s'empareront du lieu...
« Les gens heureux n’ont pas d’histoire », dit l’adage, variation de la célèbre phrase de Rousseau, exprimant l’idée que le récit historique ne s’intéresse qu’aux temps de guerres et de violences, négligeant les temps de paix et d'amour comme « temps morts » de l’Histoire.
Contre-pied de cette assertion coutumière, le travail de Nathalie Déposé, artiste française dont la famille est «sans histoire » parvient à inscrire dans des images contenues, presque minimalistes, toute l'émotion au souvenir de ce qui fut ici vécu, et la puissance de son histoire, de toutes les histoires de famille, de toutes les volontés de transmission et de quêtes d’identité.
Elle écrit : «Au printemps 2012, je suis retournée dans la maison de mes grands-parents qui allait être vendue. Confrontée à cet espace en devenir, dont la transformation était déjà visible, je me suis demandée comment conserver cette part d’héritage et la transmettre à mon tour. J'ai commencé alors un travail de mémoire avec ce qui restait à ma disposition : une maison, quelques meubles...» En réalité, sans doute seuls les gens sont sans mémoire n’ont pas d’histoire.
Maison de famille est désormais le premier volet d'une trilogie consacrée à la mémoire et à la famille. Dans le 2ème volet l'artiste reprend le geste arrêté de sa grand-mère, présent dans une des photographie de Maison de famille (non présentée ici), en demandant aux femmes de sa famille de se réapproprier ce geste. Dans le 3ème volet, Frontière (travail en cours), elle repart sur les traces de son grand-père, qui a traversé seul la frontière à l’âge de 10 ans, pour fuir l’Espagne et la misère. A sa mort plus personne n’avait la même version de cette histoire. Ellle a alors entrepris de refaire son trajet et a introduit dans ces paysages tourmentés des photos qu'elle a réinterprété, de moments heureux passés en France et qu’il avait conservé précieusement.
Après avoir étudié la littérature et l’histoire de l’art, Nathalie Déposé entre à l’ESEC, école de cinéma. Depuis 2005, elle est assistante mise en scène au cinéma. Elle a notamment travaillé avec Gilles Marchand, Bertrand Bonello et Alain Resnais. “Le cinéma a formé mon regard, la photographie l'a libéré.” dit-elle pour expliquer la relation entre son métier de réalisatrice et celui de photographe. Après une formation à l’école des Gobelins en photographie, elle est aujourd’hui une artiste émergente, déjà primée au concours international de photographie de la Ville de Paris.