Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
4 décembre 2013 3 04 /12 /décembre /2013 23:41

Objet psychanalytique par excellence, dans sa dimension autobiographique, le lit d'Yveline Tropéa trône au milieu de cette seconde salle de de l'exposition.

 

7.jpg

 

 

« Ma couche »

Lit, tissu damassé, broderies, perles, 190 x 90 x 120, 2010

Courtesy l’artiste et School Gallery/Olivier Castaing, Paris

 

Un sublime lit de jeune fille trône au milieu d’une des salles de l’Hôtel Marron de Meillonnas. D’un style baroque presque rococo, avec la fantaisie de ses lignes courbes, ses teintes pures de blanc et d’ivoire, il est entièrement travaillé de perles et de broderies riches et délicates. Sur les montants, la tête et le pied du lit, on peut admirer des scènes d’inspiration clairement religieuses, résonnant avec le travail que l’artiste a consacré, en 2010, à la figure de la madone.

Mais si, au premier regard, ce lit, qui fut son lit de petite fille, semble être la couche d’une jeune vierge, lieu d’innocence et de pureté, dans le sommeil et la chasteté, des éléments iconographiques nous renvoient d’emblée vers des zones d’ombres. De sa pureté initiale, le lit peut se faire lieu de la trahison, de l’adultère, du mensonge…

L’artiste le vit alors comme une « empreinte de mémoire » : le temps passé, le rêve, les espoirs, la vie, mais aussi la désillusion, les amours égarées, la colère... Il est enfin premier et dernier lieu de vie.

Peu de pièces usuelles de mobilier sont si chargés émotionnellement et symboliquement. A la recherche d’une innocence perdue, cet hôtel, magnifié et en quelque sorte « sacralisé », tient lieu d’autel.

 

Le travail de Yveline Tropéa pourrait se définir comme une tentative d’en sublimer la dimension autobiographique, et en particulier les tourments de la vie intime du corps, dans sa précarité et sa fragilité, par une réappropriation esthétique et fantasmatique de sa représentation. Têtes brodées, planches anatomiques, tableaux allégoriques, vanités, madones, toutes ses œuvres sont sous-tendues de son histoire personnelle, et de la question de la représentation de soi. Sur le motif de la fugacité de la vie, Yveline Tropéa opère un vaste syncrétisme, croisant antiques « Memento Mori » et vanités chères à la peinture classique. Ainsi, certaines scènes brodées rassemblent dans un joyeux fouillis un carnaval de squelettes, d'animaux et de fleurs, inspirées des gravures de la fin du 17e siècle du Thesaurus Anatomicus Primus de Frederic Ruysch, rappelant aussi les calaveras de Posada dans cette « nécessité poétique » de maintenir la conscience de la finitude au cœur de l'existence. Ses autoportraits, dans lesquels elle arbore les coiffures les plus extravagantes, compositions délirantes façon Marie-Antoinette, offrent, dans la profusion rococo des motifs et des couleurs, une manifestation de la plus absolue frivolité contre la plus certaine vacuité, du jeu contre le sérieux de la vie, de la démesure contre la misère. Se dévoile en arrière-fonds ce que l'artiste appelle « la dureté de la vie », et le désenchantement, qui n'épargne personne.

L’artiste, dont l’enfance fut baignée dans une sorte de « christianisme à l’italienne », est sensible aux représentations religieuses. Elle leur emprunte quelque chose d’une quête d’éternité.

Toutes ses œuvres brodées, à la main, sont réalisées dans un atelier que l’artiste a monté, au Burkina Faso, où elle réside.

 

(texte extrait du catalogue, parution à l'occasion de l'exposition)

 

 

 

"Au-delà de mes rêves" - Du 26 octobre au 23 février 2013

 

Commissariat: Marie Deparis-Yafil et commissariat général: Fabrice Bassemon et Magali Briat-Philippe

 

 

 

H2M - Espace d'Art Contemporain

 

Hotel Marron de Meillonnas

 

5 rue Teynière

 

01000 Bourg-en-Bresse

 

Exposition ouverte du mercredi au dimanche de 13h à 18h

 

Entrée libre

 

 

 

et

 

 

 

Monastère royal de Brou

 

63 boulevard de Brou

 

01000 Bourg-en-Bresse

 

Exposition ouverte tous les jours de 9h à 12h et de 14h à 17h

 

Entrée payante

 

 

 

Catalogue de l'exposition disponible aux boutiques du Monastère et sur demande par correspondance.

 

(sauf 1er novembre, 25 décembre et 1er janvier)

 

 

 

Exposition labellisée Résonance de la Biennale de Lyon 2013

 

 

 

Avec le soutien de:

 

Ministère de la Culture, Région Rhônes-Alpes, Conseil Général de l'Ain

 

En partenariat média avec Télérama

 

 

 

Sur une initiative de

 

Musée de France, Ville de Bourg-en-Bresse / Chemins de la Culture, Centre des Monuments Nationaux

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Recherche

Liens