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10 janvier 2016 7 10 /01 /janvier /2016 23:46
Rose à l'Enfant – Gisants – Technique mixte – 2015 – Oeuvre réalisée avec l'aide à la création artistique du conseil général de l'Ain

Rose à l'Enfant – Gisants – Technique mixte – 2015 – Oeuvre réalisée avec l'aide à la création artistique du conseil général de l'Ain

Réalisée spécialement pour l'exposition, cette impressionnante installation de Julie Legrand est un défi artistique et physique, une véritable performance. Elle est aussi, et surtout, une variante de « Rose », installation au gisant, hommage à la grand-mère couturière de l'artiste, et dont elle rend le corps au paysage, un paysage de fils multicolores.

Julie Legrand explique :

« Rose est née d'une vision. Un corps sous un drap. Un paysage, des montagnes qui émergent...Et d'un geste. Débobiner, laisser couler, laisser s'écouler du fil à coudre au sol. Oser le gâcher. Prendre plaisir à l'envahissement de la couleur qui de strates en strates, comme un glacis, se densifie. »

Ici, pour la première fois, ce sont trois sarcophages de miroirs, transformant par leurs reflets la vision de cette salle historique, sur et entre lesquels l'artiste débobine des kilomètres de fils, matériau proliférant, insufflant couleurs et formes devenant vivaces par contraste des parallélépipèdes glacés presque minimalistes.

Cette œuvre transcende la notion de vanité. Elle est, pour reprendre le terme de Gérard Wajcman*, une tentative de « transsubstantiation », du corps en fils, du fil en paysage, de la mort en vie...faisant de ces « sépulcres miroitants » couverts de ces flamboyants écheveaux de fils d'éclatants et provisoires adieux.

 

Julie Legrand transforme la matière des objets, dans un travail de mise en réseau visuel et physique, de mise en tension des matériaux, dans leurs contrastes dynamiques.« Un certain rapport entre immobilisme et mouvement anime mes installations qui, pour la plupart, si elles ne bougent pas, sont en tension, pèsent, poussent, serrent, relient, s'ecoulent, s'épanchent, s'attirent, s'aimantent. », écrit l'artiste.

En dehors du fil, le verre est devenu son matériau de prédilection: "J’apprécie le verre pour son caractère malléable et vivant, la puissance et la subtilité des couleurs qu’il peut prendre, et la multiplicité des formes qu’on lui donne (...)… Il peut tour à tour être surface ou contenant, se faire tactile ou nous mettre à distance, nous protéger ou nous agresser…" Mais elle travaille aussi avec des matériaux aussi divers que l'éponge, la pierre, la brique, le cuivre à graver, le pneu ou, plus insolite, des mouches, des plumes de pigeons ou des bulles de savon. Avec toujours cette dimension d'"élan vital", de surgissement, de survivance. « La mise en regard des multiples éléments qui composent mes pièces, qu’elles soient en verre ou non, crée des systèmes de relations, des glissements mouvants, où l’unité apparaît dans le dialogue du nombre. A partir de collectes, de gestes sériels, de multiples accumulés, j’organise par strates ou par juxtapositions… la vie mouvante et mobile de familles d’individus, mus ou agis par une sorte de désir impérieux, volontaire et têtu. » Julie Legrand, née en 1973, produit dessins, installations et sculptures depuis 1996. Elle vit et travaille entre Paris et St Quentin dans l'Aisne.

*D'après Gérard Wajcman - Catalogue Festival Icastica, Italie, Juin 2014

 

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