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1 septembre 2014 1 01 /09 /septembre /2014 11:58

Traditionnelle exposition de rentrée chez Franck et Fils, le petit grand magasin très chic de la Rue de Passy, qui accueille régulièremment des expositions de jeunes artistes (je me souviens y avoir vu Anne-Flore Cabanis, que j'ai exposé dans le cadre des "Jardins en Métamorphose" à Thiais).

cette année, c'est la jeune artiste Arièle Rozowy qui y montre ses tableaux entre cinétique et art minimal

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A cette occasion, j'ai rédigé un petit texte pour Arièle:

Arièle Rozowy est une « jeune » artiste, non pas tant sur le plan biographique – elle débute avec son activité artistique une « seconde vie » - mais parce qu’elle porte en elle toute la fraicheur et le dynamisme d’un regard neuf sur une pratique qu’elle découvre et expérimente depuis peu, avec tous les espoirs et les évolutions possibles d’un travail en émergence.

Pour l’heure, le travail très graphique qu’elle produit est une découverte, pour elle comme pour celui qui regarde l’œuvre, car il est pour elle le résultat d’une succession de hasards, d’intuitions, et pour celui qui regarde, une expérience visuelle sans cesse renouvelée.

Les œuvres d’Arièle Rozowy, sous le titre générique d’ « Elusive Circles », convoquent au premier regard tout un pan de l’histoire de l’art, de l’abstraction géométrique à l’op art ou à l’art cinétique.

On y retrouve la pureté graphique de l’abstraction géométrique, dans l’appel aux formes primaires – le cercle, la croix – et à un usage minimal mais puissant des couleurs vives. On y reconnait aussi quelque chose de l’art optique et cinétique, dans les jeux de perception visuelle qu’elle produit – jeux davantage qu’illusions- par lesquels l’œil du spectateur se fait en quelque sorte moteur de l’œuvre. Car, à l’instar du mouvement cinétique, qui fut pionnier en la matière, c’est bien le corps du spectateur, tant dans sa capacité visuelle que dans son propre mouvement qui est d’abord sollicité, au cœur du dispositif. L’art cinétique, on le sait, puisa ses influences, parmi d’autres mouvements, dans l’orphisme. Et c’est aussi à l’orphisme, art de la couleur et de la lumière, que l’on pense en regardant une œuvre de Rozowy , qui, un peu à la manière de Delaunay, offre à l’œil l’occasion de « retrouver son innocence », cette langue primitive qu’est la couleur, qui, dit encore Delaunay s’enracine dans « l’essence lumineuse » du monde.*

Cependant, si ces références historiques certes contextualisent son œuvre, l’artiste ajoute indéniablement la plus-value d’une manière très personnelle d’en appeler au mouvement, à la couleur et la lumière au cœur de l’œuvre.

Car les « tableaux » d’Arièle Rozowy s’inscrivent dans une perspective s’ouvrant au-delà de la peinture, portant en eux de manière intrinsèque une dimension sinon sculpturale, du moins dépassant le système du plan surface, par la simple perspective du « double plan » -celui du mur et celui du tableau- qui l’un et l’autre conjointement forment œuvre, plan dédoublé auquel il faut adjoindre une troisième dimension qui est celle de la lumière, et une quatrième dimension, celle du mouvement de l’observateur.

C’est donc à une expérience inédite et complète sur le plan perceptif qu’invite l’artiste. Effets de profondeurs, jeux de  perspectives subtils, d’ombres insaisissables, d’auras changeantes: Arièle Rozowy introduit ainsi une forme de magie mouvante et instable, jouant sur notre perception  de manière étonnante au regard de l’efficace simplicité du procédé plastique. Une plaque de métal évidée de cercles identiques, qui pourrait passer pour un hommage à Niele Toroni si d’autres éléments plastiques ne venaient le contredire, les étoiles de couleur vive, comme des points de convergence du regard, une oeuvre comme en apesanteur devant le mur, seconde surface qui la supporte et la complète, et c’est alors que les effets optiques surgissent.

Plus complexes qu’ils n’y paraissent, les « Elusive Circles » multiplient les paramètres de perception, ouvrant un hypnotique champ des possibles. Ainsi sommes-nous happés au cœur d’une œuvre qui ne se laisse pas appréhender au premier regard, jamais tout à fait la même selon l’heure du jour et la lumière du temps, ni même selon le mouvement induit par son spectateur, en un permanent et réjouissant spectacle, devant lequel on passe de l’enfantin étonnement à la sereine contemplation du mouvement des matières dont le monde est fait.

* Robert Delaunay. De l’impressionnisme à l’abstraction, 1906-1914, éditions du Centre Pompidou, 1999, p.167).

 

"Elusive circles- Arièle Rozowy

Chez Franck et Fils, Galerie Franck et Fils

A partir du 26 aout 2014

vernissage jeudi 4 septembre

80 rue de Passy, Paris 16e

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