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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 00:41

Dans le sport, comme dans le milieu de l’art d’ailleurs, la notion de compétition est essentielle. Même si on affirme, pour rester sportif, que « l’important est de participer », à l’instar de Pierre de Coubertin, la réalité du monde sportif reproduit les relations naturelles et sociales de l’homme avec son semblable : un rapport de force à l’issue de laquelle il y aura un vainqueur…et un vaincu. Métaphore de la condition sociale, le sport s’inscrit sur le même modèle darwinien, où le dépassement de soi est corrélatif de l’idée qu’il faut être le meilleur pour survivre…

 

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casque-02.jpgIssu d’une série réalisée par Dominique Dubois autour de la feuille de thé, ce casque de football américain recouvert de ces feuilles offre d’emblée le contraste entre un objet symbolique d’un sport intense et athlétique, et ce que suggère l’univers du thé : calme et sérénité.

Ces feuilles de thé présentent une similitude évidente avec des feuilles de laurier. L’image pourrait alors faire référence à la quête de gloire et de succès – le casque se faisant couronne de lauriers- et par extension, à la dimension « Jeux du stade » et du spectacle que représente le football américain. Les pratiquants de ce sport, à la fois le plus populaire aux Etats-Unis et sans doute un des plus violents, sont parfois perçus comme des néo-gladiateurs, le stade du championnat américain Superbowl étant l’arène ultime.

Derrière ce premier niveau de lecture se dessine un autre paradoxe, entre la raison d’être du casque – protéger efficacement de chocs qui peuvent être brutaux - et la fragilité apparente et réelle de cette protection végétale. Non sans humour, l’artiste souligne, par ce travail sur les opposés et l’absurde, la radicalité des forces en opposition, entre le règne de la force humaine et celui de la nature. Il se peut que, d’une certaine manière, ce casque qui est habilité à protéger des hommes d’autres hommes, soit un moyen de se mêler à la nature, une sorte de casque de camouflage, fuyant la brutalité du sport pour une nature plus paisible et bienveillante.

 

Dominique Dubois est photographe de studio depuis de nombreuses années dans l’univers du luxe et de la décoration. Sa parfaite maîtrise de l’image, de la lumière, du cadre, lui permettent, dans son travail personnel,  souvent tourné vers des paysages réels, d’exprimer sa « volonté d’écrire avec la lumière et de prendre le monde extérieur comme un vaste studio ». Il travaille ainsi la lumière naturelle dans son aspect le plus proche de la lumière artificielle : une rue, une carrière, un chantier, un échangeur autoroutier deviennent objet, le théâtre dans lequel chacun peut projeter ses propres émotions. La photographie est souvent pour lui un moyen de s’approprier et de ré-esthétiser des lieux d’entre-deux, des zones entre villes et campagnes, sous valorisées et vides de présence humaine, laissées à l’abandon ou en cours de transformation. Au travers d’un travail numérique de recomposition, de découpage et d’aplats de couleurs désaturées, Dominique Dubois cherche à recréer le lieu, à le redéfinir, créant un univers parfois à la frontière entre poésie, dramatique et irréel. "

 

(Texte extrait du catalogue de l'exposition)

 

 

Photo: courtesy Dominique Dubois

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